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V-Commandos, opérations spéciales au coeur d’une Europe occupée

par jeudeclick
Publié : Dernière mise à jour le 273 vues 13 minutes de lecture

Cela fait déjà plus de trois heures que l’entrepôt est complètement plongé dans le noir. La vieille horloge indique 23h26 mais on ne distingue presque rien. Planqués derrière une série de caisses en bois, six yeux ronds scrutent les moindres mouvements aux alentours. Dans quelques minutes, la Waffen-SS effectuera sa troisième ronde de la soirée. Il sera alors temps d’intervenir. Les palpitations cardiaques s’accélèrent. La sueur est épongée par les rebords des bérets. Mais les doigts restent fermement agrippés sur la détente des armes. Soudain, une porte s’ouvre. Avec toute la précision allemande qu’on leur connaît, les soldats sont à l’heure pour leur mission d’inspection. Encore quelques secondes, plus qu’un pas et… Deux faibles détonations auront suffi à neutraliser les ennemis. Deux balles en pleine tête. Les snipers d’élite des forces spéciales britanniques ont encore fait mouche. Les trois commandos embusqués doivent maintenant faire vite car le commandement Nazi va vite se rendre compte de la disparition de deux de leurs éléments. Mais en quelques dizaines de secondes, les dépôts de carburant sont à portée. Les charges d’explosifs mises en place, les hommes regagnent la sortie du site. Fortement protégé et terriblement gardé, il n’aura fallu que quelques secondes aux forces allemandes pour repérer les commandos. L’alarme est immédiatement déclenchée. « Schnell im Lager ! ». Les puissants projecteurs des miradors balaient tout le secteur. Les cliquetis de chargement des armes ennemies déclenchent presque instinctivement la phase deux de l’opération. Il n’aura suffi qu’un léger mouvement de main à l’artificier de « Sa Majesté » pour déclencher les puissantes charges de C4. Les réservoirs de carburant volent alors en éclat dans un assourdissant vacarme. Des explosions en chaîne et des pluies de feu mettent K.O. les troupes du Führer. Le site est complètement détruit. L’opération est un succès et les trois hommes quittent immédiatement ce qui se résume désormais à un gigantesque brasier. L’aéroport de la Luftwaffe est désormais privé de son ravitaillement. Mais déjà, au loin, résonnent les premiers bombardements alliés qui pilonnent la zone. Le timing était parfait !

Peut-être que certains se souviendront du jeu vidéo « Commandos, derrière les lignes ennemies ». En 1998, le titre avait fait Führer sur PC ! Désolé pour le jeu de mots. Quoi qu’il en soit, ce véritable succès a marqué une génération de joueurs. Très stratégique, le jeu nous mettait dans la peau de commandos devant réaliser des missions diverses et variées pour mettre en déroute les troupes allemandes. Le tout, dans le contexte historique de la deuxième guerre mondiale. Et bien V-Commandos, c’est cela ! Mais transposé sur plateau. Et cette sympathique adaptation, nous la devons à Thibaud de la Touanne (Triton Noir) qui signe là un opus particulièrement travaillé.

Pour un à quatre joueurs, dès douze ans et avec un temps de jeu d’environ 90 minutes, l’infiltration, la stratégie mais aussi la discrétion seront les maîtres mots des commandos que vous allez incarner. Sur ce titre, Triton Noir a particulièrement travaillé le contexte historique et les missions nous replongent entre 1939 et 1945. Et une fois le développement abouti, c’est sur la plateforme Kickstarter que le projet est devenu réalité. À ce jour, l’opus est disponible en boutique spécialisée et en français. Bien entendu, on ne pouvait pas ne pas vous en parler.

Dans V-Commandos, vous prendrez ainsi le contrôle de différents soldats d’élite et vous jouerez de manière coopérative. Vous devrez accomplir des missions durant la deuxième guerre mondiale sur un terrain de jeu composé de tuiles modulables. Une série de tokens et de jetons ajouteront les particularités des missions ainsi que les troupes ennemies. Vous pourrez jouer des parties rapides en accomplissant des objectifs ciblés ou de vraies missions de plusieurs heures.

Soldat, il est maintenant l’heure de vous préparer et de vous résumer les règles du jeu ! Mais avant… un « Y’a Koi Dedans ? ».

Y’a Koi Dedans ?

(NDLR : La version disponible dans le commerce ne comprend pas le système de rangement.)

Les gars, coopérez de manière furtive !

Vous commencez par sélectionner le type de jeu souhaité. Vous pouvez soit effectuer une mission longue qui consistera à réaliser une opération complète (avec plusieurs terrains d’opération). Ou alors, vous pouvez jouer une partie plus courte en ne sélectionnant qu’une carte de terrain. Vous composez ensuite votre escouade de commandos. L’important sera d’être efficace par rapport à l’objectif à réaliser, tout en gardant à l’esprit que vous devrez être le plus furtif possible. Vous composez ensuite votre terrain de jeu en fonction des instructions données en assemblant les dalles qui formeront les zones extérieures et intérieures de votre champ de bataille.

Les joueurs gagent la partie si les objectifs de la mission sont accomplis et si au moins un commando quitte le terrain par une trappe ouverte (comprenez par là qu’il doit être en vie).

Un tour de jeu se compose de quatre phases qui se déroulent dans l’ordre. La première étape consiste donc à piocher aléatoirement une carte d’événement. Cette carte va définir une particularité qui s’appliquera durant tout le tour en cours. Cette particularité pourra modifier légèrement la règle du jeu en vous simplifiant ou en vous compliquant les choses. La carte définit aussi dans quelle direction les ennemis se déplaceront (nous y reviendrons après).

Vient ensuite la phase des commandos. Celle durant laquelle les joueurs réalisent leurs actions. Pour chaque tour, un commando peut effectuer trois actions. Certaines sont cependant gratuites et ne sont pas comptabilisées dans ce total de trois. A sa disposition, chaque commando peut ramasser ou se débarrasser d’équipements, faire exploser une charge de TNT, se déplacer, sortir par une trappe, débloquer une trappe, attaquer en combat rapproché, tirer, utiliser un équipement, éteindre des alarmes, interagir avec un objectif et finalement, économiser une action pour l’utiliser plus tard. Une fois que le joueur actif a réalisé cette phase, le joueur suivant procède de la même manière jusqu’à ce que tous les joueurs aient décidé de l’utilisation de leurs trois points d’action.

L’étape suivante consiste à activer les troupes ennemies. Chaque terrain comporte différentes zones de déploiement par lesquelles les soldats allemands vont entrer en jeu. Pour chaque zone, vous devrez alors piocher un soldat ennemi qui fera son apparition. Il faudra en piocher deux si l’alarme a été déclenchée. Une fois cette étape achevée, il sera temps de déplacer tous les ennemis qui le peuvent. En revanche, les ennemis qui gardent les positions correspondantes à vos objectifs ne se déplacent pas. Pour déterminer la direction, il conviendra de se référer à la carte d’événement qui a été piochée en début de tour. Cette dernière précise si les troupes du Führer iront au nord, au sud à l’est ou… ? A l’ouest ! C’était pourtant facile les gars, il faut suivre ! Et finalement, cela devait arriver, s’ils le peuvent les ennemis devront tirer sur vos commandos afin de vous infliger des dégâts.

Une fois toutes ces étapes effectuées, le tour se termine et si les conditions de fin de partie ne sont pas réalisées, alors un nouveau tour commence.

Nous évoquions auparavant l’alarme. Il s’agit là d’une notion essentielle dans V-Commandos. Chaque joueur doit se déplacer le plus furtivement possible. Mais si un joueur se fait repérer, par exemple en raison d’un lancé de dés, ou qu’il fait usage de son arme, il devient visible. L’alarme est alors déclenchée et les renforts allemands arriveront en masse. Les objectifs de missions seront alors nettement plus compliqués à atteindre.

A noter encore que V-Commandos offre un large panel d’action à effectuer ou d’éléments à contrôler et à utiliser. Il serait trop long de vous les résumer mais pour vous donner quelques exemples, le jeu permet d’utiliser des pieds de biche, des trousses de soin, des uniformes ennemis, des armes à feu comme des nids de MG42, des snipers ou des grenades. Vous pourrez également ordonner des bombardements, escorter des personnages ou même faire exploser de puissantes charges de TNT.

Au cœur de l’action

Dès le premier regard, V-Commandos attire l’œil avec la couverture de sa boîte. Une composition rétro mais merveilleusement illustrée et qui donne immédiatement envie d’en voir davantage. A l’intérieur, de nombreux tokens en carton, des tuiles de différentes grandeur pour composer le ou les terrains de jeu mais aussi un grand nombre de cartes. Et si vous pensiez vous retrouver avec une panoplie de figurines, c’est raté. Le jeu pourrait s’y prêter mais l’éditeur a effectué un choix éditorial intelligent, laissant ainsi la part belle aux magnifiques illustrations. Des visuels omniprésents et très bien réalisés qui nous plongent rapidement sur le champ de bataille. Si l’édition semble donc prometteuse, est-ce que le gameplay sera lui aussi à la hauteur ?

On aurait tout de suite envie de vous répondre par l’affirmative car V-Commandos ne nous a absolument pas déçus. Si vous avez connu le jeu vidéo qui a marqué la fin des années 90 et que vous l’avez apprécié, ce jeu de plateau devrait déjà se trouver en bonne place dans votre ludothèque !

Intéressons-nous à présent à la règle du jeu qui n’est globalement pas compliquée mais pas si simple d’accès. Le livret de règle est un document plutôt touffu, qui regorge d’information. Il faudra clairement prendre le temps de le décortiquer. Triton Noir a certes prévu un deuxième livret allégé pour commencer à jouer rapidement, mais cela n’est pas suffisant pour savourer toute la finesse de V-Commandos.

L’étape d’apprentissage terminée, on se rend compte que les tours de jeu s’appréhendent facilement. Il y a une bonne série de petites spécificités à assimiler au niveau de la règle mais ces tours de jeux présentent une fluidité et une cohérence qui rendent la prise en main aisée. Avec ce titre, nous nous retrouvons indéniablement au cœur d’une mécanique de programmation qui se déroule par phases durant les différents tours de jeu. Tout l’intérêt va consister dans le fait d’enchaîner de manière logique et optimale les étapes qui doivent être réalisées par les joueurs. Mais si la programmation est essentielle, la planification l’est tout autant. Et là, les joueurs devront passablement communiquer pour se coordonner et pour palier autant que possible à l’imprévu. Et même, il faudra prendre en compte le fait qu’une partie de votre stratégie pourrait se voir mise à mal sur un simple lancé de dé. Deux chances sur six de se faire repérer, et là les choses se compliquent. Amusant mais un peu frustrant quand même. Les missions offrent quant à elles plusieurs variantes pour accomplir le ou les objectifs. Cependant, on cherchera continuellement à optimiser toutes ses actions pour ainsi mettre toutes les chances de son côté. Et finalement, on cherche en permanence à rester le plus furtif possible tout en accomplissant les objectifs de la mission. Pas simple de faire concorder l’ensemble. Mais pourtant le tout fonctionne parfaitement bien et on s’amuse réellement sans voir le temps passer.

En terme de rejouabilité, V-Commandos propose 44 cartes de terrain et de mission. Cumulé au fait qu’il vous est possible de modifier la difficulté de la mission, autant dire que vous en avez pour des heures et des heures de jeu. Et vous pourrez aussi réessayer des missions déjà réalisées avec d’autres personnages, lesquels disposent de différentes capacités spéciales.

Et finalement on ne pouvait pas évoquer V-Commandos sans parler du cadre historique qui a été voulu par l’éditeur. On s’aperçoit très rapidement que Triton Noir a travaillé son produit, et ce, pour notre plus grand plaisir. Si le livret de règle pose déjà le contexte de la deuxième guerre mondiale, le matériel de jeu n’est pas en reste. Certes, les missions sont inventées ou inspirées de faits réels, mais les cartes définissent précisément le terrain des opérations en le situant géographiquement et en définissant le contexte dans lequel les joueurs vont opérer. Les missions sont complétées par des textes et des photos, mais aussi par des illustrations aux couleurs sépia qu’on ne se lasse pas de contempler. Côté immersion, on s’y croirait.

Au final, on se retrouve avec un excellent jeu de planification et d’anticipation sur fond de contexte historique très travaillé par l’éditeur. Le gameplay fonctionne bien et les mécanismes sont utilisés avec intelligence dans ce titre où le mot « coopératif » prend tout son sens. L’interaction est omniprésente, la rejouabilité est forte et les yeux se régalent devant les magnifiques visuels qui apportent un plus indéniable à cette belle boîte de jeu. Quel plaisir !

J’en veux encore…

Nous ne l’avons pas du tout évoqué dans cet article, mais sachez également que V-Commandos dispose d’ores et déjà de deux extensions, à savoir « Secret Weapons » et « Résistance ». Ces deux boîtes permettent d’ajouter de nouveaux commandos, de nouvelles missions, de nouveaux terrains, des nouveaux ennemis, de nouvelles interactions etc… De quoi compléter encore plus votre expérience de jeu.

Maintenant, à vous de vous forger votre propre avis.

La règle du jeu en français
Une vidéo de partie
Le site de l’éditeur Triton Noir

Rédacteur de l’article : Léo

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