Dans le règne animal, nous savons aujourd’hui que la dominance au niveau des espèces est allée vers la catégorie des mammifères qui malgré les différents événements ont su s’adapter, évoluer, survivre et maintenant sont au sommet de la chaine alimentaire avec l’espèce « Homo Sapiens ». Mais pouvez-vous imaginer si les insectes avaient pu dominer les autres espèces ou alors les amphibiens… que serions-nous devenu ? Existerions-nous seulement ? Sans l’humain, quelles espèces domineraient le monde connu ? Des questions très intéressantes que nous pouvons nous poser mais pour lesquelles seuls des scientifiques ou amateurs de science-fiction ou d’uchronisme pourraient nous répondre… Ou peut-être alors si on travaillait sur les bases de cette survie et dominances en mettant 6 personnes autour d’une table et qu’on se servait de ce résultat pour imaginer ce monde ? Qu’écririons-nous ?
Nous sommes en 90’000 avant JC. à l’aube d’une grande ère Glaciaire où une lutte titanesque à commencé entre les espèces animales pour la suprématie mondiale… L’évolution est une chose qui fascine les gens. Cette façon dont les organismes se sont adaptés à travers les âges dans le seul but de survivre est impressionnant ! En fait Chad Jensen (Welcome to Centerville) a voulu au travers de son jeu Dominant Species, nous raconter et faire vivre l’évolution de catégories d’animaux avant l’ère glaciaire… Et comme le sujet est hyper excitant, (NDLR : parole de Sheldon Cooper), on vous en parle !
Le titre prévu pour 2 à 6 joueurs recrée de manière abstraite une partie de l’histoire ancienne et vous propulse à la tête d’une catégorie animalière (insectes, oiseaux, mammifères…) pour vous pousser d’un état d’équilibre naturel entre ces différentes catégories à celui d’une lutte pour la dominance et la survie du plus apte.
Ce jeu édité chez GMT Games en est à sa 5è réédition (en 2016), mais sa première version a vu le jour en 2010. Comptez 2 à 4 heures de jeu pour une partie et ses mécanismes sont un mix entre la pose d’ouvriers et du 4X. Une édition française a été proposée en 2014 grâce à l’ancien éditeur canadien Filosofia. Cette version française est basée sur la 4ème édition du jeu. C’est donc de cette version que nous vous parlerons dans cet article.
Il ne faut pas non plus oublier qu’il a été vainqueur en 2011 des prestigieux prix : « Golden Geek Board Game of the Year » ainsi que « Golden Geek Strategy Board Game ». Bravo monsieur Jensen pour ce jeu qui truste toujours la 51è place au classement Board Game Geek.
C’est la p’tite bête qui monte, qui monte…
Le but du jeu de Dominant Species est d’avoir l’espèce dominante. Bon d’accord, nous venons de traduire le titre mais cela signifie d’avoir le plus de points de victoire en fin de partie. Pour désigner l’espèce vainqueur, vous allez devoir jouer une succession de tours jusqu’à ce que l’ère glaciaire débute.
Voyons plus en détails le déroulement d’un tour de jeu. Ce dernier est composé de plusieurs phases qui sont une phase de planification où les joueurs placent chacun leur tour leurs pions d’action sur les actions disponibles. La seconde phase est la phase d’actions. Elle est au cœur du jeu et sera exécutée dans l’ordre précis indiqué sur le plateau. Lors d’une action, le joueur dont le pion d’action est sur l’action en cours, récupère ce dernier puis effectue l’action correspondante à son placement. Enfin, survient la dernière phase du tour et la phase d’ajustement. Dans cette dernière phase vous ferez disparaitre les espèces en voie d’extinction et un joueur pourra réclamer la carte survie lui faisant gagner des points de victoire.
Ce qu’il faut savoir c’est que vos espèces vont exister, explorer, se déplacer, prendre possession de territoires et surtout chercher à survivre. Pour survivre il faut que ces espèces trouvent sur le territoire sur lequel elles sont, les éléments d’alimentation nécessaire à leur survie (insectes, herbe, viande…). Cependant vous pourrez tout de même faire évoluer vos animaux de façon à s’adapter à d’autres sources d’alimentation ou encore permettre à ces éléments d’arriver sur des territoires sur lesquels ils ne sont pas présents… En fait vous êtes une bande de dieux jouant avec ces malheureux animaux ! Bande de sadique ! Lorsqu’une espèce ne peut pas survivre sur un territoire alors elle est en voie d’extinction et si cela se passe durant la phase d’ajustement alors elle disparait.
Nous pourrions écrire des centaines de lignes sur toutes les spécificités ainsi qu’expliquer la règle mais avec ces informations nous avons quand même l’essentiel… A savoir tout de même que systématiquement vous devrez recalculer la dominance sur chaque territoire, celle représentée par votre capacité à vous adapter ainsi que votre nombre d’espèces sur un territoire peut vous faire gagner des points de victoire durant la partie.
Winter is coming
La première chose qui a frappé notre espèce animale, c’est la découverte du poids de la boîte de Dominant Species ! En effet, en ouvrant on croule sous beaucoup de pièces de bois, d’hexagones en carton, quelques cartes, un plateau de jeu n’attendant que de recevoir ses hexagones de terrain ainsi que des jetons en carton et un sac de tissu. Cela sans compter bien sûr la règle ainsi que des plateaux individuels. Il y a donc du matériel et de qualité très correct. L’illustration sur la boîte nous fait vraiment rentrer dans le thème, on y aperçoit même les 6 catégories animalières du jeu, et nous imaginons bien une lutte pour la survie des espèces. Au niveau du matériel, les illustrations des cartes sont jolies, l’iconographie sur le plateau est assez lisible et compréhensible. Une chose appréciable également comme souvent dans les jeux de Chad Jensen, sur les plateaux joueurs se trouvent un résumé des règles et honnêtement on adore !
Dominant Species fait partie de ces jeux qui voient les mécanismes se construire autour de son thème. Lorsqu’on y joue, on ressent vraiment la lutte avec les autres catégories d’animaux afin de survivre un maximum de temps et on se trouve même à espérer que l’ère glaciaire n’arrive jamais afin que nos espèces continuent de se développer et de proliférer. On s’attache à notre espèce animale et le jeu nous emmène vraiment dans le passé et nous pousse à vouloir réécrire cette partie de l’Histoire.
Malgré la complexité réelle du jeu, surtout pour arriver à gagner, ses règles sont très simples. Elles sont également bien écrites, facilement compréhensibles et faciles à expliquer. Il y a des exemples, des illustrations du jeu, des définitions précises des différents concepts à bien intégrer comme la « concordance des éléments » ou la « dominance ». Est également présent en fin de règles, un lexique décrivant toutes les cartes. C’est un modèle de règle qu’on aimerait bien retrouver dans tous les jeux. De plus, le fait d’avoir une aide de jeux sur les plateaux joueur est le petit truc en plus qui permet d’apprécier d’avantage cet opus.
Étonnamment et plutôt de façon positive, la mise en place du jeu est très simple et bien guidée. Malgré le fait que la durée de la partie peut être longue, l’intérêt est que le jeu s’installe facilement et comme nous l’avons signifié un peu avant, s’explique assez aisément donc nous pouvons rapidement commencer notre partie. N’est-ce pas une bonne chose ?
De plus, la prise en main du jeu se fait aisément, le plus difficile en fait c’est de trouver une stratégie, une ligne directrice pour votre partie car il y a beaucoup d’actions de disponibles et nous avons peu de points d’action utilisables par tour. De quoi quand même se faire des nœuds au cerveau. Mais entre nous c’est ce qu’on recherche tout de même avec ce genre de jeu.
Dominant Species est donc un jeu de type 4X (plus besoin de vous expliquer) qui est dirigé par un placement d’ouvriers. Ses mécanismes sont complexes car en plus de cela il y a les principes de dominance qui représentent une mécanique de majorité calculée par rapport à l’adaptation des espèces sur le territoire où elles sont placées. Vous nous suivez toujours ? Par ailleurs, nous avons deux mécaniques de scoring, une qui dépend du placement des nouveaux territoires (exploration) ainsi que l’avancée de la toundra. Cette mécanique nous fait glaner des points de victoire selon le placement des nouvelles tuiles par rapport à celles existantes. L’autre mécanisme de scoring est activable par action et le joueur déclenchant cette action peut activer un comptage de point sur un territoire en rapport au nombre d’espèces présentes sur ce dernier. Toute la complexité du jeu ainsi que son intérêt vient de ses mécaniques qui mises ensemble fonctionnent vraiment bien.
Toute l’originalité de Dominant Species vient du thème ainsi que de l’ensemble des mécanismes assemblés. Au niveau des sensations de jeu, Dominant Species est un jeu assez fluide, on n’attend pas longtemps avant de rejouer et lors du tour d’un joueur on reste continuellement impliqué surtout pour analyser si sur un territoire on ne récupère pas la dominance ou si une de nos espèces n’est pas en voie de disparition.
Il y a également une forte interaction entre les joueurs, même si ce n’est pas un jeu d’affrontement, on passe notre temps à surveiller les actions des autres et à tenter de les anticiper. La recherche d’une stratégie à long terme est très difficile et dépend grandement des actions des autres joueurs. Cela nous demande d’être constamment à l’affût et de pouvoir s’adapter aux autres.
Dominant Species offre également une très grande rejouabilité. Cela grâce aux différences qu’apportent les 6 catégories d’animaux disponibles mais également à cause des interactions et de l’aléatoire pour la génération d’éléments d’alimentation. Ainsi, le plaisir ne s’atténue pas au gré des parties.
En ce qui concerne le format du jeu, il est vraiment complet entre 4 et 6 joueurs car il faut de l’interaction entre les espèces afin que ce dernier fonctionne bien. Cependant, dans la règle est prévue une variante pour 2 et 3 joueurs permettant à ces derniers de jouer plusieurs catégories d’animaux. Une variante solitaire non officielle est disponible en anglais sur Board Game Geek. Et une traduction en français de cette variante est en cours par votre serviteur… Dans cette variante solitaire vous prendrez le contrôle d’une catégorie d’animaux et tenterez de remporter la victoire face à un automate contrôlant quant à lui les cinq autres. La lutte sera dure !
Dominant Species est donc un jeu très complet, simple d’accès mais dense et complexe dans la jouabilité. C’est un jeu qui trouve toujours son succès lorsqu’on souhaite organiser une grosse table de jeu et passer du temps à réfléchir, développer et affronter les autres joueurs.
On ressent dans ce titre de Chad Jensen son passif dans les wargames, même si l’affrontement entre les espèces n’est pas direct ou sauvage. Et il y a beaucoup de tactique, d’anticipation à avoir afin de ne pas subir la domination des autres catégories d’animaux.
GMT se mouille pour Dominant Species
En ce moment, est en cours une précommande participative sur le site de GMT en P500, une suite au jeu : Dominant Species : Marine.
Dans cette suite, nous sommes un peu plus tard dans l’évolution des espèces, à la fin de l’ère glaciaire et nous allons chercher à faire s’adapter et survivre des créatures plutôt aquatiques (reptiles, poissons, céphalopodes et crustacés) durant un réchauffement climatique. Cependant, un danger rôde, l’arrivée imminente d’un large astéroïde…
Ce nouvel opus est très semblable à l’existant si ce n’est que la thématique change ainsi que les actions liées sont un peu différentes. Mais la grande nouveauté est l’arrivée d’événements qui accompagneront la partie : des évènements d’extinctions, de survie ainsi que de réensemencement.
Pour l’heure (novembre 2018), le projet est pratiquement débloqué avec 460 précommandes sur les 500 requises pour lancer l’édition. Il semble tout de même que cet opus sera plus accessible pour les fans du premier souhaitant avoir des sensations de jeu différentes ou pour des personnes qui hésiteront entre l’un et l’autre. Cela dit, nous sommes très impatients de le voir partir en production et traverser l’atlantique pour arriver dans nos foyers, même si une version française ne verra probablement pas le jour, en version officielle tout du moins. Encore une campagne à suivre…
Maintenant, à vous de vous forger votre propre avis.
La page du jeu chez l’éditeur (en anglais)
La page du spin off chez l’éditeur (en anglais) en précommande participative
Rédacteur de l’article : Sylvain
Informations destinées aux personnes avec un handicap
En complément à nos articles, nous transmettons ci-dessous des précisions destinées aux personnes présentant une atteinte à la santé (visuelle, auditive ou déficience intellectuelle) :
– Ce jeu demande une bonne capacité de réflexion et semble peu compatible avec une déficience intellectuelle.
– Ce jeu présente une règle complexe et semble peu compatible avec une déficience intellectuelle.
– Ce jeu semble ne présenter aucune autre limitation particulière.