Au loin, la tour de l’île de Pharos et surtout les lumières du port d’Alexandrie… celles qui pourraient peut-être faire naufrager les papillons de votre jeunesse ? Dans les rues de la cité égyptienne, règne une ambiance fébrile. Les scribes du palais véhiculent depuis quelques jours, des papyrus sur lesquels la Reine Bastet annonce ses prochaines festivités. Des festivités vouées à louer un culte sans faille aux représentations félines de son somptueux palais. Bien caché sous son manteau et accompagné de trois de ses gardes, le Dieu des morts, Anubis, arpente les sombres ruelles d’Alexandrie. Il voit les prochaines festivités comme le parfait moyen de mettre définitivement un terme au règne de Bastet. A la recherche d’un vil apothicaire et de quelques hommes de main, il prépare un plan machiavélique dont lui seul a le secret. Quoi qu’il en soit le temps de l’apaisement touchera probablement à sa fin en haute Egypte. Les Dieux risqueront bien de se livrer à un affrontement terrible qui bouleversera la dynastie des tout puissants pharaons.
Un jeu qui a du chien
L’éditeur américain Eagle-Gryphon Games (ci-après EGG) nous habitue depuis quelques années à des jeux à la thématique très présente. Passant des explorations maritimes au 16ème siècle, à la construction du chemin de fer ou même à l’exploitation d’une galerie d’Art, EGG nous est revenu il y a quelques mois avec un titre passé presque inaperçu et consacré aux Dieux égyptiens. Heir to the Pharaoh (L’héritier du Pharaon) a fait l’objet d’un financement participatif puis s’est timidement installé sur les étagères de quelques-unes de nos crèmeries.
Dans ce jeu d’Alf Seegert, destiné à deux joueurs pour des parties d’environ 90 minutes, Pharaon, déçu par ses enfants, décide de favoriser ses animaux de compagnie. Sa prochaine succession ira donc soit à Bastet, la divinité féline soit à Anubis, la divinité canine mais aussi dieu des morts. Ainsi, vous allez tenter d’attirer les faveurs de Pharaon en construisant des temples, des obélisques et surtout une imposante pyramide.
Tu y joueras avec momie ?
Un joueur jouera la déesse féline Bastet et l’autre jouera le dieu canin Anubis. Durant la partie, vous recevrez de l’aide de plusieurs autres dieux qui offriront leurs services à celui qui aura fait la plus forte enchère. En réalisant des actions uniques, réservées à chaque dieu, vous construirez des monuments en essayant de les aligner pour pointer vers les autres bâtiments, gagnant ainsi de l’influence sur le pharaon et surtout des points de victoire. Dès que la pyramide est achevée, le joueur qui a le plus de points de victoire devient l’héritier du pharaon et remporte la partie.
La première étape du jeu consiste en une phase d’enchères. Pendant la phase d’enchères, vous révélez en même temps une carte d’enchères de votre main, pour en faire une offrande à chaque Dieu dans le palais. Si votre offrande est la plus élevée, vous remportez la faveur du Dieu et vous vous emparez de la carte mise aux enchères. Certaines enchères peuvent également être influencées par des cartes de magie animale que vous disposez dans votre main. Ces cartes doivent être jouées avant le tour d’enchères. On procède ainsi, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de Dieu présent dans le palais.
Vient ensuite la phase d’action qui consiste à résoudre les effets des différentes cartes Dieux qui se trouvent désormais en possession des joueurs. Il est ainsi possible de placer un jeton monument actif sur le plateau de jeu, de le faire pivoter, de prendre une carte du monument actif pour la placer devant soi, de placer un de vos disques de joueur sur le marqueur du soleil ou même de piocher des cartes de magie animale. Les différentes actions permettent à chaque fois de marquer des points de victoire. La carte Pharaon ne peut en revanche être en possession d’aucun joueur. En revanche, elle permet plusieurs fois dans la partie de marquer des points de victoire pour la construction de la pyramide. Lors de la résolution de la carte du Dieu Thot, vous échangez alors toutes les cartes d’enchères utilisées pendant cette manche avec celles de votre adversaire. Le marqueur du soleil est également avancé, une nouvelle carte de monument est révélée, tous les dieux sont à nouveau convoqués au palais et un nouveau tour peut commencer.
La partie se termine immédiatement lorsque le marqueur du soleil revient là où le soleil était parti. Vous procédez ensuite à un décompte des points. Vous marquez des points avec les cartes de magie animale inutilisées, les soleils marqués sur le plateau de jeu, des points pour la pyramide et pour les alignements de monuments présents sur le plateau.
Pyramide, sans Mironton ni Barjabulle
Comme à son habitude avec EGG, on débute par être totalement sous le charme de la qualité du matériel. Cartes toilées, cartons épais, jolis composants en bois (avec des composants collector pour la version Kickstarter), thermoformage avec couvercle et même encoches dans le couvercle de la boîte de jeu pour une ouverture facilitée. Au niveau matériel, aucune fausse note. Visuellement, les illustrations également de toute beauté ; davantage encore si on apprécie la culture égyptienne. Les couleurs sont vives et les dessins sont tous finement réalisés. Les cartes donnent réellement l’impression de se retrouver avec de véritables papyrus entre les mains. Encore plus grâce au toilage qui y a été appliqué.
Coté règle, un livret plutôt dense et riche en informations. La prise en main n’est pas des plus simples mais pas non plus d’une grande complexité. Il faut en revanche bien assimiler les nombreuses petites subtilités des tours de jeu. Alors, la partie peut réellement débuter mais on y voit vraiment plus clair après une partie d’initiation. Les tours de jeux sont relativement tendus et dans la phase d’enchères, chaque action doit être anticipée et calculée. Tout se détend avec la phase d’action qui permet alors de mettre en place sa stratégie. Une stratégie qui peut être très variée car il existe plusieurs façon d’obtenir des points de victoire. Les joueurs devront alors se concentrer sur les éléments qui leur permettront de scorer tout en essayant de ne pas faciliter le jeu adverse. Et si on évoque cet élément, c’est que Heir to the Pharaoh, dispose d’une originalité peu commune en matière de mécanisme. En effet, lors de la phase d’enchères, toutes les cartes jouées de notre main, sont alors transmises à notre adversaire qui pourra alors les utiliser. Ainsi, il convient de doser subtilement sa puissance de jeu car une carte trop forte se retrouvera inévitablement dans la main de son adversaire. A contrario, jouer une valeur trop faible impliquera éventuellement de ne pas s’emparer du Dieu voulu, mais contribuera à affaiblir le deck de l’autre joueur.
Vous l’aurez compris, nous avons particulièrement apprécié cette petite particularité qui donne ainsi un véritable attrait à Heir to the Pharaoh. Cumulé aux multiples stratégies à mettre en place pour s’octroyer des points de victoire et à la qualité du matériel, le titre d’EGG mérite d’être reconnu à sa juste valeur. Une jolie découverte qui nous plonge au cœur de l’Egypte pour des parties riches en stratégie.
Le jeu est disponible uniquement en Anglais mais une version française de la règle, mise en page, existe en téléchargement. Et ce n’est pas tout, toutes les cartes du jeu sont également disponibles en téléchargement et en français. Il n’y a plus qu’à imprimer le contenu, éventuellement à le sleever et à y jouer !
Maintenant, à vous de vous forger votre propre avis.
La règle du jeu en français
Les cartes du jeu en français 1/4
Les cartes du jeu en français 2/4
Les cartes du jeu en français 3/4
Les cartes du jeu en français 4/4
La fiche du jeu sur Boardgamegeek
Le site de l’éditeur Eagle Gryphon Games
Rédacteur de l’article : Léo
Informations destinées aux personnes avec un handicap
En complément à nos articles, nous transmettons ci-dessous des précisions destinées aux personnes présentant une atteinte à la santé (visuelle, auditive ou déficience intellectuelle) :
– Ce jeu demande une bonne capacité de réflexion et semble peu compatible avec une déficience intellectuelle.
– Ce jeu semble ne présenter aucune autre limitation particulière.