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Goblivion, laissez-vous surprendre par des gobelins

par jeudeclick
Publié : Dernière mise à jour le 741 vues 13 minutes de lecture
Goblivion, laissez-vous surprendre par des gobelins

Arghhh… ! Mais c’est quoi cette odeur ? Un mélange de chaussettes sales et de vieux gobelins mal rasés ! Finalement, c’était bien un gobelin, mais pas des chaussettes. Non, plutôt un slip sale ! Au beau milieu du champ de bataille ! Cette fois s’en est trop. Déjà qu’on nous attaque depuis plusieurs jours sans relâche, mais alors si l’assaillant nous balance désormais ses sous-vêtements défraîchis. Cela ne peut plus durer…

Parfois, c’est vrai que la rudesse d’un combat peut faire peur. Ou peut-être que cela peut prêter à rire. Peu sérieux s’abstenir, pour les autres, on vous souhaite la bienvenue dans un univers un peu décalé. Celui de Goblivion !

Si vous nous suivez régulièrement sur les réseaux sociaux, ou mieux encore si vous êtes l’un de nos fidèles lecteurs, vous savez que nous entretenons un lien très affectueux avec ce petit opus qui nous vient tout droit du Québec. L’histoire commence en juin 2018. Jean-Francois Gauthier finance avec succès son jeu Goblivion sur la plateforme Kickstarter. Une jolie campagne qui a discrètement convaincu quelques 860 contributeurs de le suivre dans ce projet. Au-delà des contributeurs, l’opus est resté malheureusement introuvable en Europe. Pourtant, les retours des joueurs étaient positifs et les amateurs de jeux en solo ont su reconnaître en Goblivion des mécanismes éprouvés, faisant la part belle à un vrai titre pour 1 joueur ! Mais jouable également en duo.

Face à cette situation, on ne pouvait pas rester sans rien faire. C’est donc notre équipe, oui Jeudéclick, qui a présenté Goblivion et suggéré à Ôz Éditions de s’intéresser à la distribution de cette petite boîte verdâtre. Et aujourd’hui, voilà que c’est chose faite puisque Ôz Édition distribue le titre en Suisse. Et bien sûr, grâce à leur partenaire Paille Édition, Goblivion est disponible dans toutes les bonnes crèmeries également en France et en Belgique.

Mais finalement, de quoi est-il question dans Goblivion ? Dans ce jeu de cartes, vous vous retrouvez à la tête d’un royaume en tant que Reine ou Roi. Vous aurez pour tâche de le défendre face à des hordes de gobelins ou d’orcs. Entre tower defense et deckbuilding cet opus aux mécanismes proches du jeu « Vendredi », a pour avantage sa thématique très bien retranscrite ainsi que ses mécanismes consistant à recruter les meilleurs fermiers du royaume pour les transformer en vrais fous de guerre !

Sans plus attendre, regardons la règle du jeu, puis on vous en parle dans les détails…

Des cartes avec du poil aux pattes !

Dans Goblivion, vous incarnez une Reine ou un Roi, selon le choix du personnage que vous effectuez en début de partie. Le but du jeu consiste à résister à l’attaque de gobelins qui en veulent à votre château, et finalement, à combattre différents boss de fin de partie. A noter que vous pouvez choisir la difficulté du mode de jeu, avec plus ou moins de boss à combattre, mais que vous débutez toujours avec 20 fermiers dans votre deck de départ.

Un tour de jeu débute toujours par la phase d’entraînement d’un de vos fermiers. Parmi neuf types différents, vous décidez vers quoi vous souhaitez le faire évoluer. Puis, en utilisant les cartes de votre deck de pioche, vous devrez atteindre un certain nombre de points de force de combat avec un nombre de cartes défini. Si vous y parvenez, la nouvelle carte intègrera bientôt votre deck de jeu ! Vient ensuite la phase des ennemis. Petit à petit, les cartes ennemies vont avancer vers votre château jusqu’à ce qu’un premier assaillant se présente à vos portes. Le principe est alors le même que pour la phase d’entraînement. En utilisant les cartes de votre deck de pioche, vous devrez atteindre un certain nombre de points de force de combat pour vaincre l’ennemi.

Bien entendu, sur les cartes qui composent votre pioche, des effets sont disponibles et vous pouvez décider de les activer. Par exemple pour gagner davantage de points de force, pour gagner des jetons de ressources, pour supprimer des cartes de la partie et ainsi épurer votre deck, etc. Si vous parvenez à combattre l’ennemi, sa carte est retournée de 180 degrés, elle intègre votre deck et vous vous emparez d’un objet qui vous procurera des avantages pour le reste de la partie (ou pas). Ensuite, un nouveau tour commence. Quand tous les ennemis sont vaincus, vous combattez les cartes boss. Toujours de la même façon que précédemment décrit. Et si au final, quand tous les boss sont vaincus, vous gagnez ! En revanche, si pendant le jeu, vous perdez tous vos points de ressources et que les ennemis ne sont pas vaincus, à vous le cachot sombre et humide jusqu’à la fin des temps !

Goblivion… L’indispensable !

Honnêtement, vous vous imaginiez un jour devoir défendre un château contre des armées de gobelins en culottes sales, chargeant à coup de dragons-vaches ? Nous, pas du tout ! Mais voyons déjà ce qui se cache dans la boîte du jeu. A l’intérieur, on retrouve deux plateaux de jeu, plus d’une centaine de cartes toutes toilées, un jeton en bois, une trentaine de marqueurs en carton et un livret des règles. La production est clairement réussie avec du carton bien épais, des cartes de bonne facture et même ce petit fini sur les cartes de jeu qui manque très souvent sur les deckbuildings. L’éditeur a donc effectué correctement son travail et on ne peut que l’en féliciter.

Une fois l’étape de découverte du matériel achevée, on est immédiatement attiré par les illustrations signées Jean-François Gauthier. Et là, quelle mauvaise surprise ! On se rend compte que l’éditeur a réussi à nous vendre des gobelins nudistes, des sacs-à-rats et même des slips sales ! C’est une plaisanterie ? Oui, absolument ! Non pas que ces éléments ne se retrouvent pas dans le jeu, mais le rendu graphique se veut très plaisant, amusant et franchement bien réalisé. Jean-François y a laissé sa patte, son humour et beaucoup de sa convivialité débordante qui se ressent clairement dans ses illustrations que franchement, on adore ! D’ailleurs, Goblivion ne serait sans doute pas ce qu’il est sans ce travail si bien réalisé, original et ponctué par beaucoup de drôleries dans les dessins.

Mais un jeu ne serait rien sans son livret d’instructions. En l’occurrence, un document de vingt pages plutôt bien touffu, présenté sur deux colonnes. Les informations se lisent rapidement et tout est parfaitement clair. On y retrouve même un explicatif des cartes ainsi qu’une aide de jeu en quatrième de couverture. L’ensemble est ponctué par de nombreuses illustrations et schémas qui ne laissent aucune place à l’improvisation. Ainsi, on peut rapidement passer à une première partie de découverte.

Avant toute chose, un petit aparté sur la mise en place. Comptez cinq minutes, le temps de positionner votre surface de jeu, de brasser les différents decks, de choisir les cartes et de disposer les quelques jetons… Rien de très sorcier, même si vous disposez déjà du château !

Pour cette première partie, aucun besoin de revenir à la règle. Tout a bien été expliqué. Par ailleurs, le système de jeu n’est pas du tout complexe et les premières actions s’effectuent de façon intuitive. Des pictogrammes explicites nous aident également dans cette première approche. Une fois qu’on a entraîné nos deux premiers fermiers et qu’un premier combat contre un méchant gobelin a été effectué, ça y est, on peut dire que le gameplay est pris en main. C’est d’ailleurs plutôt paradoxal, car la vue des vingt pages de règles pourraient nous laisser dire que le système de jeu aurait tendance à nous demander un peu d’investissement en terme de prise en main ; mais non, bien au contraire.

Si vous appréciez les deckbuildings, alors Goblivion sera clairement fait pour vous car le titre est un vrai modèle du genre. Le gameplay utilise ce principe du début à la fin de la partie. Une vingtaine de cartes de base, pour lesquelles nous allons chercher à améliorer notre jeu tout en épurant notre deck initial. En ce sens, le jeu offre de bonnes possibilités d’améliorer ses cartes mais surtout de retirer de la partie, celles qui vont devenir gênantes à la poursuite de notre aventure. Et Goblivion nous fait rapidement sentir que le jeu doit être optimisé. Au fur et à mesure que les attaques de gobelins se succèdent, mieux vaut être préparé (ou plus ou moins) car cela augmente vite en intensité. Ainsi, les joueurs ne doivent vraiment pas manquer les opportunités qui s’offrent à eux. C’est peut-être cruel de devoir se séparer d’un aubergiste ou de l’idiot du village… mais, la vie est injuste ! Par ailleurs, si l’opus fait la part belle au système de deckbuilding, Goblivion offre également un important système de combos avec les différentes cartes jouées. D’ailleurs, la clé de la réussite se trouve bien là ; optimiser son deck pour réaliser de puissantes combinaisons de cartes ! Il faudra être malin et tenter de mettre en place des enchaînements efficaces qui ne laisseront aucune chance aux gobelins et à leurs boss. Finalement, au coeur de gameplay, on retrouve encore une petite part de gestion de ressources, d’anticipation et de planification. Encore des aspects et des paramètres qu’il faudra maîtriser.

Comme vous l’aurez constaté, on se retrouve avec des mécanismes qui sont déjà utilisés dans d’autres jeux de société. Des combinaisons et du deckbuilding, de la gestion de ressources et de l’anticipation, finalement rien de bien nouveau. Cela dit, tout fonctionne parfaitement bien ensemble. D’ailleurs, on retrouve un peu les mécanismes utilisés dans le jeu « Vendredi ». Un opus qu’on adore, alors croyez bien qu’il s’agit vraiment d’une comparaison flatteuse que nous effectuons entre ces deux jeux. Et in fine, sans pour autant utiliser des mécanismes novateurs, on a quand même ce sentiment de fraîcheur, avec un jeu qui n’a pas été vu ailleurs. Le tout, sublimé par un univers visuel fort et presque burlesque. C’est troublant mais à la foi très jouissif !

Alors finalement, gagne-t-on facilement à Goblivion ? Ce qu’on peut vous dire, c’est que le jeu va vous demander deux ou trois parties pour bien saisir toutes les particularités des cartes et les combinaisons qui seront plus efficaces dans chaque situation. Puis, assez rapidement, vous devriez pouvoir monter en intensité et utiliser un mode de jeu difficile. Car oui, le jeu le permet ! On augmente le nombre de boss, mais on pourrait aussi décider de réduire ses ressources de départ histoire de corser les choses. Et là, plus aucune place à l’improvisation ; il vous faudra régner en vrai fou de guerre !

Un mot encore sur la rejouabilité. Là, l’éditeur a frappé fort puisque toutes les cartes ne sont pas utilisées pendant une partie. Ainsi, on se retrouve avec des villageois en surnombre, des assaillants en surplus et même les boss sont sélectionnés au hasard parmi plusieurs possibilités. En jeu, on incarne un roi ou une reine, avec chacun ou chacune sa capacité spéciale. Et il y en a cinq différents ! Autant dire que le nombre de combinaison et les choix à effectuer sont plutôt importants en ce qui concerne le renouvellement des parties. Mais même s’il y a suffisamment à faire avec le contenu de la boîte, chez Jeudéclick, on espère secrètement une extension de ce magnifique opus ! Jean-François, comme on sait que tu devrais nous lire… l’appel est officiellement lancé, on compte sur toi !

Nous n’évoquerons pas l’interaction du jeu dans cet article, car vous l’aurez sans doute compris, notre Goblivion à nous a su trouver sa place dans notre ludothèque des jeux pratiqués en solo. Certes, vous pouvez y jouer à deux, mais c’est bien avec ce mode « 1 joueur » que nous savourons ce merveilleux opus.

Au final, et même si c’est un peu prétentieux de le relever encore une fois, nous sommes enchantés d’avoir suggéré la distribution francophone du titre à Ôz Edition, puis derechef à Paille. On ne pouvait pas imaginer que l’Europe se retrouve sans ses boîtes de Goblivion ! Facile à prendre en main, le jeu cache un gameplay abouti et travaillé. De vrais choix sont à effectuer et le jeu nous met au défi du début à la fin. On cherche continuellement à trouver de bons enchaînements alors que les objets, tous plus farfelus les uns que les autres, viennent enrichir notre deck. A ce propos, encore une fois, on tire notre chapeau (magique) à l’auteur du jeu qui a su apporter un vrai univers – celui de gobelins hurluberlus – à un ensemble dont on aurait du mal à imaginer qu’il en serait dépourvu. Et une fois la partie terminée, la seule envie est d’y revenir pour se remettre à l’ouvrage et parvenir à nos fins !

La découverte aura été un vrai plaisir. Le jeu aura su tenir ses promesses et l’amusement reste constamment au rendez-vous. Goblivion est devenu notre compagnon du jeu du moment… Une dizaine de minutes à tuer ? C’est évident, on sort Goblivion ! Essayez, juste pour voir.

Maintenant, à vous de vous forger votre propre avis.

La règle du jeu en français
La campagne solo pour Goblivion
La fiche du jeu sur Board Game Geek
Le site de l’éditeur Ôz Editions
Le site de l’éditeur Paille Editions
Goblivion sur le site de son auteur Jean-François Gauthier

Rédacteur de l’article : Léo

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