Les lanternes ont été suspendues dans toutes les rues de la cité. Dans l’allée principale, les moines ont mis en place de grands drapés rouges qui mènent jusqu’à l’immense salle d’audience. Le blason impérial flotte au vent et la ferveur se fait clairement ressentir. Toute la semaine, nobles, princes et autres samouraïs ont répondu au message qu’ils ont reçu. Un message signé par l’Empereur Sukö en personne. Conviées en assemblée extraordinaire, toutes les personnalités influentes de l’Empire du soleil levant sont présentes. Et finalement, les moines font retentir les gongs, tous se lèvent et c’est au tour de la garde de faire son entrée, puis une chaise à porteur sur laquelle le Souverain y est majestueusement installé. Sukö est finalement installé devant l’assistance et le regard en direction du ciel, il proclame solennellement… l’état de guerre !
Vous l’aurez compris, aujourd’hui c’est un jeu japonais que l’on vous fait découvrir. Une petite boîte qui nous vient tout droit de Tokyo, où l’opus a été imaginé par l’éditeur nippon Madara LLC. Zipang Portable n’est toutefois pas encore officiellement disponible à l’heure où nous rédigeons ce sujet (janvier 2018). Le jeu a connu un financement participatif et la production bat son plein.
L’histoire débute donc sur la terre lointaine et reculée de Zipang, au Japon. Un endroit ravagé par le conflit militaire des seigneurs féodaux luttant pour le pouvoir et pour de nouveaux territoires. Pour venir en aide à cette région, nous devrons changer le cours de l’histoire et réécrire son destin. Mais la guerre deviendra inévitable.
Zipang Portable est un titre un peu particulier d’uniquement 30 cartes. Les parties se jouent entre quinze et vingt minutes, accessibles dès dix ans, pour deux à six joueurs. Vous connaissez Love Letter ? Et bien le principe de ce jeu s’en approche grandement, même si la thématique est totalement différente. Vous luttez pour imposer votre domination en amassant le plus de pièces (les Mangoku). Deux cartes en main en permanence; on en pioche une, on en joue une et c’est au joueur suivant ! Les cartes représentent les héros japonais des grandes batailles du 16ème siècle. Enfin, on parle de cartes mais on devrait plutôt évoquer des estampes, qui ont d’ailleurs toutes été réalisées par plusieurs illustrateurs japonais dans la plus pure tradition, au style presque inimitable. De quoi nous plonger littéralement dans les merveilles des grandes traditions d’Ôyashima !
Avant de vous résumer la règle, autant prévenir immédiatement que Zipang Portable n’est pas disponible en français. Uniquement en japonais et en anglais. Il existe néanmoins une règle vidéo en français et le matériel de jeu ne comporte aucun texte utile à la partie. Mais nous allons vous expliquer comment y jouer; rien de bien compliqué.
Juste une carte…
Avant de commencer la partie, chaque joueur reçoit deux cartes ainsi que des pièces, les Mangoku. Les Mangoku sont utilisés en quantité variable en fonction du nombre de joueurs. Les cartes suivent le même principe puisqu’on en retire également quelques-unes selon le nombre de joueurs autour de la table.
La partie s’articule autour de différentes campagnes (comprenez par là, différentes manches). On continuera de jouer des campagnes jusqu’à ce qu’un joueur ne disposera plus d’aucun Mangoku. Le plus riche sera déclaré vainqueur.
Au début d’une campagne, tous les joueurs contribuent à la « mise de départ » en plaçant chacun un Mangoku au centre de la table. Puis le premier joueur pioche une carte. Il se retrouve alors avec trois cartes en main. Ce dernier doit alors jouer une et une seule carte et en appliquer immédiatement son effet. Puis c’est au joueur suivant. Une campagne se termine s’il n’y a plus de Mangoku, si la carte Empereur est jouée ou si la pioche centrale est épuisée. En fin de campagne, le joueur qui cumule le plus de point d’honneur avec ses cartes en main remporte tous les Mangoku présents au centre de la table. A noter que les joueurs peuvent se faire éliminer avant même la fin de la campagne. Ensuite, une nouvelle campagne débute.
Regardons encore quelques effets des cartes. Vous pouvez par exemple voler des Mangoku à un autre joueur, attaquer d’autres joueurs, mettre fin à la campagne (uniquement avec l’unique carte Empereur), regarder les cartes d’un autre adversaire, jouer une carte d’un autre adversaire ou même rejouer une carte présente dans la défausse.
Pas sans rappeler Love Letter
Un jeu venu du Japon, des illustrations traditionnelles, une petite mécanique original, typique de ce coin du globe… Il n’en fallait pas plus pour attirer notre curiosité. Et on n’a pas été déçus !
Dans sa toute petite boîte version « portable », Zipang réunit trente pièces en carton, six aides de jeu, un livret de règles et surtout, trente cartes de jeu. Des cartes magnifiquement illustrées par plusieurs artistes japonais, style estampes, dont on ne peut qu’admirer le travail d’illustration et de mise en couleur. Pensez à les sleever car on manipule ces cartes continuellement.
Pour les instructions d’utilisation, il faudra choisir entre un feuillet en anglais ou en japonais. Le document est néanmoins bien présenté et bien rédigé, lequel ne laisse pas de place au questionnement. Il faut aussi reconnaître que la règle est particulièrement simple. Et donc, côté prise en main, cela se ressent. Mais si Zipang est plutôt facile d’accès, comptez quand même une ou deux parties afin de maîtriser correctement les divers effets des cartes.
Et justement, tout le piment du jeu se trouve bien sûr ces quelques effets. On connaît le Japon pour son goût de « l’épuré », sans fioritures, et justement, Zipang n’échappe pas à la règle. Sur chaque carte, un personnage. Et rattaché à chaque personnage, un effet à utiliser. Tantôt une attaque, tantôt un effet visant à chaparder quelques pièces ou encore regarder les cartes de son adversaire. Voilà que ces différents effets vont indéniablement rythmer et diversifier des parties tout en subtilité.
Les mécanismes du jeux ne sont pas sans rappeler Love Letter. Ce n’est pas forcément le plus pertinent que de comparer les jeux entre-eux, mais là, impossible de ne pas associer ces deux opus. Certes, dans Zipang, les joueurs disposent en permanence de deux cartes en main, contre une pour Love Letter. Mais sinon, on se retrouve bien avec le principe de « piocher une carte / jouer une carte ». Tout tourne autour de la gestion de main avec une question qui revient en permanence : Quel est le meilleur moment pour jouer une de mes cartes ? Et si le moment du déclenchement de l’effet revêt une importance capitale, cela n’est pas sans compter quelques combots qui sont également possibles. En particulier grâce au fait de pouvoir reprendre des cartes dans la pioche. Plutôt déroutant ! Vous pensiez qu’une carte déjà jouée ne reviendra pas… et bien si ! Un joueur peut décider de la reprendre et d’activer son effet, mettant ainsi à mal votre stratégie.
Certes, les joueurs sont tributaires des cartes piochées et on vous voit déjà derrière votre écran en train de moroner « oui, mais moi je ne veux pas un jeu de hasard ! ». Roh, vilains petits rabat-joie que vous êtes ! Mais en l’occurrence Zipang implique qu’il faut s’adapter au jeu que l’on a en main. On ne subit absolument pas le jeu et toutes les cartes permettent d’avancer vers la victoire ou de la déclencher immédiatement. Il faut juste faire preuve de stratégie, de réflexion et de perspicacité. Tel un véritable samouraï japonais !
Même à deux joueurs le jeu fonctionne très bien. Il prend naturellement tout son intérêt dès quatre joueurs mais Zipang fonctionne en duo. Il faudra toutefois retirer quelques cartes et la règle reste inchangée. Stratégie, attaque et coups bas, à deux aussi tout est possible.
Un dernier mot sur l’interaction qui est constante. On échange avec les autres joueurs, on discute, on commente. L’opus est propice à cela et le temps passe vite en toute convivialité. Bien qu’au final le but reste de ruiner ses adversaires en les privant de leurs Mangoku. Ne l’oublions pas tout de même !
Derrière sa petite boîte qui ne paie pas de mine, Zipang nous offre le souffle du Japon traditionnel. Un style épuré, des mécanismes simples dotés d’une belle profondeur de jeu. On prend plaisir à déclencher les divers effets des cartes et à admirer les très belles illustrations colorées. Un titre qui ne connaît pas encore sa version francophone mais n’en reste pas moins une bien jolie découverte ! Sayônara amis joueurs !
Maintenant, à vous de vous forger votre propre avis.
Le site du jeu (en anglais)
La règle du jeu (en anglais)
Rédacteur de l’article : Léo
Informations destinées aux personnes avec un handicap
En complément à nos articles, nous transmettons ci-dessous des précisions destinées aux personnes présentant une atteinte à la santé (visuelle, auditive ou déficience intellectuelle) :
– Ce jeu semble ne présenter aucune limitation particulière.