En 2016, au détour d’une campagne Kickstarter rondement menée, le très sympathique et au combien talentueux Thibaud de la Touanne, fit une entrée fracassante dans l’univers du jeu de société avec l’excellent titre V-Commandos dans lequel les joueurs incarnaient ces soldats d’élite durant la seconde guerre mondiale. Trois ans plus tard, le Triton Noir sera de retour avec un nouveau titre qui fait d’ors et déjà trembler l’ordre des Templiers ludiques : Assassin’s Creed – Brotherhood of Venice !
Il était une fois un jeu vidéo…
Si vous êtes un tantinet intéressé par les jeux vidéo, il est presque impossible que vous n’ayez jamais entendu parler d’Assassin’s Creed, littéralement « Le Credo des Assassins ». Une franchise désormais mythique d’Ubisoft lancée il y a 12 ans déjà… Mais dans le cas contraire, il serait judicieux d’opérer ensemble un petit bond dans le temps !
Et wooooooooosh, nous voilà en 2004 : une équipe d’Ubisoft Montréal vient de lancer avec succès la franchise « Splinter Cell ». Conscient de la puissance du concept, le studio cherche alors à reproduire quelque chose de similaire avec le reboot de Prince of Persia, dont le jeu « Les sables du temps », sorti un an plus tôt, fut un énorme succès. Patrice Désilets, qui est directeur créatif du projet, planche alors sur une série de concepts intéressants qu’il s’empresse de soumettre au designer originel du jeu, à savoir Jordan Mechner. Désilets lui montre une petite démo du Prince en train de crapahuter à travers les bâtiments, sauter de façade en façade, longer des murs. Bref, du parkour en toge. Mechner, totalement séduit, accepte de collaborer sur une nouvelle histoire pour son prince qui fera chronologiquement suite à l’opus de 2003. Il est alors question de développer le jeu pour les nouvelles générations de consoles, telles que Xbox 360 et PS3.
Désilets, fan de l’histoire du Prince et plus spécialement des saveurs orientales mystérieuses qui s’en dégagent, commence dès lors à faire des recherches très poussées sur l’histoire du Moyen-Orient, espérant trouver une accroche dont il pourrait se servir pour ancrer l’intrigue de son projet. Il tombe alors sur l’histoire des Hashshashin, un ordre d’assassins du 12e siècle qui auraient œuvré en Perse, en Syrie et en Turquie avant de « prétendument » disparaître au 13ème siècle, sous la puissance des Mongols. C’est le déclic qu’il cherchait !
Les ingrédients sont désormais posés en vrac sur sa table et pour lui, le jeu consiste à trouver le bon équilibre entre chacun d’eux. Désilets imagine alors un concept s’inspirant des meilleurs éléments de Prince of Persia saupoudré du système de furtivité exploité dans Splinter Cell pour permettre à un personnage d’évoluer dans un environnement très ouvert et être en mesure de réaliser des prouesses acrobatiques… Les fondations sont désormais posées. Mais il manque encore quelque chose qui fera toute la différence. Désilets, qui vient de passer un temps considérable à se documenter, a la ferme intention d’ancrer l’intrigue, son environnement et ses personnages au plus près de la réalité « historique ».
Le récit prend alors forme : la ville de Masyaf (sensé avoir abrité les Hashshashin) sera au centre de l’intrigue ainsi que les villes de Damas et de Jérusalem. Il s’agira de suivre le personnage principal du jeu, un assassin prénommé Altaïr et qui sera chargé de raccourcir l’existence de neuf personnalités éparpillées à travers les différents lieux. Les pièces du puzzle s’emboîtent ainsi les unes avec les autres.
Les responsables d’Ubisoft sont conquis mais souhaitent qu’une touche plus moderne soit apportée en sus. Probablement pour écarter encore davantage ce nouveau jeu de son illustre prédécesseur dont il s’inspire. L’équipe imagine alors l’histoire d’un barman répondant au nom de Desmond Miles, descendant d’Altaïr qui est kidnappé par l’ordre des Templiers (sous couvert d’une grosse corporation), rivaux et ennemis de l’ordre des Hashshashin. Le reste n’est alors que finition ; le credo de l’Assassin est né !
Le jeu vidéo Assassin’s Creed sortira en 2007 et connaîtra un immense succès populaire se vendant à près de 9 millions d’exemplaires. Mission accomplie, une nouvelle franchise est née.
Laa shay’a waqui’n moutlaq bale kouloun moumkine
(« Rien n’est vrai, tout est permis »)
Impossible de parler de la franchise sans évoquer un minimum la trame de son histoire et l’ingéniosité avec laquelle cette historico-mystique s’articule autour de faits réels. Les différentes équipes de développement qui se sont succédées depuis le premier opus s’évertuent en effet à exploiter au maximum les zones dites « grises » de l’Histoire. Tout cela pour y narrer les affrontements entre Templiers et Assassins, rendant non seulement les différentes théories plausibles, mais surtout crédibles. C’est sans aucun doute, une des principales forces de cette franchise à succès qui accueillera à la fin du mois d’octobre 2018 son 19ème chapitre appelé « Assassin’s Creed Odyssey ».
Côté récit, la trame de fond situe l’action en 2012 autour du personnage de Desmond Miles, simple barman de profession et accessoirement descendant d’une longue lignée d’Assassins. Dans le tout premier épisode, Desmond est enlevé par une curieuse multinationale dénommée « Abstergo Industries ». Une corporation pharmaceutique derrière laquelle se cache l’ordre moderne des Templiers, les éternels rivaux des Assassins. Ces derniers l’invitent (sans vraiment lui demander son avis) à utiliser l’Animus, une machine sophistiquée capable de décoder la mémoire génétique de son utilisateur stockée dans son ADN. Offrant par la même occasion la possibilité de revivre activement les souvenirs de ses ancêtres en réalité virtuelle. Et c’est un peu l’événement qui déclenchera le festival du slip. Mais les joyeux lurons d’Abstergo ignorent que ce bon vieux Desmond cherche depuis toujours à fuir son lourd héritage, obnubilé par son but qui consiste à utiliser l’intéressé pour localiser plusieurs artefacts très puissants capables de manipuler les esprits. Ils sont communément appelés « Fragments d’Éden ». Ces artefacts auraient été façonnés par une race de précurseurs ayant vécu sur terre il y a des milliers d’années avant qu’un cataclysme (divin ou extraterrestre ?) ne décime leur race. Mais tout ne se déroule évidemment pas comme prévu puisque Desmond est sauvé par ses pairs Assassins (modernes) et conduit en lieu sûr dans l’optique de s’emparer des dits artefacts avant les « vilainpabos » d’Abstergo. Les différents épisodes du jeu qui suivront, permettront dès lors aux joueurs de traverser les âges et de découvrir l’Histoire à travers les yeux des ancêtres de Desmond…
Chronologiquement, les joueurs viendront à évoluer durant la guerre du Péloponnèse (-431 avant Jean Charles), au cours de la période de l’Egypte Antique (-49 avant Jean Charles, oui toujours lui), de la Troisième Croisade (12e siècle), de la Renaissance Italienne (15e siècle), de la période de la Révolution Américaine, de l’âge d’Or de la Piraterie, de la Guerre de 7 ans et de la Révolution Française (18e siècle), au cours de l’Empire Impérial de Chine, l’Empire Sikh et de la période de la Révolution Industrielle (19e siècle), pour terminer (pour l’instant) sur la période de la Révolution Russe (20e siècle). Bref, une sacrée petite balade à travers l’histoire mais aussi un sérieux clin d’œil au credo des Assassins (en titre) permettant aux joueurs de faire à peu près ce qu’ils veulent avec la réalité.
Quand un et un font deux
Ce qui nous amène à l’actualité. Il y a un peu plus d’une semaine, Thibaud de la Touanne – le Grand Moulélé derrière la maison d’Edition Canadienne Triton Noir – annonçait officiellement le lancement d’un nouveau jeu basé dans l’univers de la fameuse franchise.
En gestation active depuis près de 18 mois, Assassin’s Creed – Brotherhood of Venice s’inscrira durant la période de la renaissance (1509) dans la célèbre cité des Doges comme son nom l’indique (se situant chronologiquement entre les épisodes Brotherhood et Révélation, pour les connaisseurs) et permettra aux joueurs de contrôler 4 Assassins inédits de la franchise qui auront notamment comme but de développer cette branche de la Fraternité et ainsi restaurer la splendeur de la confrérie de Venise… Intuitif, coopératif, tactique et évidemment axé sur le concept d’infiltration (déjà exploité dans V-Commando), le jeu pourra accueillir de 1 à 4 joueurs autour de la table dès 12 ans pour des parties variant entre 30 et 120 minutes composant une campagne immersive de plus de 20 heures ! Conçu pour plaire aux fans de la première heure comme aux nouveaux joueurs, Brotherhood of Venice donnera notamment l’occasion aux protagonistes ludiques de croiser quelques têtes connues telles que ce bon vieux Ezio Auditore da Firenze qui pourra se joindre à eux dans le cadre de certains scénarios. Bref, c’est dire si le projet paraît sérieusement enthousiasmant !
Certains, somme toute plus modérés, nous rétorquerons que l’adaptation de jeux vidéo en jeu de société n’est de loin pas chose aisée et qu’adapter un jeu tel qu’Assassin’s Creed pourrait très sérieusement être casse-gueule !
Certes, un faux pas est toujours possible. Pourtant, nous sommes convaincus qu’Assassins Creed – Brotherhood of Venice – enverra du lourd et sera une belle réussite, ce pour 3 raisons en particulier. La raison la plus évidente tient en un mot : V-Commando. Le premier jeu de Triton Noir, lui-même inspiré de jeux-vidéos tels que Commmando, Sniper Elite, Metal Gear Solid et Splinter Cell est une grande réussite, retranscrivant avec succès l’atmosphère générale de ce type de jeu, non seulement de par les éléments du jeu mais aussi par le biais d’un système de jeu aussi efficace qu’immersif. Spécialement quant au concept de furtivité…
La seconde raison, qui nous semble tout aussi évidente, est Thibaud de la Touanne lui-même. Le magicien derrière Triton Noir navigue en terrain connu puisqu’il est lui-même issu du monde du jeu vidéo. Son parcours professionnel l’a notamment mené chez un certain « Ubisoft », d’abord de 2008 à 2010 mais surtout de 2012 à 2013 où il évolua en tant que producteur associé sur le jeu Watch Dogs. Bref, tout sauf un débutant… Le dernier point concerne la solide équipe dont Thibaud s’est entouré pour ce projet. Notamment composé de talentueux artistes ayant parfois déjà travaillé longuement sur la franchise par le passé (notamment avec Ubisoft) tel que Fabrice Lamidey, un nom qui rappellera certainement quelque chose aux amateurs du jeu de rôle Nephilim puisque Fabrice n’est autre que le co-fondateur de MultiSim !
Et pour tout savoir (ou pas) en neuf minutes…
Kickstartons, dans la joie et la bonne humeur !
Le jeu bénéficiera d’une campagne de financement sur Kickstarter qui démarrera le 13 novembre 2018. Selon les propres dires du Capitaine du Navire, Maître de la Touanne himself, il faudra compter sur de nombreuses surprises et de chouettes clins d’œil aux jeux vidéo. On ne sait pas pour vous, mais nous, on sera au rendez-vous !
NDLR : Pour patienter jusqu’à la sortie du jeu, vous avez toujours la possibilité de vous lancer dans le 19ème opus de la saga qui sortira dans le courant du mois d’octobre : Assassin’s Creed – Odyssey. Trailer : https://youtu.be/s7qB4IMJicc
La campagne participative sur Kickstarter
La page officielle du jeu en français
Reportage sur la secte des Hashshashin
L’histoire de la franchise Assassin’s Creed
Une Masterclass sur le jeu vidéo avec Patrick Désilets
Le Wiki basé sur le jeu vidéo