En octobre 2015, Ferti Games lance une campagne de financement participative sur Kickstarter pour produire un ensemble de 3 jeux tactiques à 2 joueurs formant une nouvelle série appelée Sugoï. Cette dernière était alors composée des excellents Yokaï No Mori, Senseï et Siam. En ce mois d’avril 2019, la série se voit désormais agrémentée d’un quatrième titre qui fleure le dépaysement ludique : Yutakâ.
Il y a du soleil et des Ananas… Darla dirla dada…
Yutakâ est un jeu de majorité et de collection conçu par Alexandre Droit (Apocalypse à Carson City, POC, Dream On!…) et illustré par le talentueux Biboun, qu’on ne présente même plus ! Prévu pour 2 joueurs dès 7 ans pour une durée de partie de 30 minutes en moyenne, il est édité par Ferti Games.
Dans Yutakâ, les joueurs incarnent les plus grands explorateurs de leur temps (2m05 et 2m15… sisi!) ayant décidé de partir à la conquête d’un mystérieux archipel formé de 5 îles: Yutakâ. Les légendes racontent que ces îles regorgent d’objets précieux, d’amphores rares, de dagues inestimables et de cristaux rouges incroyables enfouies dans les profondeurs de la Terre… Mais qu’en est-il vraiment ? Lequel tirera son épingle du jeu (c’est clairement de circonstance) ? Quel est celui qui remportera le plus de richesse ? To be or not to be (rich)? Car le but dans Yutakâ, sera de comptabiliser le plus grand nombre de points de victoire et pour ce faire, il leur faudra mettre la main sur les meilleurs trésors…
Mieux vaut sagesse que richesse. Ou pas.
Il existe 2 modes de jeu dans Yutakâ. Une variante appelée « Mysteria », plus fun et donnant plus de poids à la chance et moins à la stratégie et une variante appelée « Tactika » qui comme son nom l’indique, induira nettement plus de combustion spontanée de neurones.
Le choix de la variante induira un marquage des tuiles du jeu. En effet, selon le mode choisi, les tuiles seront soit neutres (toute marquée par un même cube noir visible) pour la variante « Mysteria », soit sujet à un cube de couleur permettant d’indiquer la nature du trésor pour la variante « Tactika » (une sorte d’indice en fin de compte).
Il existe 5 types de trésor (et donc de couleur). Ces trésors sont représentés sur une des 2 faces des tuiles du jeu. Les joueurs ne voient évidemment pas la face en question, mais celle contenant le fameux petit cube (de couleur ou en noir – vous suivez ?). Soit face cachée en quelque sorte… En plus de posséder une couleur, chaque tuile possède également une valeur ; valeur qui permettra à la fin de calculer les points de victoire.
Après avoir écarté 5 tuiles au hasard, les joueurs placent toujours aussi aléatoirement les restantes en prenant soin de former 5 îles de 4 tuiles chacune qu’ils disposent en ligne côte à côte.
Chaque joueur possède un deck de cartes qui lui est propre (et qu’ils devront mélanger soigneusement), composé pareillement d’une série de 4 cartes pour chaque type de trésor mais aussi de 4 cartes sans valeur représentant de la dynamite ; mais nous y reviendrons plus tard. Tout au long de la partie, les joueurs devront toujours avoir 6 cartes en main. Ainsi, chaque fois qu’une carte sera jouée, une nouvelle devra être piochée.
Une partie se déroulera en 3 phases. On commencera par la phase de Révélation au cours de laquelle il s’agira bêtement de révéler 4 tuiles au hasard parmi les 5 îles. Ces dernières permettront d’agiter une carotte en quelque sorte, et de donner un indice sur les possibles valeurs restantes des autres tuiles.
La seconde phase dite de pose de carte (et de révélation potentielle du tuiles) se maintiendra jusqu’à ce que toutes les tuiles soient retournées. La troisième phase : décompte des points, consistera quant à elle, à répartir les trésors entre les joueurs avant de calculer les totaux de chacun. Vous l’aurez donc compris, la substantifique moelle du jeu résidera dans la seconde phase…
Ah si j’étais riche… Diguedadedadedaaaah!
Penchons-nous juste un peu plus sur cette fameuse seconde phase.
Globalement, l’idée consistera à placer ses cartes judicieusement devant les différentes îles pour tenter de gagner les majorités pour les tuiles convoitées dans l’optique de pouvoir comptabiliser leurs points en fin de partie (Une tuile avec la valeur 15, donnera 15 points de victoire à son propriétaire).
Pour ce faire, à son tour, un joueur devra placer une de ses cartes trésor ou équipement devant une des 5 îles. Les cartes trésor et équipement seront toujours placées du côté du joueur actif alors que les cartes dynamite seront toujours placées du côté de l’adversaire.
Bien évidemment, certaines cartes induiront des réactions. Ainsi, une carte équipement posée permettra au joueur actif de retourner une nouvelle tuile. Une carte dynamite posée donnera en revanche à l’adversaire la possibilité de retourner une nouvelle tuile.
Alors que l’intérêt de placer des cartes objets précieux et équipement puisse sembler logique dans la mesure où elles contribueront à déterminer les majorités, les cartes dynamites sont exemptes de valeur. Et c’est justement ce qui fera tout leur charme ! Chaque joueur ne pourra disposer que des 5 cartes maximum devant chaque île. En posant une carte dynamite chez l’adversaire, on réduit dès lors le nombre de cartes qu’il lui sera possible de disposer par la suite. Terriblement vicieux mais ô combien jouissif…
La fin de la partie interviendra immédiatement dès lors que la dernière tuile aura été retournée. Le calcul des majorités s’avèrera alors simplissime. A quelques détails près, il suffira aux joueurs de comptabiliser les points de leurs cartes pour chaque tuile présente dans l’île et de les comparer pour déterminer celui qui sera majoritaire et donc récipiendaire des points de victoire associés. Simple et efficace.
Vous n’aurez jamais été aussi content d’essuyer une tuile
Tendu, malin et retors à souhait, Yutakâ est un excellent jeu de majorité. Bien qu’il fasse indubitablement penser au classique de Reiner Knizia « Lost Cities ». De par sa mécanique, il apporte une sérieuse plus-value en la présence des cubes insérés en début de partie dans les tuiles. Les joueurs préférant la stratégie au hasard oublieront très rapidement (et quasi définitivement) la variante « Mysteria » au profit de la variante « Tactika » offrant des sensations radicalement différentes et bien plus intéressantes.
Avant de conclure ce billet d’actualité, un petit mot sur le matériel. Au même titre que les autres jeux de la gamme, Yutakâ ne déborde pas de matériel, mais les cartes sont magnifiquement illustrées et les tuiles formant les îles semblent tout droit sorties d’un jeu de Mahjong… Le point fort du titre reste clairement sa simplicité opposée à son grand niveau stratégique. Jouer une carte ne vous aura probablement jamais autant coûté en neurone, nerf, sueur, ongles pour les plus nerveux d’entre nous (biffer la mention inutile).
Le jeu a été proposé en quantité über-réduite en avant-première au FIJ de Cannes et sortira officiellement dans le courant du mois d’avril 2019. Comme dirait l’autre: “Yutakâ, Yaplukâ…” !