Accueil > Articles > Catégorie d'age > Moins de 8 ans > Toutilix, le jeu en lettres capitales

Toutilix, le jeu en lettres capitales

par jeudeclick
Publié : Dernière mise à jour le 362 vues 20 minutes de lecture
Toutilix, le jeu en lettres capitales

Le jeu de société a l’avantage de s’adresser à tous types de gens, tous types de cultures ou même de classe sociale. Et forcément, il y a donc aussi tous types de jeux… Des jeux qui racontent des histoires, des jeux pour initier les tous petits, des jeux avec des dés, des jeux avec de belles figurines ou encore des jeux où il faut collecter et échanger des ressources. Et il y a aussi les jeux de cartes et les jeux avec des lettres ! Et… même des jeux de cartes avec des lettres sur les cartes ! Et justement, Toutilix en est un digne représentant.

C’est la première fois pour Jeudéclick, que nous vous parlons d’un jeu où les lettres se retrouvent au centre de la thématique. Et c’est aussi la première fois que nous évoquons une toute petite boîte de jeu qui rassemble en son contenu, un total de trente-cinq jeux !

110 cartes pour 35 jeux

Toutilix c’est un gros deck de 110 cartes avec des lettres, des alphabets, des étoiles mais aussi des petits personnages (les Toutilix). Un feuillet accompagne le packaging et propose donc trente-cinq références pouvant être jouées avec les différentes cartes contenues dans la boîte. L’idée est originale et s’adresse à des joueurs âgés de cinq ans, jusqu’à un public adulte, voir même expert.

Tous les jeux de la boîte

Tous les jeux ont la particularité de nous proposer un amusement avec les lettres. 14 adaptations de jeux mais aussi 21 jeux originaux sont au programme. Pour les plus jeunes, un jeu des sept familles, un « Lotolix » ou un « Memorix ». Un « Ramilix » nous fera former des suites de lettres. Tandis qu’un « Spiralix » aura pour but de proposer aux joueurs de trouver des mots à partir de deux lettres. Etc.

Des références riches et variées

Il y en a vraiment pour tous les goûts et le principal reste de s’amuser avec les lettres. On aurait presque envie de dire « apprendre » en s’amusant, mais si cela s’applique peut-être aux jeux destinés aux plus jeunes, il n’en est rien pour les autres titres. Casse-têtes, jeux de mémoire, de réflexion, du bluff, du stop ou encore, des enchères… c’est bien l’amusement qui est au centre !

Des jeux variés…

Et Toutilix a diversifié son menu pour nous proposer des références riches et variées. On a été agréablement surpris de constater qu’à partir de quelques lettres, un jeu peut nous proposer de riches références ludiques particulièrement plaisantes. La règle du jeu propose également trois différents niveaux de complexité pour démarrer doucement ou pour sélectionner plus facilement les jeux qu’on désire pratiquer.

Et derrière cette petite boîte au grand contenu se cache une auteure Christine Larquetout. Non seulement auteure mais aussi éditrice et co-illustratrice, on ne pouvait pas manquer l’occasion d’aller à sa rencontre. Et finalement, qui mieux placée qu’elle pour nous parler de 35 références dans une seule et unique boîte de jeu.

Nous voici donc sur les routes, avec notre sac à dos, dans le beau département français de la Haute-Savoie, à la rencontre de Christine Larquetout

Rencontre avec l’auteure, Christine Larquetout

Bonjour Christine ! Tout d’abord, merci beaucoup de nous accorder un peu de ton temps pour répondre à quelques-unes de nos questions. On a hâte d’en apprendre plus sur Toutilix.

Merci à toi de m’offrir une page d’écriture !

Pour commencer, peux-tu nous dire qui tu es ? On a envie de te connaître !

J’ai atterri il y a 56 ans sous le splendide soleil de Briançon. Chance ! Dans les Hautes-Alpes où l’air et l’eau sont si purs, et j’y ai vécu mes premières années. Parents multifacettes, qui ont nourri mes multiples appétits. Terreau de ce qui nous intéresse ici : mes jeux. Rigueur et grain de folie, sciences, lettres, arts, musique, sport, créativité, le tout passionnément. C’était notre quotidien. C’est le mien, par périodes. Parfois fatiguant, jamais tiède !

Comment es-tu arrivée dans le monde du jeu de société ?

Par la porte, blindée, des éditeurs.

Timidement, avec mes premiers pas pour éditer un jeu de lettres. J’ai alors traversé la Suisse en voiture pour le présenter au siège de Ravensburger. Je m’étais renseignée à l’INPI sur les démarches de base. J’ai même été voir un Cabinet de Propriété Intellectuelle pour une éventuelle dépose de brevet, parce que l’objet en soi était un peu original. Quand j’y pense, c’est ridicule et touchant ! J’oscillais entre l’égo boosté de la détentrice d’une idée supposée, par moi, géniale, et la cruelle inaccessibilité de la forteresse éditoriale ravensburgeresse… et de toutes ses collègues d’ailleurs ! Ledit Cabinet s’empressa de flatter mon égo, reniflant la possible naïve. Sauf que, malgré des origines bourgeoises, heureusement du sang probablement paysan, en tout cas pauvre, coule dans mes veines dans le bon sens. Demi-tour.

Est-ce que tu es une grande joueuse ?

Ni grande ni grosse. Juste dans l’âme et toutes mes cellules. Je n’ai pas coupé le lien avec mon enfance. J’embarque en moins de deux dans l’imaginaire. D’ailleurs un grand regret de ma vie est de ne pas avoir écrit à Devos mon maître. Avec les mots, je vibre, je rêve. Je décolle. J’ai fait un peu de théâtre, et voulu en faire mon métier, j’adore l’improvisation. Mille fois déguisée, d’ailleurs mes soirées étudiantes l’étaient souvent, même sur le thème du jeu. Et puis me trifouiller les méninges, poser et me poser des questions, apprendre, me sont essentiels. Un jour je tenterai l’expérience des jeux de rôles.

Ton jeu de société préféré du moment, quel est-il ?

Mon chouchou en ce moment c’est TWIN IT. J’ai exposé l’affiche jeu de TWIN IT dans ma salle d’attente et j’ai vu la métamorphose ! Mes clients sont debout quand je vais les chercher, laissent leur portable, même les plus accros. Et viennent parfois en avance pour avoir un peu plus de temps pour chercher les paires ! Quant au jeu sur table, je le trouve très rafraîchissant : un vrai beau graphisme, des références et associations multiples qui décoiffent les neurones et aèrent le ciboulot. Petit bijou face au foisonnement de jeux d’observation rapide artistiquement et intellectuellement creux.

Je n’ai jamais joué à de gros jeux. Je ne parle pas la langue, je n’ai pas les codes, ni la disponibilité en ce moment pour me poser et essayer de comprendre dans les soirées jeux où je cherche en ce moment des jeux familiaux. Mais j’ai un jour demandé à un vendeur expert de me conseiller un gros jeu jouable en solo. Pour m’initier seule avant d’oser m’asseoir avec des gameurs. Donc, un jour, quand je prendrai vraiment des vacances, c’est-à-dire je ne sais pas quand !.. j’inviterai à ma table Robinson Crusoé qui en attendant fait le beau sur une étagère chez moi… juste un peu dépunché !

Comment l’aventure Toutilix a débuté et pourquoi avoir créé ce jeu ?

Passée la jubilatoire accumulation « AGUBSEFRGIKOPHN et Y ça fait quoi ? » … beaucoup d’enfants prennent peur et se détournent totalement des lettres au moment d’apprendre à lire. Ce que j’observe de près parce que je suis logopède. Or, j’ai eu la chance d’adorer apprendre à lire et d’apprendre vite. Milieu familial privilégié côté bouquins. Par contre je détestais les adultes avec leurs gros sabots, quand ils croyaient utile de m’inciter à apprendre. Je n’avais pas besoin d’eux pour avoir envie !

J’ai imaginé Toutilix pour aider les enfants à retrouver la jubilation. Ma grand-mère paternelle était institutrice. Née en 1886 !.. et adepte de méthodes modernes. Elle avait un bloc en papier, divisé horizontalement en petits blocs. Sur chacun d’eux il y avait l’alphabet de A à Z, une lettre par feuille. On pouvait écrire tous les mots qu’on voulait. Le rêve ! Un infini de mots à écrire ! Juste pour moi, pas pour une note ou un prix à l’école !

Après quelques tâtonnements, dont celui proposé à Ravensburger, j’ai opté pour un jeu de cartes. Les cartes, ça se prend, ça se palpe, ça se claque sur une table. Ça se possède, ça se compte, ça se classe, ça s’accumule, ça se contemple comme un trésor. Et de ses yeux on voit bien que oui, pas de panique, on peut les voir toutes en même temps, les lettres, il n’y en a que 26. C’est rassurant : On l’emporte facilement partout, le jeu de cartes, l’alphabet. En vrai dans sa valise, et en vrai dans les connexions neurologiques de sa mémoire !

En plus, un jeu de cartes, comme un alphabet, c’est le centre de gravité d’un univers des possibles ! Alors les croiser, c’était parti pour fuser dans tous les sens : toutes sortes de jeux pour toutes sortes de lettres, de mots, écrits ou pas, et de phrases. Et puis jouer avec les mots en n’en voyant parfois qu’une seule lettre, sans avoir à l’écrire, sans obligation de les lire en vrai, ces mots qui fichent la trouille, ça les met à la juste bonne distance : « reste là et dis-moi juste ce que tu veux dire, ne me parle pas d’orthographe ni de lecture ! ». Du coup celui qui en a peur, des mots, de la lecture, de l’orthographe, s’aperçoit qu’ils s’écrivent dans sa tête, les mots, à partir des lettres posées. Décollage jubilatoire garanti !

Il y allait avoir de la revanche à prendre pour les pitchounets ! En fait pas seulement pour les pitchounets, d’ailleurs, parce qu’il y a les innombrables adultes qui croient depuis toujours avoir tourné à jamais le dos aux lettres.

Toutilix a connu plusieurs éditions. Peux-tu nous en parler ?

Rayan, Sandro et Selim ont installé Toutilix sur Instagram et Twitter

Avril 2015, première édition, produite avec mes petits bras. Découverte d’Illustrator, In Design, le montage d’un site, etc. Moi qui étais partie, entre autres, pour faire les Beaux-Arts… Mais la vie… Bref, je reprenais le crayon, youpi ! Seulement je n’avais pas la culture du monde du jeu. Et pas le temps d’aller à fond dans l’exploration de l’infographie. Alors la boîte fut… ce qu’elle est restée : un bon souvenir !

Et old fashionned. La règle loupée : bien trop dense, dans un souci d’économie. Mais je ne m’en rendais pas compte.

Heureusement trois lascars se sont plantés devant moi à Annecy : Thomas Bolusset, secrétaire d’Annecy Ludique, relaya une première présentation de Toutilix auprès de l’association de joueurs… que je ne connaissais pas encore ! Et le même jour Sébastien Gaspard, co-fondateur de Blam, éditeur de Célestia, Matinciel Arkikor, créateur du site de vidéorègles « Le repaire des jeux », et Thomas, s’asseyaient pour goûter Toutilix. On m’avait prévenue : ils avaient déjà vu le jeu, et trouvé la boîte moche et la règle à réécrire ! Ce que Sébastien s’est empressé de me dire ! J’adore entre autres sa franchise, magnifique rencontre ! Contre toute attente, tous les trois m’ont encouragée dès le départ à poursuivre. Et réécrire « rapidos » la règle pour la mettre en ligne. Mes vacances d’été 2015 y sont passées. Thomas parla de Toutilix. Matinciel m’enregistra illico des vidéorègles et me conseille depuis, en matière de vidéo, avec l’ouverture de la chaîne YouTube Toutilix. Sébastien m’embarqua en 2016 pour le Festival de Cannes, et depuis me donne souvent de très précieux conseils.

2016, changement de vitesse : flash de Didacto, les boutiques spécialisées amorcent la reconnaissance de Toutilix. Les Jeux du K’dor, Ludocortex, Variantes à qui je demandais un jour un vrai avis : « Toutilix ? Vrai jeu, boîte très moche, contenu excellent ! », Philibert, etc. Et les blogs : Tartenpionne, Lutin Bazar, etc.

Avril 2017, d’autres bloggeurs geekylix sont emballés par la deuxième édition, co-illustrée avec Pierre Verschave qui a accepté très gentiment de partager ses pinceaux. Énorme boulot de refonte de la règle, ajout de 7 jeux. Et changement de fabricant, pour peut-être commencer à rentrer dans mes fonds !

Et on croit savoir que ton jeu connaîtra encore une nouvelle version…

Oui. Même deux !

La réédition est prévue pour l’été 2018 : À Octogônes, quand Alexandre Droit mon voisin me dit que lui, graphiste de métier, n’illustre pas ses jeux… je lâche l’affaire et propose à David Boniffacy l’illustration du prochain Toutilix. À lui le graphisme, même s’il ne travaille pas tout seul dans son coin, loin de là ! C’est parti pour un magnifique travail de fond. Son travail d’artiste sera au plus près de l’esprit Toutilix : ouvert, intergénérationnel, multiple.

En même temps, sortira une adaptation pour mal-voyants et non-voyants que nous avions rêvée avec Xavier Mérand, Président de l’Association AccessiJeux. Quand Xavier m’a dit que le projet l’intéressait, j’ai décidé que je le ferai coûte que coûte, même si je devais l’éditer avec mes petits bras. Et puis Xavier a cherché, et après un an de travail et d’incubation au sein d’ANTROPIA ESSEC, grâce au soutien de Malakoff Médéric, en 2018 AccessiJeux éditera un TOUTILIX version TUILES. Gros caractères, braille et relief transparents, donc accessible à tous, même aux voyants, illustré bien sûr par Bony ! L’association passera de l’adaptation à l’édition de jeux accessibles, et Toutilix sera leur premier jeu ! Nous verrons quelles règles seront jouables, et en tuiles, et à l’aveugle. De belles expériences en perspective !

(NDLR : Christine collabore donc activement avec AccessiJeux pour une version adaptée aux personnes avec une affection visuelle. Mais elle collabore aussi avec l’association Ludosens, qui s’adresse aux parents et professionnels concernés par la différence, en plébiscitant des jeux servant à accompagner les enfants présentant une atteinte à la santé)

Pourquoi avoir pris la décision d’auto-éditer Toutilix ?

Pour garder ma liberté éditoriale et développer l’esprit Toutilix. Au début, personne ne souhaitait m’éditer donc la question ne se posait pas ! Oui, une boîte pleine de jeux n’est pas facilement comestible commercialement. J’avais beau expliquer que c’était l’essence même de Toutilix. OVNI inclassable. Nada, niente. Heureusement, mes clients et moi, tous autant ignares en affaires ludico-commerciales, étions avant tout têtus. Nous voulions plein de jeux dans la boîte ! Au fil du temps, et eux et moi apportions de nouvelles pistes. « Et si on ajoutait ça ?.. Ah, Ouais !!! » Alors j’avais de nouvelles idées, et eux m’apprenaient des jeux historiques à revisiter. Si j’avais visé une voie rapidement commerciale, j’aurais fait des coupes sombres, et Toutilix serait mort dans l’œuf. Alors, même si sa progression n’est pas supersonique, mine de rien, il trace sa route. J’ai même décliné cet automne un contrat d’édition internationale chez Helvetiq. Je salue au passage les suisses pour leur réactivité et leur courtoisie dans les échanges professionnels ! D’ailleurs Servidis, qui est venu toutilixer à Annecy, distribue maintenant Toutilix dans les librairies et boutiques de jeux suisses… et le présentera au Salon du Livre de Genève au printemps prochain !

Pour satisfaire mon côté couteau suisse !

Oui, pour passer de la création à l’autoédition on devient multi-tâches ! Et comme je l’ai dit, j’adore apprendre !.. Il y aussi la sphère des négociations que je découvre, avec la nécessité vitale de se faire respecter même bleue dans le monde du jeu, bleue sur le net… oui, il m’a fallu quelques temps pour saisir les us et coutumes sur le net… bleue en affaires, et femme.

Toutilix s’adresse-t-il à une certaine catégorie de joueurs. Finalement, ceux qui n’aiment pas s’amuser avec les lettres peuvent-ils aussi y trouver leur compte ?

Il n’y a que deux sortes de joueurs, en fait. Qu’ils soient hommes, femmes, jeunes, vieux : Ceux qui n’aiment pas être surpris, et les autres. Tu devines lesquels aiment Toutilix ?

Mon bonheur est de voir un visage passer de gris « Berk des lettres, berk un jeu, berk des cartes, je passais là par hasard… » à rose. Voir des épaules d’abord s’affaisser, « Rhôoo, non, pas des lettres.. » puis se redresser et les corps s’animer, quand la jubilation arrive. Les jeux de Toutilix sont suffisamment variés : rire, réflexion, imagination, concentration, mémoire, stratégie, rapidité, alors les joueurs choisissent le jeu qui convient au moment.

Voyez d’ailleurs sur mon site un onglet Geekylix : Ce sont de gros gameurs velus, tatoués, cloutés… ou pas ! Qui ont en commun d’aimer franchement Toutilix. Pour eux-mêmes, pas spécialement pour leurs enfants s’ils en ont. Qui ont posé librement pour témoigner, gratuitement !

Peux-tu nous parler de ton jeu favori, présent à l’intérieur de cette petite boîte ?

Spiralix

Spiralix est mon chouchou ! Il s’agit de trouver des mots à partir d’une ou deux lettres obligées, posées en spirale. Dans toutes les langues. Absolument tout ce qui a une orthographe déterminée est accepté. Seules contraintes : être certain de l’orthographe, et pouvoir dire en gros de quoi parle le mot. Chaque joueur choisit parmi 3 niveaux de jeu, et des décomptes sont lancés par les joueurs qui ont trouvé avant celui ou celle qui est en train de chercher. Le mouvement de la spirale, les décomptes, la simplicité de la règle, la quasi absence d’interdits, les cartes Toutilix et Étoile qui bousculent tout, tout entraîne ensemble les joueurs de tous âges et niveaux à la surprise : « Tu connais ce mot ?… oui, ça m’est venu comme ça… ! » Ça fuse ! Les imaginaires de tous. Comme l’eau d’une cascade.

Un jeu comme « Vizdibix » nous fait répéter certaines associations de lettres. « Toutifraz » nous force à composer des phrases. Est-ce que Toutilix ne cacherait pas aussi une autre utilisation ?

Vizdibix est un jeu d’observation rapide. Alors bien sûr chercher des voyelles, des consonnes, des suites de lettres, à toute vitesse, aidé ou ralenti par les Toutilix et Étoiles, améliore évidemment l’habileté à jongler avec l’alphabet.

Avec Toutifraz on compose des phrases. Très brèves à très longues. Justes grammaticalement et un minimum plausibles. Un minimum. Tout petit ! Alors on décolle parfois très rapidement vers du délire poétique. Mais comme on garde la justesse grammaticale, on jongle avec la langue, on enrichit sa prose parlée et écrite. Puisqu’il y a toujours le lien entre les mots de la phrase et les lettres posées, une lettre pour chaque mot, on voit mentalement la phrase s’écrire. Une bulle de poésie. Les souffles imaginaires des joueurs se croisent, chamboulés à chaque lettre posée.

Bien sûr des enseignants et orthophonistes accueillent Toutilix dans leurs classes et leurs cabinets, comme ils accueillent de plus en plus le jeu, les jeux, pour enseigner et soigner. Le jeu est contagieux, il a même gagné les entreprises. Alors l’éternelle question de la limite jeu, non jeu, arrive… À mon avis, tout est dans l’intention. Un livre est perçu tellement autre dans les mains d’un éditeur, d’un lecteur lambda, d’un cinéaste, d’un enseignant. Est-il différent pour autant ? C’est notre regard qui fait la différence. Quant à moi, que ce soit dans une séance d’orthophonie, dans une soirée jeux, dans un festival, je suis la même joueuse. Même si dans ma pratique orthophonique j’ai bien sûr en toile de fond tout l’objectif thérapeutique, je suis la même joueuse. Toutilix est Toutilix. L’objectif thérapeutique arrive en plus du jeu, pas l’inverse. Le jeu c’est la vie. Comme l’air et l’eau sous le  soleil de Briançon. Sans eux nous ne sommes rien. Quand Devos surgit dans une séance, ou Pagnol, ou n’importe quel auteur dont j’invite les livres, c’est le tourbillon de la vie qui soigne. J’aime trop les jeux, les livres, et la vie, pour les dénaturer.

Quel regard portes-tu sur le secteur ludique actuel ?

Ah, le même que sur notre société ! Il y a sans doute la même et heureusement infime proportion d’insignifiants, malhonnêtes, prétentieux, avec ou sans virgule ! Et heureusement la même majorité de très belles personnes riches de cœur et d’esprit. Les mêmes chercheurs d’or, pressés de placer des produits chez des publics cibles, les mêmes paons, renards, et loups, et ceux qui aiment les joueurs et les jeux, créent, fabriquent, vendent, partagent, et contribuent au bonheur de tous.

Christine, tu es quelqu’un de bien présente sur les réseaux sociaux, en particulier sur les groupes ludiques. Est-ce que les joueurs auront prochainement l’occasion de te rencontrer, par exemple sur des festivals ?

Oui, 2017 se termine, j’aime énormément animer dans les festivals, retrouver les professionnels, magnifiques rencontres, mais là, je pose mon balluchon, repos ! J’irai ensuite à Cannes pour la troisième fois, à Valence, à Genève au Salon du Livre, et à Parthenay cet été. Je n’ai pas encore tout décidé pour le reste de l’année. Je vais être assez occupée aussi pour la préparation des Toutilix 2018 !

Quels sont tes futurs projets ludiques ?

Minilix, un jeu de mots de 55 cartes, qui mine de rien fera fumer les ciboulots ! J’en parlerai plus précisément dans quelques temps, affinage en cours.

On te laisse le mot de la fin…

Grand merci pour cette tribune ! C’est bien délicat d’écrire sur soi et les autres…

Au final, c’est le bonheur de réaliser mine de rien certains de mes rêves !

La règle du jeu en français
La carte des 35 références de la boîte
Le site du jeu

Rédacteur de l’article : Léo

VOUS POUVEZ EGALEMENT AIMER

Laisser un commentaire