Bon les gars, le topo est simple. On ne va pas se laisser dépasser par ces tendres écologistes qui ne souhaitent que planter des arbres sur Mars. OK ? On a repéré dans l’hémisphère sud, un ensemble de mines de titane. Il faut absolument mettre la main dessus pour asseoir notre domination technologique. L’échec ne sera pas acceptable ! J’ai besoin qu’on bâtisse des cités, qu’on construise des usines et des chaînes de production ! J’ai mis ma fortune personnelle dans ce projet et je compte sur vous pour atteindre les objectifs qui nous rendront riches…
Il est depuis 2016, devenu un incontournable des jeux de plateau. Hissé par les joueurs à la 4ème place du classement BGG qu’il truste depuis un bon moment maintenant. Terraforming Mars est LE titre dont tous les amateurs de gros jeux ont déjà joué ou à minima entendu parler. Cet opus créé par les frères Fryxelius, qui sont d’ailleurs au four et au moulin (à savoir de la création à l’édition en passant par les illustrations), vous missionne de participer à la terraformation de la planète rouge pour le solde d’une grande corporation terrestre.
Ce jeu, que nous pouvons difficilement catégoriser, tellement de mécanismes ou systèmes de jeu le composent, est prévu pour 1 à 5 joueurs pour des parties allant de 45 minutes (en solitaire) et jusqu’à plusieurs heures ! Pour la version française, c’est Intrafin Games qui s’est chargé de la localisation.
Dans Terraforming Mars vous trouverez du draft de cartes, de la gestion de mains de cartes du placement de tuiles, de l’achat d’actions, de la collection de sets ainsi que de la gestion de ressources… Un vrai méli-mélo de systèmes de jeu mais qui n’est pas aussi compliqué qu’il en a l’air. En fait, ce doux mélange fait que le jeu fonctionne particulièrement bien, offre énormément de possibilités, ainsi que de rejouabilité, sans avoir une grande complexité. Mais, rendez-vous sur la planète rouge et voyons cela plus en détail…
Des coorp pas coop !
Votre but dans Terraforming Mars est d’avoir le plus de points de victoire, une fois la planète rendue habitable. Et pour rendre la planète rouge habitable nous devons la terraformer afin d’augmenter trois paramètres globaux : l’eau, l’oxygène et la température. Une fois ces trois paramètres à leur niveau maximum, la fin du jeu est déclenchée et un décompte de points a lieu.
Concrètement, vous serez à la tête d’une corporation et devrez construire des projets afin de vous démarquer des autres et créer votre moteur de jeu. Un moteur de jeu que vous devrez mettre en place avec quelques ressources qui vous seront allouées en fonction de votre niveau en début de tour : MégaCrédit (argent), acier, titane, plante, énergie et chaleur.
Le système de jeu est à la fois complexe et simple. On va jouer un enchaînement de tours appelés des générations jusqu’au déclenchement de la fin de la partie. Une génération commence avec un draft entre les joueurs, de quelques cartes “projets” puis un choix de conservation de ces cartes contre de l’argent. Ensuite, à partir du premier joueur et jusqu’à ce que tout le monde passe, vous allez pouvoir jouer une ou deux actions parmi les suivantes : construire un projet (carte), construire un projet standard, acquérir un objectif, financer une récompense, activer une carte bleue ou encore convertir des ressources. Vous allez ainsi au fur et à mesure des générations, jouer une multitude de cartes qui déclencheront des effets, pouvant se comboter mais surtout qui apportant des points de victoire en fin de partie.
Pour terraformer, Intrafin a mis le paquet !
Lors de l’ouverture de la boîte de base de Terraforming Mars, on se rend vite compte qu’il y a pas mal de matériel. Plus de 200 cartes, 80 tuiles hexagonales (villes, forêts ou lieux) et plus 400 cubes aux couleurs des joueurs et des ressources. Ajoutés à cette petite liste se trouvent également 5 plateaux joueurs et 1 plateau central. Le matériel est de qualité standard et on ne saurait trop vous conseiller de sleever les cartes pour les protéger tellement on les manipule.
Au niveau des illustrations, celles des cartes sont très jolies, variées et toujours en relation au thème du projet qu’elles accompagnent. Avec le plateau et les diverses tuiles, l’adhésion au thème est réelle. Le matériel est composé essentiellement de pictogrammes facilement compréhensibles mais il y a tout de même un peu de texte sur les cartes essentiellement afin de préciser les actions liées aux projets.
Contrairement aux idées reçues, liées au fait que les parties sont un poil longues, la règle de Terraforming Mars est vraiment simple à appréhender. Il y a peu de pages et le fonctionnement des phases de jeu et du scoring est facile à comprendre. Le livret a également été très bien pensé, avec de nombreuses illustrations et différents exemples. Une fois les règles comprises, tout ce dont on a besoin de savoir se situe sur les diverses cartes que l’on joue au fur et à mesure de la partie. Expliquer ces règles est tout aussi simple et il ne prend que quelques minutes pour que tous les protagonistes soient prêts à jouer.
En ce qui concerne la mise en place, il vous faudra une petite dizaine de minutes pour que cette dernière soit effectuée. Si celle-ci est relativement courte il faut savoir que le démarrage avec les choix des corporations et des projets de départ pourra délayer d’une dizaine de minutes supplémentaires selon votre vélocité avant de vous lancer complétement dans le cœur de la partie.
La prise en main est quasi-immédiate. On comprend rapidement que nous allons jouer chaque génération jusqu’à épuisement des ressources. Durant notre première partie, il y aura sûrement des questions concernant certains projets afin d’éclaircir ce qu’ils peuvent nous apporter mais cela n’impacte pas ou peu la prise en mains de Terraforming Mars.
Là où les mécanismes de jeu sont assez simples – conquête de territoire, collection de cartes et gestion de ressources – ceux de scoring le sont un peu moins. Car il y a plusieurs façon de scorer : au fil de la partie, avec les projets créés et grâce à la conquête territoriale de mars. Vous mélangez tout ça et vous obtenez un résultat qui souvent apparaît surprenant mais pas moins efficace et agréable.
S’il est une chose qui a su convaincre les joueurs de Terraforming Mars c’est bel et bien l’efficacité thématique du titre. De par le matériel ou encore les sensations de jeu, tout nous embarque dans l’aventure de terraformation de la planète rouge.
Lorsqu’il est sorti, l’originalité a marqué Terraforming Mars car il n’y avait pas de jeux qui utilisaient ce mélange de mécanismes tellement efficaces. La façon d’utiliser les cartes afin de pouvoir se développer, s’étendre et augmenter nos productions de ressources est vraiment excellente. De plus, la thématique d’exploitation spatiale n’était pas très commune en 2016. Tout cela crée un cocktail détonnant, pour notre plus grand plaisir.
Même si une partie peut être longue, on vous l’a dit, les tours de jeux sont plutôt de durée correcte. La limitation à deux actions par tour aide beaucoup à ce que l’attente soit courte. Il se peut cependant que cette attente soit allongée à cause d’un phénomène d’analysis paralysis mais cela est fréquent dans ce type de jeu. Choisissez vos amis ! Privilégiez des martiens ! Surtout qu’il y a peu d’interactions entre les joueurs; mais elles existent quand même. Notamment au travers de projets pouvant impacter d’autres corporations, la course à la conquête de territoire sur la planète rouge ou encore à cause du fait que ces les joueurs qui peuvent accélérer ou ralentir le jeu selon leurs actions.
La rejouabilité est grande, le nombre de cartes projet ou encore les différentes corporations font qu’aucune partie ne se ressemblera. On va souvent jouer d’opportunisme pour donner une direction à sa partie. Le plaisir du jeu se trouve dans la gestion, l’opportunisme mais il est clair qu’on se trouve loin d’un jeu d’ambiance. On ressent de la tension à la table lors d’une partie, chacun surveille ses concurrents et on optimise au mieux.
Quel que soit le nombre de joueurs, les parties sont mémorables, l’intensité, le plaisir, l’envie de réussir : tout est présent. Ce qui va changer c’est surtout la durée. A 5 joueurs il est fréquent d’atteindre les 4h de partie ou plus. Cependant, il est recommandé de jouer entre 1 et 4 joueurs pour profiter vraiment de l’expérience de jeu. Si à 2 ou plus les règles ne changent pas et qu’il n’y a pas d’adaptation, en solitaire il y a quelques modifications. D’ailleurs nous allons entrer un peu plus en détail sur cette variante solo.
Comme Matt Damon, seul sur Mars
En solo, le challenge est un peu différent. Pour réussir, nous devrons jouer 14 générations et réussir à terraformer la planète rouge (chaleur, lac et oxygène) avant la fin de cette dernière génération. Si vous y arrivez votre score reflétera votre efficacité.
Lors d’une partie en solitaire, arriver à atteindre l’objectif n’est pas facile du tout. Il faudra faire preuve d’efficacité et surtout ne pas s’éparpiller, car les points de victoire ne valent rien si la terraformation n’est pas achevée. Le challenge est double mais cela reste très agréable et la tension ressentie est grisante. Un must have dans une ludothèque de solopathe !
Les petits hommes verts se font poser des extensions
Si le titre des frères Fryxelius est un tel succès, c’est également grâce à ses extensions. Aujourd’hui, au nombre de 4 plus une 5ème arrivant à l’automne issue d’une campagne de financement participative.
La première, Hellas & Elysium, vous propose de jouer sur deux faces différentes de la voisine de la Terre apportant davantage de rejouabilité. De notre avis, c’est une très bonne idée car ces plateaux supplémentaires nous permettent de varier les stratégies. Par ailleurs, ils nous offrent également des objectifs et des récompenses différentes pour varier les choix et les stratégies pendant la partie.
La seconde, Venus Next, vous demande de rendre l’atmosphère de la planète Venus viable en supplément des variables martiennes. Cette extension est sans doute la moins appréciée. En effet, rendre l’atmosphère de cette planète viable n’est pas un but. Cela apporte un autre moyen d’obtenir des points de Niveau de Terraformation mais rien de plus. Cependant elle apporte tout de même un ensemble de projets intéressants permettant d’agrandir le nombre de cartes pouvant être mises en jeu.
La troisième, Prélude, permet de donner aux joueurs un départ plus important à leurs corporations grâce à l’apport de cartes « prélude » permettant de booster ces corporations. Un complément bien intéressant car il guide dès l’entrée de jeu vers une stratégie orientée en rapport à ces fameuses cartes prélude.
La quatrième, Colonies, vous emmène à coloniser ou commercer avec les lunes du système solaire afin de gagner des avantages non négligeables pour votre développement. Les colonies ne sont pas une contrainte. Investir dans ces dernières peut vous aider dans vos stratégies mais il n’est pas indispensable de commercer ou coloniser ces lunes. Néanmoins, elles apportent un vrai plus dans les parties offrant des possibilités qui permettent de propulser notre corporation vers la richesse et la gloire !
Et la dernière en date, Turmoil, qui arrivera prochainement, et qui nous fait participer à la vie politique de Mars. Cette extension apporte des mécanismes et des choix de développements supplémentaires. Elle permet donc d’enrichir d’avantage le jeu. Les « bonus » de la campagne sont clairement ce qui peut faire balancer le choix de participer à cette dernière.
Ces extensions bien que nombreuses, apportent un réel intérêt et renouveau à cette licence devenue culte. Nous vous conseillerons de les acquérir dans l’ordre suivant par rapport à l’intérêt de chacune d’entre elles : Prélude, Hellas & Elysium, Colonie et Venus Next. Turmoil est très prometteur et devrait se situer à peu près au même niveau d’intérêt que Colonie… à notre avis.
76 millions de kilomètres plus tard…
Terraforming Mars est un jeu vraiment génial ! D’ailleurs, ce n’est pas pour rien qu’il a décroché plusieurs prix « expert » dont l’as d’or en 2018. Il ne démérite pas, mais souvent, il faut passer la première impression pouvant exister à la vue du matériel pas toujours « sexy » il faut bien le reconnaître. Cependant, l’essayer c’est souvent l’adopter tellement la profondeur du titre et le plaisir à jouer sont présents. Il fait partie des rare jeux qui malgré la longueur des parties nous donnent envie de jouer et rejouer sans se lasser.
Lorsqu’on possède toutes les extensions, il y a tellement de cartes projet que cela nous donne davantage de façons et possibilités de mener à bien la terraformation de la planète rouge que cela rend ce jeu jouable à l’infini ! Que du bonheur !
Maintenant, à vous de vous forger votre propre avis.
La règle du jeu en français
La fiche du jeu sur le site Board Game Geek
La page Intrafin
Rédacteur de l’article : Sylvain
Informations destinées aux personnes avec un handicap
En complément à nos articles, nous transmettons ci-dessous des précisions destinées aux personnes présentant une atteinte à la santé (visuelle, auditive ou déficience intellectuelle) :
– Ce jeu demande une bonne capacité de réflexion et semble peu compatible avec une déficience intellectuelle.
– Ce jeu semble ne présenter aucune autre limitation particulière.