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Black Rose Wars, job de Grand Maître de l’Ordre à pourvoir

par jeudeclick
Publié : Dernière mise à jour le 255 vues 16 minutes de lecture

Dans la pléthore de jeu impliquant des figurines proposé sur la plateforme de financement participative Kickstarter, il n’y en a en général qu’une poignée qui réussissent vraiment à sortir du lot et à se démarquer. Alors quand un des titres s’avère être particulièrement tactique et que son pitch implique un ordre de mages d’une mystérieuse loge de la Rose Noire, c’est banco !

Une belle aventure qui commence bien mal

Ludus Magnus Studio (LMS) est une maison d’édition de jeux indépendante Italo-américaine créée en 2014 et basée à Riverside en Californie dans les États désunis de Monsieur Trump. Son équipe, certes composée de passionnés, est surtout le fruit d’un melting-pot relativement étonnant de professions aussi diverses que variées. Le CEO est un avocat et courtier-financier basé à Vegas. Le chargé des relations publiques et aussi du développement des jeux est un archéologue ayant travaillé des années dans le département vente de Games Workshop. Le responsable du département créatif et développement conceptuel est un artiste sorti de la Roman School of Comics ayant également aiguisé ses sens du milieu ludique durant près de 4 ans au sein de Games Workshop. Les statistiques, la comptabilité, les relations fournisseurs et le développement de mécanismes inédits sont du fait d’un mathématicien. Pour finir, un ingénieur en systèmes informatiques ferme le cortège en tant que responsable du domaine…

Bien que peu connu sous nos latitudes, LMS a acquis une très bonne réputation à la suite du succès d’une première campagne de financement participatif en 2016 avec le jeu Nova Aetas, un jeu de figurines et d’affrontements ayant nécessité 4 ans de développement et situé dans une sorte d’uchronie sombre de la Renaissance. Un titre s’inspirant de jeux de rôle tactiques japonais classiques tels que « Final Fantasy Tactics » où « Tactics Ogre ». Pourtant, le voyage ne fut pas un long fleuve tranquille et au vu de l’histoire, on aurait pu croire que l’aventure LMS s’arrêterait avant même d’avoir véritablement commencée. Pourtant la pugnacité de l’équipe associée à une sérieuse remise en question et un indicible optimisme leur permis de trouver la bonne équation.

Retour en 2014. Une première tentative en novembre échoue très sérieusement n’atteignant que la moitié du montant nécessaire (52%). L’équipe prend cette déconvenue avec philosophie et se tourne du côté des contributeurs pour analyser l’échec de cette campagne. Ce qui les motive à mener une seconde tentative en mars 2015, se soldant toutefois sur un nouvel échec atteignant cependant cette fois-ci un total de contributions plus important (83%). De leur propre aveu, cette tentative s’avèrera bien trop rapprochée de la première et les commentaires et suggestions particulièrement utiles de la part de contributeurs n’avaient alors pas été assez brainstormés… Alors que d’autres auraient peut-être laissé tomber, l’équipe de LMS est persuadée qu’en prenant le temps de faire les choses correctement, le jeu trouvera son public.

C’est ainsi que près d’une année plus tard (janvier 2016) à la suite d’une sérieuse refonte, une troisième tentative est lancée qui s’achève cette fois-ci avec succès ne cumulant pas moins de 170’000$. Les critiques sont alors plus ou moins unanimes soulignant notamment la grande qualité des illustrations (menées de main de maître par le trio Fernando Armentano, Antonio De Luca et Giovanni Pirrotta), et la qualité des figurines très détaillées, formidable mélange de fantaisie et d’éléments de la Renaissance… Le défi est relevé !

2018, la consécration

Avec une équipe désormais portée à une dizaine d’individus, encore auréolée de leur premier succès, LMS va bientôt se lancer un nouveau challenge. Marco Montanaro, un ingénieur travaillant pour Amazon, passionné de jeu (en tout genre) et sérieux Geek dans l’âme est un grand amateur du JDR « Donjon’s et Dragons », jeu auquel lui est ses amis ont joué pendant près de 10 ans. C’est un évènement s’étant déroulé lors d’une série de sessions dont il va s’inspirer pour créer les fondements d’un potentiel jeu de figurines mettant en scène un affrontement entre mages au sein d’une mystérieuse loge mystique…

Et c’est ainsi que 3 ans de développement plus tard, fort des leçons apprises avec Nova Aetas, que LMS lance la campagne de Black Rose Wars le jeudi 26 avril 2018. La campagne durera 24 jours et se conclura en apothéose le dimanche 20 mai 2018 avec pas moins de $1’311’221 récoltés. Soit presque 8 fois le total des contributions de Nova Aetas. Un vrai plébiscite !

Black Rose Wars est un jeu de figurines, d’affrontement tactique et de contrôle de zone conçu par Marco Montanaro et illustré par Fernando Armentano (Nova Aetas, Barbarian: The Invasion…), Henning Ludvigsen (Zombicide: Dark Side, Project Elite…) et Giovanni Pirrotta (Nova Aetas). Prévu pour 1 à 4 joueurs dès 14 ans, il est notamment édité en français pas Ludus Magnus Studio.

A noter que l’opus sera disponible à l’achat – en français – sur le shop en ligne de l’editeur ainsi qu’en boutique, pour le dernier quart de l’année 2019. Les contributeurs et les backers « late pledge » recevront leur jeu en premier, selon les infos qui nous ont été transmises par Ludus Magnus Studio.

Dans Black Rose Wars, les joueurs incarnent des Mages du mystique Ordre de la Rose Noire, cherchant à devenir le prochain Grand Maître de la Loge en acquérant le pouvoir du puissant Artefact de la Rose Noire. Dans les grandes lignes, alors que les Mages sont confinés dans leur cellule à l’abri de toutes agressions au sein de la Loge, les hostilités ne tardent pas à se déclencher lorsque ces derniers mettent un pied dehors. Ils devront alors utiliser leurs pouvoirs pour se frayer un chemin à travers les pièces qui composent la Loge pour tenter d’apaiser l’Artefact de la Rose Noire doué de conscience, pour ensuite le maîtriser. Pour ce faire, chaque Mage possède un Grimoire de Cartes de Sorts appartenant à six écoles de Magie différentes. Bien que chaque Mage débute avec 6 sortilèges, il leur faudra en acquérir bien d’autres s’ils veulent vaincre leurs adversaires. Le Mage qui aura accumulé le plus de puissance sera adoubé digne successeur par la Rose Noire et couronné Grand Maître de l’Ordre… Si ce n’est pas top-moumoute ça ?

« Tout le succès d’une opération réside dans sa préparation. » [Sun Tzu]

Commençons rapidement par un petit tour d’horizon.

Les différentes pièces composant la Loge et dans lesquelles les Mages vont se déplacer, sont représentées par une série de tuile en forme d’hexagone. Chaque pièce est pourvue d’une couleur spécifique utilisée pour déterminer les effets liés aux sortilèges (lancés par les Mages) et possède également qui plus est, un pouvoir spécifique que les mages pourront activer. Cependant, la tension magique générée par le pouvoir des Mage induira une forme d’instabilité (sous forme de jauge) qui tôt ou tard, aura pour résultante de causer la destruction des salles.

Outre les pièces composant la loge, 2 plateaux annexes viendront se greffer de part et d’autre, permettant pour l’un de donner un aperçu du niveau des points de puissance actuel et déterminer les phases lunaires et pour l’autre, d’accueillir les cartes évènements. Comme la puissance des sortilèges est croissante et que les pouvoirs dévastateurs des sorts oubliés de la Rose sont inaccessibles en début de partie, le jeu est composé de 3 phases « lunaires » qui détermine d’une part le Momentum où les pouvoirs de l’Artefact seront libérés et d’autre part, le type de cartes Quête/Évènement (représenté par un talon différent) que les joueurs pourront/devront piocher.

En sus des salles et des 2 plateaux, chaque Mage disposera d’une cellule, sorte de salle de méditation insensible à la magie et donc aux attaques magiques. Bien que les joueurs débutent la partie dans leur cellule, il ne leur sera plus possible d’y retourner volontairement. Ils y seront automatiquement conviés à nouveau lorsque malencontreusement envoyés Ad-Patres. Ce qui sous-entend qu’il ne sera pas possible de mourir ; tout au plus de rebooter un poil sonné !

Pour finir, chaque joueur disposera également d’un plateau personnel qui lui permettra d’obtenir des informations liées au personnage, d’indiquer son niveau de santé, de disposer de son grimoire (pioche de sortilèges) et des cartes invoquées (créatures) mais aussi et surtout, d’emplacements permettant de programmer ses actions (sortilèges) à l’avance…

Procédons à présent à un arrêt sur image sur les cartes. Le jeu est composé d’une foultitude de cartes différentes : à commencer par les cartes Quêtes et Évènement tel que précité. Mais ces dernières, bien qu’importantes, ne sont pas forcément au centre du jeu. Dans la mesure où il est question d’affrontements entre Mage, ce sont clairement les cartes sortilèges qui focaliseront tout l’intérêt des joueurs.

Dans Black Rose Wars, il existe 6 courants magiques (Destruction, Divination, Nécromancie, Transmutation, Illusion et Conspiration) chacun composé de 3 exemplaires de 12 sorts différents, eux-mêmes différenciés par un type (Combat, Contingence, Protection et Piège). Chaque sortilège disposera en sus d’un type de cible qu’il sera à même d’affecter (Personnel, Cible unique, Spécial) et générera une certaine valeur d’instabilité une fois lancé. Mais ce n’est pas tout ! Les Cartes de Sortilège pourront parfois avoir deux effets différents : un effet normal et un effet “inversé” imprimé dans l’autre sens sur la carte. Ce sera au joueur de déterminer le moment venu de l’effet qu’il souhaite produire.

Pour finir, avant de nous pencher un tantinet sur le fonctionnement du jeu, intéressons-nous à l’Artefact de la Rose Noire. Ce dernier est en effet considéré comme une entité à part entière dans le jeu. Ainsi, tout au long de la partie, l’entité gagnera des points de puissance au même titre que les joueurs en fonction d’une certaine quantité d’action. Ce qui aura potentiellement comme effet de déclencher des situations que les joueurs tenteraient potentiellement d’éviter. A commencer par les phases lunaires qui se déclencheront immédiatement dès que les seuils de 5 et 17 points de puissance seront dépassés par qui que ce soit (joueur ou entité). Le passage à la seconde phase lunaire libèrera également l’accès aux sortilèges oubliés de la Rose Noire par la présence d’un marqueur d’activation dans la salle centrale de la Loge. Et c’est dire si ces sorts seront puissants, mais le sacrifice pour les activer sera d’autant plus grand ! Mais plus pernicieux encore, l’Artefact sera également capable de déclencher la fin de la partie en atteignant 30 points de puissance avant les joueurs… Délicieusement vicieux !

« Tout l’art de la guerre réside dans la duperie » [Sun Tzu]

Une partie de Black Rose Wars se déroule au tour par tour, durant un nombre relativement variable de tours, dépendant directement du nombre de points de puissance cumulés par les joueurs et l’entité. Chaque tour est divisé en 6 phases distinctes. À savoir :

  1. La Phase de la Rose Noire, au cours de laquelle, les joueurs piocheront un nouvel évènement pour en appliquer les effets puis incrémenteront la puissance de l’Artefact du nombre de points indiqués – si nécessaire. Chaque joueur piochera également une quête s’il n’en dispose pas encore.
  2. Durant la Phase d’Étude, les joueurs pourront sélectionner de nouveau sortilège dans la bibliothèque pour les ajouter à leur main.
  3. La Phase de Préparation permettra aux joueurs d’élaborer leur stratégie sachant que chacun d’eux devra placer entre 2 et 4 sortilèges face cachée sur les emplacements prévus à cet effet sur leur plateau personnel. Chaque joueur a notamment l’obligation de placer une carte sur l’emplacement dédié aux sortilèges « Rapides ». Ces cartes ainsi posées sont considérées comment étant « préparé ». Cette Phase est clairement l’une des plus importantes du jeu dans la mesure où c’est à ce moment-là que les joueurs décideront de l’ordre de résolution des Sortilèges ainsi que de l’effet qu’ils auront durant la phase suivante. Il leur faudra dès lors être rusé, tactique et astucieux pour tenter de prédire les actions des adversaires afin de tenter de les anticiper. Le Sort dit « Rapide » s’avère particulièrement important car c’est le seul qui ne tiendra pas compte de l’ordre de placement des Sortilèges durant la phase suivante. Ce dernier pourra en effet être joué à tout moment durant la phase d’action.

4. La boucherie débutera durant la Phase d’Action au cours de laquelle, la stratégie élaborée dans la phase précédente sera dévoilée. En sus des sortilèges, chaque joueur disposera de 2 jetons d’action permettant soit de se déplacer jusqu’à 2 fois, soit d’infliger 2 dégâts à un autre mage partageant la même pièce, soit de se déplacer et d’activer le pouvoir d’une salle, soit de déplacer puis lancer un sortilège etc… En simplifiant un poil, les joueurs devront effectuer une combinaison d’action parmi 6 disponibles dont les exemples précédents sont issus. En fonction des actions, les joueurs comptabiliseront des dégâts sur leurs adversaires. Un mage dont les points de vie tomberaient à 0 serait considéré comme « Vaincu ». Alors que ce dernier rebooterait joyeusement depuis sa cellule, les vainqueurs se partageraient le butin de la victoire en point de puissance évidemment… Comme évoqué précédemment, lancer un sortilège génèrera de l’instabilité. Dès lors, un mage devra toujours poser un nombre de cube d’instabilité dans la salle dans laquelle le/les sortilèges auront été lancés. Si la jauge de la salle s’avère être remplie, la salle se détruira et son marqueur (et donc in facto son pouvoir) deviendra désormais inutilisable.

5 . La Phase d’Évocation est réservée aux créatures invoquées par les joueurs au cours du/des tours précédents. Ces dernières agiront/se déplaceront en fonction des informations définies sur leur carte. Tout dégât provoqué auprès d’un joueur par une créature sera considéré comme étant induite par son créateur – notion importante dans le cas où le mage concerné serait vaincu par une créature !

6 . Restera la Phase d’Entretien au cours de laquelle on procèdera à des vérifications tels que définir si une salle est détruite, vérifier si la Rose Noire ou l’un des joueurs a atteint 30 points de puissance (ou plus) et du coup, déclencher la fin du jeu. On défaussera également les sortilèges joués et on prendra soin de retourner les marqueurs d’activation. Notez que rien n’arrivera aux créatures ni aux mages lorsqu’une salle sera détruite. Si la fin du jeu a été déclenchée, il ne restera alors plus qu’à décompter les points de victoire pour déterminer qui deviendra le nouveau Grand Maître la Loge.

« Tout est affaire de rapidité. On profite de ce que l’autre n’est pas prêt, on surgit à l’improviste. » [Sun Tzu]

Black Rose Wars est une excellente surprise. Très instinctivement, on sent que les 3 ans de développement du jeu n’ont pas été passés en vain ! La lecture des règles démontre que l’équipe a peaufiné chaque détail et que tout a été pensé et repensé à plusieurs reprises. Malgré d’ailleurs une quantité de pages assez conséquente (38), les règles sont très simples à lire et à comprendre. Tout y est logique, bien explicité et parfaitement illustré. En un mot : limpide ! Un must pour ce genre de jeu dont les règles s’apparentent parfois plus à un gloubiboulga généralisé ; Ludus Magnus Studio a véritablement le soin du détail. 

Le jeu lui-même est très attractif et propose une série d’ingénieux mécanismes qui rendront assurément toutes les parties stimulantes et tendues, à commencer par l’entité derrière l’artefact qui aborde la partie tel un joueur supplémentaire, aussi pénible que puissant. Si tant est que l’on soit sensible au style, la charte graphique est tout bonnement magnifique ! Reste alors les figurines qui ont bénéficié de tout le savoir-faire accumulé depuis Nova Aetas. Le souci du détail est là encore au rendez-vous. Impressionnant.

Si par hasard, il devait s’avérer que vous fassiez partie des personnes ayant apprécié/appréciant le jeu de rôle Ars Magica, que les affrontements épiques entre Mages hantent encore vos mémoires et que les jeux de figurines ne vous révulsent pas, Black Rose Wars pourrait très vite devenir addictif ! Nous nous permettons dès lors de vous rappeler que l’abus de Black Rose Wars n’est pas, mais alors pas du tout dangereux pour la santé. Si le poste de Grand Maître de la Loge vous intéresse…

Rédacteur de l’article : Patrick 

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