Le vent souffle doucement. Juste assez pour que la poussière virevolte dans l’air. Pas un son, pas un bruit. Puis finalement de légers cliquetis résonnent au loin. L’électricité semble se mettre en mouvement au sommet de la caténaire. Les voies transportent finalement une sonorité qui devient de plus en plus présente. Un grondement sourd qui s’affine et qui révèle à présent une motorisation se déplaçant à grande vitesse. A plus de 210 km/heure le direct reliant Tokyo à Nagoya file à une allure déjà vertigineuse. Et cela ne fait qu’augmenter. Depuis les voitures, le paysage défile tel une pellicule de cinéma qui n’aurait pas été calibrée à la bonne vitesse. Les voyageurs en auraient presque des céphalées à force de vouloir admirer l’impossible. Dans quelques dizaines de minutes, le numéro TX217 fera son entrée à Meieki, la station principale de la ville. Un arrêt de quatre minutes où chaque seconde sera millimétrée. Chargement, déchargement, changement du personnel de cabine et des mécaniciens. Rien n’a été laissé au hasard.
Si vous pensiez honnêtement que le rail ce n’est pas du sérieux, c’est que vous faites fausse route. Ou plutôt fausse « voie » ! Les michelines, aiguillages et autres passages à niveau ont toujours forcé l’admiration des passionnés. Et justement, quoi de plus intéressant que de transposer tout cet univers sur un plateau de jeu. Bien sûr ce n’est pas novateur et la thématique a souvent été utilisée dans le monde du jeu. N’empêche que Trains est une petite référence du genre qui a maintenant fait sa place dans l’univers du deckbuilding. Parce que oui, c’est bien de cela dont il est question.
Le titre est prévu pour deux à quatre joueurs pour des parties d’environ 45 minutes. Facilement accessible, Trains peut être abordable par des petits mécaniciens en herbe de moins de dix ans. Et c’est du côté du Japon que le jeu a vu le jour dans l’imaginaire de Hisashi Hayashi. Il faut dire que l’auteur nous est déjà bien connu avec des titres comme « En route vers les Indes », « Isaribi » ou plus dernièrement l’excellent « Yokohama ». Édité initialement en 2012 chez AEG, Trains a déjà connu plusieurs extensions, packs additionnels et surtout une localisation en français; celle qui nous intéresse. C’est donc deux ans plus tard que Filosofia a eu la très bonne idée de nous proposer cet opus dans la langue de Molière.
Dans Trains, vous devrez construire et gérer votre réseau ferroviaire. Sur un mécanisme de deckbuilding, vous achèterez des cartes, toutes en rapport avec le milieu ferroviaire, pour vous positionner efficacement sur le plateau de jeu. Un grand plateau de jeu composé d’hexagones où vous ferez sortir de terre les voies et surtout les gares de votre réseau. Les cartes de Trains serviront non seulement à vous faire parvenir à vos fins mais aussi à optimiser ou à entraver votre jeu. Vous achèterez des bâtiments, gérerez les déchets de vos constructions, utiliserez vos trains à grande vitesse ou vos convois régionaux. Les villes de la cartes devront être reliées efficacement pour gagner des points de victoire et ainsi gagner la partie.
Trêve de bavardage, le prochain départ est annoncé dans quelques minutes. Il est temps de prendre vos bagages et de monter avec nous en voiture pour un petit résumé de la règle du jeu.
Je des rails, tu des rails, il des rails, nous…
Voilà, c’est fait ! Vous êtes aux commandes et il vous appartient désormais de créer votre réseau ferroviaire. A la fin de la partie, le joueur qui disposera du plus de points de victoire l’emportera.
Avant de débuter la partie, chaque joueur se positionne sur un premier hexagone du plateau de jeu et reçoit ses dix cartes de départ. La réserve des cartes communes est ensuite constituée de seize types de cartes différentes, dont huit qui sont renouvelées à chaque partie.
A son tour de jeu, le joueur actif aura en main cinq cartes qui seront piochées depuis son deck personnel. Vous pourrez jouer des cartes de votre main et en acheter d’autres de la réserve commune. Lorsque vous jouez une carte, vous générez autant d’argent que la valeur indiquée en haut à gauche de cette dernière. L’argent n’est utilisable que pendant le tour actif et permettra soit d’acheter d’autres cartes soit de s’acquitter de certains surcoûts de construction sur le plateau principal. Acheter une carte signifie simplement s’emparer d’une carte de la réserve commune et, à la fin du tour, de la placer dans votre défausse personnelle. Si la carte jouée de votre main est une carte d’action, vous pouvez en appliquer immédiatement l’effet.
Certaines cartes vous obligeront à vous emparer de cartes « ferraille ». Ces dernières n’ont aucune utilité. Chaque construction génère obligatoirement des déchets et elles viendront logiquement encombrer votre deck. Certaines cartes vous permettront de vous en débarrasser mais il vous est aussi possible de passer intégralement votre tour pour vous débarrasser définitivement de la ferraille que vous avez en main.
Les cartes de construction vont vous permettre d’agrandir votre réseau ferroviaire sur le plateau de jeu central. Ainsi, vous pourrez construire des voies. Les voies sont nécessaires pour s’étendre sur le plateau de jeu. Mais vous ne pourrez vous étendre que sur des hexagones adjacents à une position que vous occupez déjà. Relier les villes vous permettra ainsi de gagner de précieux points de victoire. Si un autre joueur a déjà construit des voies sur un hexagone du plateau, vous devrez alors vous acquitter d’un surcoût en payant avec l’argent généré par les cartes que vous avez en jeu. A noter que certains terrains, comme les rivières ou les montagnes, engendrent aussi des surcoûts de construction. Dans les villes, vous pourrez également y construire des gares. Dans chaque ville, le nombre de gare y est limité ; entre une et trois au maximum. A la fin de la partie, plus vous possédez de gares et plus vous pourrez marquer des points de victoire.
A préciser encore qu’il existe des cartes de bâtiment qui n’ont aucun effet, qui ne génèrent aucun argent, mais qui permettent de marquer des points de victoire en fin de partie.
Lorsque vous avez fini de jouer vos cartes et de vous étendre sur le plateau de jeu, votre tour est à présent terminé. Vous procédez à la phase d’ajustement en plaçant dans votre défausse les cartes présentes sur votre zone de jeu. Vous complétez votre main avec les cinq nouvelles cartes de votre pioche et le joueur suivant peut alors débuter son tour.
La partie se poursuit ainsi jusqu’à ce qu’un joueur ait utilisé tous ses jetons rails, que toutes les gares ont été placées sur le plateau principal, ou que quatre piles de cartes de la réserve commune soient vides. Il est ensuite temps de compter les points de victoire et de déterminer le grand vainqueur.
Gare à prendre la bonne Voie !
Une grande boîte carrée, une illustration plutôt tape-à-l’œil et une thématique passe-partout. Trains est une opus qui soulève indéniablement de l’intérêt. Mais alors pourquoi vous parler d’un titre édité en 2012 et localisé en 2014 ? Parce que Trains est réellement idéal à l’initiation au deckbuilding. Il n’y a pas que Dominion qui peut faire l’affaire; voici une belle alternative qui ne mérite nullement une voie de garage.
Le matériel de jeu se compose basiquement d’une série de cubes en bois pour représenter les voies et les gares, un grand plateau de jeu et surtout, un gros deck de plus de 500 cartes. Des cartes joliment illustrées, toutes dans l’univers du chemin de fer. La boîte contient un thermoformage laissant la place aux extensions ainsi que des mousses et des intercalaires pour un rangement plutôt efficace.
Oups ! Le chef de gare nous rappelle à l’ordre car on oublie le livret de règle. Un document rapidement compulsé qui présente simplement le jeu en quelques pages et qui permet une prise en main plutôt efficace. Concrètement, nous sommes sur une mécanique très simple, mais pas simpliste, et le jeu s’apprivoise facilement en quelques minutes. Il faut simplement prendre le temps de comprendre les cartes mises en jeu pour la partie, et le tour est joué.
Tout simplement, des cartes sont achetées puis dépensées pour en acquérir de nouvelles. Et les différents effets vont permettre de construire notre réseau sur le plateau de jeu. Il y a donc naturellement de la gestion et de l’optimisation de main, typique d’un deckbuilding. Ces mécanismes se complètent avec le positionnement stratégique des voies et des gares, sur le plateau central. Tout les joueurs se livrent là une « bataille » où il est important de ne pas laisser un de ses adversaires prendre trop d’avance. Le plateau permet de scorer en fonction du positionnement de son réseau sur les villes et en fonction des gares qui y sont construites. Les cartes vont aussi permettre de marquer des points de victoire, ce qui permettra aux joueurs de ne pas se retrouver figés dans un seul axe menant à la victoire.
Trains exploite merveilleusement sa thématique et en fait donc un titre très convivial. Mais l’opus offre aussi une belle accessibilité en terme de gameplay et s’avère « l’outil » idéal pour s’initier au deckbuilding. Omnibus puis évoluant vers le TGV, ce jeu monte en puissance et se révèle au gré des parties ! Il y a de quoi faire usage de stratégies variées sans pour autant que cela devienne une véritable « prise de tête ». On aurait presque tendance à affirmer que la légèreté et la convivialité vont s’installer naturellement autour de la table. Du moins jusqu’à ce que les hexagones du plateau principal deviennent très disputés.
Pour des parties à deux joueurs, l’éditeur propose un pack additionnel sous la forme d’un nouveau plateau de jeu réversible qui réduit drastiquement l’espace de jeu. Pour nous, il s’avère presque indispensable dans cette configuration. A deux, le plateau de jeu mérite réellement un confinement des possibilités afin que les joueurs n’aient pas trop l’opportunité de jouer « dans leur coin ». L’idée de ces plateaux additionnels apportent donc une nouvelle configuration très appréciée pour des parties en duo.
Idéal pour débuter dans le domaine passionnant du deckbuilding, thématiquement prenant et vraiment convivial, Trains dispose de sérieux atouts. Le jeu nous a ravis par une incroyable rejouabilité grâce à son deck imposant et ses configurations riches et variées. Facilement pris en main et ne manquant pas de stratégie, voilà de quoi nous ravir pour des heures et heures de voyage en première classe !
Maintenant, à vous de vous forger votre propre avis.
La règle du jeu en français et en vidéo
Une variante solo en français
Une partie en duo dans la Zone jeu de société
Le site de l’éditeur Filosofia
Rédacteur de l’article : Léo
Informations destinées aux personnes avec un handicap
En complément à nos articles, nous transmettons ci-dessous des précisions destinées aux personnes présentant une atteinte à la santé (visuelle, auditive ou déficience intellectuelle) :
– Ce jeu demande une bonne capacité de réflexion et semble peu compatible avec une déficience intellectuelle.
– Ce jeu semble ne présenter aucune autre limitation particulière.