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Harry Potter Hogwarts Battle, un deckbuilding interdit aux Moldus

par jeudeclick
Publié : Dernière mise à jour le 734 vues 16 minutes de lecture
Harry Potter Hogwarts Battle, un deckbuilding interdit aux Moldus

Nez crochus et regards vitreux, trois sorciers que personne ne connaît arpentent le chemin de traverse. Leurs bottes émettent de forts claquements et tout le monde se retourne sur leur passage. On chuchote qu’ils seraient des mangent-morts. Des adeptes de celui dont on ne prononce pas le nom. Mais que font-ils donc ici ? Après une arrivée remarquée par le réseau de cheminettes, les voilà qu’ils poussent la porte du magasin « Chez Folley », dans un puissant vacarme. La petite échoppe est bien connue et surtout très renommée pour y vendre toutes sortes de potions. Des potions souvent très rares que même les plus habiles sorciers peinent à préparer. Les trois hommes demandent de l’essence de Phénix. Le vendeur en reste bouche bée ! Personne depuis des années n’avait requis une telle commande. Tout le monde sait que l’essence de Phénix est employée pour de puissants sortilèges. Des sortilèges de magie noire… Des incantations qu’un seul homme oserait encore prononcer. Cette fois c’est évident, Lord Voldemort est bel et bien de retour !

Amis Moldus, vous voici désormais dans un monde qui vous est strictement interdit ! Le monde de la magie, le monde de J. K. Rowling, le monde de… Harry Potter ! Devenue culte en 1997 avec la sortie du premier livre, la franchise raconte l’histoire d’un jeune garçon, Harry, qui passera sept années de son enfance et de son adolescence à l’école de Poudlard pour y apprendre la magie. Harry et ses camarades vivront d’incroyables aventures et devront affronter le terrifiant sorcier, Lord Voldemort. Une saga littéraire rapidement adaptée au septième art et qui est tout naturellement, également déclinée en jeu de société.

On le sait bien, adapter une telle licence sur plateau est très souvent un exercice périlleux, pour ne pas dire « casse gueule ». Et rarement couronné d’un franc succès. Sauf que là, le résultat final orchestré par l’éditeur USAopoly, est franchement plaisant avec un deckbuilding prévu pour deux à quatre joueurs. La mention officielle ne le précise pas mais on peut d’ores et déjà vous dire que l’opus peut également être pratiqué en solo. Sans problème ! Accessible dès dix ans, Harry Potter Hogwarts Battle se jouera dans des parties entre 30 et 120 minutes.

Mais pourquoi un aussi grand écart entre le temps de jeu que nous vous annonçons ? Tout simplement car le titre présente une particularité au niveau de son mode de jeu. Harry Potter fréquentera sa scolarité à Poudlard durant sept ans. Et le jeu reprend ce concept avec des parties qui évolueront crescendo en sept étapes. Lorsque vous aurez accompli avec succès votre première partie, vous pourrez ouvrir une première boîte qui ajoutera du matériel supplémentaire. Et ainsi de suite, de parties en parties. Nouveaux sortilèges, nouveaux lieux, nouveaux méchants, nouvelles forces du mal, nouveaux alliés, matériel et gameplay supplémentaires… Le jeu, tout comme sa règle, vont évoluer pour vous proposer au bout de sept parties, un opus riche et complet dans le monde d’Harry Potter. Qu’on ne se méprenne pas, Hogwarts Battle n’est absolument pas un opus de type legacy. Au contraire, il enrichit petit à petit l’expérience ludique sans jamais rien détruire. A tout moment, vous pouvez décider librement d’ajouter ou non les nouveaux composants et les nouvelles règles, ou même de vous en passer pour vos prochaines parties.

Mais alors de quoi sera-t’il question ? Chaque joueur incarnera un personnage de la franchise et le but du jeu sera d’empêcher les forces du mal de prendre le contrôle de différents lieux fréquentés par vos amis sorciers. Avec un gameplay de type deckbuilding, vous ferez l’acquisition de cartes de sortilèges, d’alliés ou de différents items. Vous gagnerez des pièces d’or pour acheter de nouvelles cartes mais aussi des points d’attaque pour lutter contre Voldemort et toute sa clique. Et bien d’autres surprises encore…

Dernier élément à vous préciser, le jeu n’est disponible qu’en anglais et pour l’instant (octobre 2018), aucun portage n’est prévu en français. Mais rassurez-vous, nous avons joué à Hogwarts Battle avec des enfants de huit ans qui ne parlaient pas anglais et cela n’a posé aucun souci. Seuls quelques termes sont à comprendre et c’est d’une simplicité déconcertante. Mais nous allons y revenir dans un petit moment.

Sans rien vous divulguer, pour ne pas gâcher votre expérience et ne pas révéler les surprises que vous réserve cette boîte de jeu, on vous résume brièvement les règles d’Harry Potter Hogwarts Battle…

Vous prendrez bien une dragée surprise de Bertie Crochue ?

Dans Harry Potter Hogwarts Battle, chaque joueur incarne un personnage entre Hermione Granger, Ron Weasley, Neville Londubat ou évidemment, Harry Potter. A chaque partie, trois lieux emblématiques fréquentés par les sorciers seront révélés. Le but du jeu est d’empêcher les forces du mal de contrôler ces lieux. La partie est perdue si toutes les cases des trois cartes sont recouvertes par les jetons symbolisant ces fameuses forces du mal. A contrario, la partie est gagnée si tous les méchants sont vaincus avant que les lieux ne soient entièrement contrôlés par les méchants.

Un tour de jeu commence par l’application d’un événement. Un événement qui est toujours négatif. Puis les méchants qui sont révélés appliquent leurs effets sur la partie ou sur les joueurs. Les héros peuvent ensuite jouer les cinq cartes qu’ils ont en main. Soit des cartes de sortilèges, soit des items, soit des alliés. Les effets sont appliqués immédiatement et vont permettre de piocher des cartes supplémentaires dans son deck, gagner des points d’attaque, gagner des pièces, gagner des vies, enlever des jetons sur les cartes des lieux, etc. Les points d’attaque sont utilisés pour vaincre les méchants et les pièces pour acheter de nouvelles cartes en fin de tour. Le joueur actif pioche finalement cinq nouvelles cartes dans son deck et le joueur suivant peut débuter son tour.

La partie continue jusqu’à ce que l’une des conditions de défaite ou de victoire soit remplie. A noter que les héros ne peuvent pas mourir dans Hogwarts Battle. En revanche si la vie d’un héros est réduite à néant, ce dernier devra réduire sa main de cartes et les forces du mal pourront accroître leur emprise sur un lieu.

Un jeu au bon goût de polynectar

Une boîte de jeu à l’effigie d’une vieille malle, c’est certain il y a du mystère là-dedans. Alohmora ! Ça s’ouvre ! Un petit coup de baguette et… Lumos ! Enfin on y voit plus clair. A l’intérieur, un plateau de jeu, quatre plateaux individuels, divers tokens en carton, des jetons en métal pour le contrôle des forces du mal, quatre dés et une quantité des cartes. On retrouve également sept boîtes dont le contenu nous est totalement inconnu lors de la découverte initiale du matériel. Surtout, n’ouvrez rien pour le moment. Et finalement, un bon vieux livret de règles. Parce que oui, même Harry Potter a besoin d’étudier, alors vous, vous n’y couperez pas non plus !

Un matériel finalement d’assez bonne facture. En revanche, on commence à le dire souvent dans nos articles, il faudra prévoir de sleever vos cartes. Dites chers éditeurs, pourquoi vous ne prévoyez pas un toilage de protection pour les deckbuilding ? Les cartes sont souvent brassées… Mais finalement, la production est plutôt réussie avec des tokens solides, de beaux jetons en métal et des composants bien produits. Un thermoformage très basique mais qui fait efficacement le travail. Et que dire des illustrations ! Certes les personnages apparaissent avec des photos sur les cartes. Mais tous posent de la même façon et avec des arrière-plans travaillés. On dirait presque que les photos ont été réalisées spécialement pour le jeu. C’est bluffant et ce parti pris graphique nous plaît beaucoup. Pour l’immersion, et surtout pour les fans de la franchise, c’est du plus bel effet et on s’y retrouve sans souci. 

Au niveau de la règle du jeu, le livret est efficace et se lit facilement. Ponctué d’exemples et d’informations claires, il n’y a plus besoin de s’y référer durant la partie. Le livret comporte également six petites pochettes au recto de sa quatrième de couverture pour y glisser les règles additionnelles. Malin ! En effet, à chaque ouverture de boîte, lorsque la partie précédente a été terminée avec succès, de nouvelles règles viennent s’ajouter au gameplay déjà assimilé. Et encore une fois, les quelques règles additionnelles sont bien rédigées et très accessibles. Même si on progresse petit à petit au niveau du règlement, chaque prise en main s’effectue aisément. 

Thématiquement, on peut vous dire qu’on y est ! On a clairement emprunté la voie 9 3/4 et nous avons bel et bien quitté le monde des Moldus. Chaque carte fait référence au film et il y en a une kyrielle ! Entre les personnages, les sorts, les objets, les lieux, les forces du mal, etc. tout nous plonge ou nous replonge dans l’univers d’Harry. C’est franchement génial ! Seul le système du deckbuilding s’éloigne un peu de ce monde empli de sorcellerie. Mais on le sait bien, le deckbuilding a l’avantage d’être un système de jeu plutôt passe-partout. (Sors! sors! sort!…)

En quelques dizaines de secondes le matériel est mis en place et vous pourrez débuter votre aventure. Nul besoin d’une partie de découverte, le jeu est vraiment simple à prendre en main et vous comprenez immédiatement où la partie va vous emmener. Et il paraît même que Dumbledore veillerait sur vous durant vos pérégrinations !

Au niveau des mécanismes, nous sommes clairement sur un deckbuilding. Et qui plus est sur un deckbuilding coopératif. Les principes classiques de cette mécanique sont bien là avec le fait de jouer sa main, utiliser la défausse et acheter de nouvelles cartes pour construire son jeu. Et bien sûr optimiser sa main pour faire comboter les effets. Même si dans Hogwarts Battle il n’est pas possible d’épurer son deck ! On a pourtant bien essayé un sort d’Evanesco… mais rien n’y fait ! Il y a également une toute petite part de gestion au niveau des pièces et des vies qu’il est possible de gagner dans la partie puisque parfois, certains effets, vont vous permettre de les utiliser ou d’en faire bénéficier les autres joueurs. Il faudra donc choisir en communiquant avec les autres. Dans l’histoire de J. K. Rowling, Harry s’en sort parfois avec un peu de chance et donc forcément, le jeu n’échappe pas à cela. Avec la pioche des cartes pour l’achat et la présence de quatre dés, qui arrivent en cours de jeu, on s’en remet parfois au hasard. Mais rassurez-vous, il s’agit simplement de déterminer des gains ou des effets contrôlés; pas de quoi changer la partie et « détruire » complètement votre jeu. Un bon hasard donc, contrôlé et très limité.

Si vous appréciez les jeux vifs et nerveux, les tours de jeux d’Hogwarts Battle sauront vous plaire. Il n’y a qu’à jouer des cartes, appliquer les effets et effectuer une phase d’achat. L’ensemble va vite et c’est rapidement au sorcier suivant de déployer sa magie. On ne reste pas longtemps oisif dans ce jeu, surtout que le titre est vraiment propice à l’interaction. Que se soit les cartes des forces du mal ou celles de votre deck, vous allez forcément influencer le jeu des autres durant votre tour. Chacun devra alors ajouter ses composants. Bien sûr, on ne vous en dit pas plus ! Vous découvrirez cela par vous-même. 

Pour nous, le jeu est vraiment plaisant même s’il faut être franc, Hogwarts Battle ne comporte pas de réelle difficulté. On gagne presque à tous les coups et les forces du mal l’emportent pratiquement jamais. Même si le jeu augmente graduellement en intensité. Néanmoins, vous pouvez facilement corriger cela si vous le souhaitez, en n’utilisant qu’un ou deux lieux pendant la partie (au lieu de trois). Si on peut vous donner un conseil, commencez directement avec l’ouverture des boîtes 1 à 3. Le plaisir du jeu n’en sera que meilleur. Cependant et dans tous les cas, on passe vraiment un bon moment dans l’univers d’Harry Potter. On s’imagine dans certaines scènes de la franchise et côté gameplay, le jeu tourne très bien. Il y a de l’interaction, des combos à faire, des combats avec les forces du mal et des rebondissements dans les effets des cartes. Le fait d’ajouter également des éléments au gré des parties nous force indubitablement à revenir au jeu et à vouloir poursuivre l’aventure.

A ce jour (octobre 2018), Harry Potter Hogwarts Battle n’existe qu’en anglais. Cependant, vous pourrez très facilement y jouer même en ne parlant pas la langue. Il n’y a que quelques termes faciles à assimiler (gagner, piocher, défausser, etc.) et même de jeunes enfants le pratiquen sans aucune difficulté. On espère néanmoins qu’un éditeur francophone aura envie de le localiser dans la langue de Molière. Ce jeu le mériterait vraiment !

C’est donc un excellent jeu, vraiment convivial et sympathique qu’on ne saurait que trop vous conseiller. Un deckbuilding simple mais terriblement efficace. Et pour peu que vous appréciez l’univers d’Harry, Hogwarts Battle devient carrément un indispensable de votre ludothèque !

Et en solo alors ? C’est à se morfondre comme Mimi Geignarde ?

Même si l’éditeur ne le mentionne pas (et c’est une réelle erreur à notre avis), Harry Potter Hogwarts Battle se joue parfaitement bien en solo. Pour y jouer, aucune adaptation de la règle n’est nécessaire. Il suffit simplement de contrôler deux personnages. Et ce n’est pas un problème car le jeu est collaboratif et les héros œuvrent de concert pour parvenir à leurs buts. Il n’y a pas de souci sur le fait de connaître les cartes de l’autre joueur puisque de toute façon, il est possible de communiquer à ce sujet durant la partie. Par ailleurs, les joueurs connaissent les cartes que chacun acquiert.

L’expérience de jeu est donc identique que lors d’une partie à deux joueurs. Rien ne change. L’interaction entre les deux héros se passe tout à fait normalement et l’objectif reste toujours le même. Comme pour tout jeu pratiqué en solitaire, nous sommes désormais seuls à choisir l’orientation de la partie. Par ailleurs, les différentes cartes permettant des interactions entre les personnages sont utilisées comme en multi-joueurs. On décide alors quel personnage a davantage besoin d’un effet ou d’une récompense. Et au final, le mode solo est aussi plaisant que le mode multi-joueurs et vous passez un excellent moment dans l’univers d’Harry Potter !

Expecto Patronum ! Et une extension apparaît ! 

Fort du succès de la boîte de base, l’éditeur USAopoly avait prévu une extension pour Hogwarts Battle. Un petit coup de baguette magique et hop, voici The Monster Box of Monsters !

On ne va pas vous en dire plus sur le gameplay car on ne veut pas vous révéler les nouveautés qui sont proposées dans cette extension. Bien sûr, il y a du contenu additionnel et là, on ne trahit aucun secret puisque cela est précisé sur la boîte. Ainsi vous pourrez incarner un nouveau héros. Ou plutôt une nouvelle héroïne en la personne de Luna Lovegood ! Mais si vous savez, cette jeune demoiselle un peu « décalée » qui parvient, comme Harry, à apercevoir les Sombral ! Et bien entendu, il y aura de nouvelles cartes à ajouter au deck, des lieux, des vilains, etc… Le tout contenu dans quatre boîtes qui devront s’ouvrir par étape, sur le même principe que les sept années passées à Poudlard.

Et cette extension… indispensable ou pas ? Si vous êtes un amoureux de la licence Harry Potter, impossible de faire l’impasse sur The Monster Box of Monsters ! Le contenu complétera à merveille tous ce que vous avez aimé dans les livres ou dans les différents films. Pour les autres, on ne saurait trop rappeler que la boîte de base d’Hogwarts Battle contient déjà une très belle quantité de matériel. Et bon nombre de possibilités ! Toutefois, si vous avez apprécié l’expérience et surtout le fait de rajouter du contenu, petit à petit, une telle extension apporte véritablement son petit lot (non pas vous Madame !) de renouveau, et franchement, nous, on n’a pas été déçus !

Maintenant, à vous de vous forger votre propre avis.

La règle du jeu en anglais
Explications/partie devant la caméra de Martin dans la Zone Jeu de Société
La fiche du jeu sur Board Game Geek
Le site de l’éditeur USAopoly

Rédacteur de l’article : Léo

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