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1960 : Kennedy contre Nixon, vous venez jouer Monsieur le Président ?

par jeudeclick
Publié : Dernière mise à jour le 793 vues 12 minutes de lecture
1960 Kennedy contre Nixon, vous venez jouer Monsieur le Président

Avant de devenir le nouveau locataire du 1600 Pennsylvania Avenue, il faudra bien sûr passer par la vox populi ! Les suffrages des 537 grands électeurs seront à qui voudront bien les prendre. Reste à savoir qui de Nixon ou de Kennedy s’installera devant le Resolute du Bureau Ovale et deviendra le 35ème Président des États-Unis.

En 2007, l’éditeur américain GMT publie « 1960 : The Making of the President », qui sera repris quelques années plus tard dans son édition francophone par feu Filosofia, sous le nom de « 1960 : Kennedy contre Nixon ». Aux commandes, non pas Potus, mais le duo d’auteurs Christian Leonhard et Jason Matthews qui nous proposent ainsi un jeu stratégique, riche et complet pour deux joueurs uniquement dont les parties sont estimées à 120 minutes. De notre point de vue, le temps de jeu annoncé est clairement sous-estimé.

Dans Kennedy contre Nixon, vous l’aurez compris, il sera bien question d’histoire, de politique américaine et plus particulièrement de la dernière ligne droite à l’élection du Président des États-Unis. Et en l’occurrence de John Fitzgerald Kennedy qui s’opposait à Richard Nixon lors du scrutin de 1960. Sur divers tours de jeu, chacun jouera des cartes, soit pour déclencher des effets de jeu, soit pour utiliser des points de campagne et ainsi marquer sa présence dans les différents États du pays. Le traditionnel débat viendra compléter l’expérience ludique juste avant de terminer la partie, le jour de l’élection présidentielle, le 8 novembre 1960.

On vous explique plus en détails de quoi il est question juste avant de vous préciser pourquoi on a décidé de vous en parler.

Vous !… for President !

Chacun des deux joueurs incarne un candidat à la présidence des Etats-Unis. Soit Richard Nixon, soit John Fitzgerald Kennedy. La partie dure neuf tours, à l’issue desquels il faudra comptabiliser les votes de chaque joueur provenant des grands électeurs des différents États. Comme lors de n’importe quelle élection américaine, celui qui remporte la majorité deviendra le futur Président.

Chaque tour de jeu est divisé en plusieurs phases pendant lesquelles les deux adversaires utilisent successivement une des cartes qu’ils ont en main. La carte peut être utilisée pour déclencher un effet ou pour les points de campagne qu’elle comporte. Mais pas les deux. Ces points de campagne sont dépensés pour marquer sa présence dans les différents États mais peuvent également être dépensés pour voyager dans le pays, s’assurer le soutien des médias ou remporter un ou plusieurs des différents enjeux politiques évoqués en cours de campagne. Les médias et les enjeux apporteront des bonus aux candidats ou facilitent le fait de gagner les différents États. En revanche, si un joueur utilise les points de campagne de la carte, l’autre peut décider de déclencher l’effet de la carte jouée par son adversaire, sous certaines conditions. Et chaque événement avantage l’un ou l’autre des joueurs.

Lors du tour numéro six, la partie traditionnelle est interrompue au profit du fameux débat télévisé qui verra les deux candidats s’affronter sur différents thèmes (les « enjeux »). Pendant la partie, chaque joueur conserve quelques cartes qui sont alors utilisées pour essayer de remporter les enjeux, grâce à un mécanisme de majorité. Et bien sûr, tout cela dans le but d’augmenter sa présence dans les États.

Le neuvième tour s’avère être celui du jour de l’élection, pendant lequel chaque joueur va notamment totaliser les votes des grands électeurs dans chaque État qui lui sera favorable. Le gagnant devient in finele nouveau Président des États-Unis.

Notez qu’il s’agit là uniquement d’un bref résumé des règles principales. En effet, ces dernières sont bien plus complexes et plus étoffées que ce qui est indiqué ci-dessus.

En route vers l’Inauguration Day

Un thème fort, des mécanismes intéressants… vite, on s’ouvre une boîte de jeu ! A l’intérieur, on retrouve un grand plateau de jeu représentant la carte électorale des États-Unis, un plateau pour le débat télévisé, plus de 100 cartes, 150 cubes en bois, un sac en tissu, 2 marqueurs en bois pour symboliser les joueurs et une bonne quantité de jetons en carton. Sans oublier la règle du jeu au format A4. Le matériel a été correctement produit, sans non plus être particulièrement « folichon » mais au moins, il est efficace et c’est ce qui compte.

Pour celles et ceux qui connaissent les jeux édités chez GMT, vous savez que les visuels ne sont pas vraiment leur point fort. On irait même jusqu’à les qualifier d’austères. Mais sur ce titre, il y a eu tout de même un vrai travail d’illustration, surtout si vous disposez de la version « Filosofia » ce qui aura été notre cas pour ce sujet. Ainsi, on retrouve une belle ambiance graphique et thématique autour du plateau de jeu. En outre, chaque carte de ce Kennedy contre Nixon se veut accompagnée d’une photo d’époque, qui nous plonge encore davantage au cœur de ces fameuses semaines des années soixante qui entouraient l’élection du Président des États-Unis.

Transition parfaite pour évoquer avec vous la thématique du jeu. Là, il faut bien le reconnaître, l’immersion est totale. Pour peu que le sujet vous intéresse à minima, vous avez véritablement l’impression d’être en campagne dans les différents États US. Les événements présentés sur les cartes de jeu ont tous été bien réels et viennent directement impacter votre stratégie et même vos déplacements sur le plateau. En outre, le thème – et même le jeu devrait-on dire – a l’avantage de proposer aussi un vrai outil ludique et pédagogique. En effet, pour jouer à Kennedy contre Nixon, vous devrez tout d’abord comprendre le système électoral américain qui est unique au monde. Pas de panique, rien de bien complexe ! Surtout que la règle du jeu va vous l’expliquer. Mais grâce à cet opus, chacun aura ainsi l’opportunité de « jouer » avec la machine électorale américaine et à placer ses forces là où il faut. Pour cela, le jeu est thématiquement remarquable.

La règle n’est pas des plus simple à prendre en main et vous demandera un peu d’investissement. Le feuillet compulse tout ce dont vous avez besoin pour jouer mais il reste tout de même assez touffu et mieux vaut commencer à le lire avec suffisamment de temps devant vous. Ainsi, une partie de découverte sera aussi la bienvenue avec quelques allers-retours vers le règlement.

Pour les connaisseurs du jeu Twilight Struggle, ou dans sa version plus légère « 13 Jours », les mécanismes de cet opus seront abordés facilement. En effet, Kennedy contre Nixon utilise le gameplay de ces titres précédemment cités. Si nous sommes clairement sur un jeu de placement, de contrôle de zone et de majorité, le jeu est avant tout un jeu de cartes et de gestion de main. Ces cartes constituent le cœur du gameplay. Ainsi, à tour de rôle chacun décide s’il souhaite utiliser les points d’action de la carte ou à contrario, déclencher son événement. Il s’agit là d’un concept très simple mais très efficace et qui colle parfaitement à ce qu’on peut attendre d’un belle stratégie à mettre en place par les joueurs. Bien sûr, on reste quelque peu tributaire du tirage des cartes surtout que certains événements avantagent considérablement un camp ou l’autre. Mais là où le jeu en devient justement passionnant, et c’est ce qui le rend à notre avis encore plus intéressant et différent de Twilight Struggle, c’est que cette édition comporte des mécanismes qui permettent de contrebalancer ces avantages. Pas en permanence rassurez-vous ! Mais les jetons « momentums » vont par exemple permettre de bloquer l’adversaire, tout comme le soutien des médias qui apporte un réel appui. On aura aussi apprécié le fait de pouvoir gérer et utiliser ses cubes dit de « repos » pour ensuite augmenter ses chances de prendre l’avantage dans la partie. 1960 : Kennedy contre Nixon utilise encore plusieurs petits mécanismes en cours de partie, un peu à la façon de jeux à l’intérieur du jeu (confrontation, pose de cartes, bluff, négociation). Le tout pour un résultat vraiment complet qui s’adresse avant tout à des joueurs aguerris.

Au niveau du tour de jeu, la séquence est assez longue mais ne manque pas de fluidité. Bien sûr, la réflexion s’invite rapidement à la partie mais on ne reste pas longtemps oisifs. Ainsi, la carte des Etats-Unis évolue constamment, passant du bleu au rouge et inversement.

Côté rejouabilité, autant dire que vous n’avez vraiment aucun souci à vous faire. La richesse des mécanismes et l’important deck de cartes, très travaillé par l’éditeur, assurent un renouvellement constant des parties. S’il n’a suffit que d’un événement pour changer le cour de l’histoire, c’est exactement pareil dans vos parties de Kennedy contre Nixon. En effet, pour peu que vous choisissiez de déclencher un événement à un moment précis, ou deux l’un après l’autre ou que vous préfériez utiliser vos points de campagne dans un État à un moment choisi… et la partie change de direction. Un renouvellement donc assuré avec brio !

Un petit mot encore sur l’interaction. Bien sûr, nous sommes sur un jeu stratégique, utilisant un thème politique, où la réflexion accapare les joueurs. Il y a certes quelques événements, ou le fameux débat télévisé, qui vont générer de l’interaction entre les joueurs. Mais sinon, ne vous attendez pas à jouer à un Party Game ! L’interaction se retrouve en revanche sur le plateau de jeu où chaque État est disputé. On ne joue vraiment pas dans son coin et la confrontation se retrouve en continue durant la partie. Que se soit dans les États, mais aussi sur les enjeux, sur l’utilisation des cartes, sur les déplacements dans le pays, sur l’appui des médias… tout est interactif et constamment disputé.

1960 : Kennedy contre Nixon reste pour nous un jeu emblématique pour tous les passionnés de jeux de gestion. C’est un must dans lequel il faut optimiser son jeu et ses placements tout en empêchant l’adversaire de se développer. En tant qu’Européens on ne connaît pas énormément les emplacements des divers États US et donc on a tendance à constamment les rechercher sur la carte. Mais cela n’enlève vraiment rien au plaisir de jeu que procure cet opus d’une richesse incroyable. Le système électoral américain est très bien retranscrit avec tout ce qui gravite aussi autour (l’influence des médias, le débat télévisé, l’importance des thèmes de campagne, etc). Les événements qui ont marqué l’histoire et la vie de ces deux politiciens viennent directement influencer les actions de jeu et pour nous, l’ensemble est d’une cohérence incroyable ! Vous vous demandez peut-être si nous préférons jouer à Twilight Struggle ou à Kennedy contre Nixon ? Notre choix va sans conteste vers ce deuxième titre qui nous mènera peut-être aux portes du 1600 Pennsylvania Avenue afin d’y installer notre bureau dans la fameuse aile ouest. Seul regret, le jeu est malheureusement épuisé à l’heure actuelle et comme l’éditeur Filosofia n’existe plus, cette version est devenue presque introuvable en dehors du marché de l’occasion. Mais qui sait, peut-être qu’un jour, une réédition verra le jour…

Maintenant, à vous de vous forger votre propre avis.

Quelques ressources en français
Kennedy contre Nixon sur Board Game Geek

Rédacteur de l’article : Léo

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