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Project L, l’opus qui saura vous mettre en pièces

par jeudeclick
Publié : Dernière mise à jour le 639 vues 14 minutes de lecture

Dans son laboratoire top secret, au 22ème sous-sol d’un ancien silo de missiles atomiques, protégé par une dizaines de portes blindées… est né le « Project L » ! Un projet au nom mystérieux développé par l’éditeur Boardcubator.

Non, tout cela est faux. Mais avouez que vous avez eu envie d’en apprendre un peu plus ? Néanmoins, ce qui est véridique, c’est bien le jeu « Project L » signé de l’éditeur Boardcubator. Une petite équipe de passionnés, établie en République Tchèque, avec qui nous gardons contact depuis pas mal de temps et dont nous suivons le travail avec beaucoup de plaisir. Nous avons déjà évoqué certains de leurs jeux dont l’excellent « Space Race » qui évoquait la conquête de l’espace en jeu de carte plutôt amusant et malin.

Pour Project L, changement radical de type de jeu et d’univers. On se retrouve avec un opus totalement abstrait, empli de réflexion et dont la boîte et les composants s’apparentent plus à un petit objet d’art, tant le résultat est surprenant. Quand la pureté du design rencontre les sphères du jeu de société… Aux commandes de ce titre, le trio Michal Mikes, Jan Soukal et Adam Spanel. Le tout, pour un jeu qui se pratique de 1 à 4 joueurs, et des parties allant de 20 à 40 minutes, accessibles à partir de 8-10 ans.

Pour la petite histoire, Project L a connu un financement participatif sur Kickstarter en octobre 2018, lequel a rencontré un véritable plébiscite. Un peu plus de 3’500 contributeurs ont cru en ce projet et ont permis au jeu d’exister. L’opus ne comporte pas de texte sur son matériel et le fascicule des règles est disponible dans la boîte en plusieurs langues dont le français.

Dans ce jeu, vous devrez faire preuve de réflexion et d’optimisation puisque vous devrez résoudre des puzzles grâce à différentes formes géométriques. Petit à petit, vous récupérez de nouvelles pièces, vous les ferez évoluer afin d’accomplir vos « casse-tête » et vous progresserez dans le jeu. Chaque puzzle vous rapportera des points de victoire ou différents effets et vous pourrez vous confronter aux autres joueurs qui essayeront de faire mieux que vous, tout en vous disputant les puzzles à réaliser. Entre stratégie, jeu d’esprit et opportunisme, Project L pourrait bien bousculer vos idées reçues et vous mettre au défi. On vous explique cela plus en détails.

A géométrie variable…

Le but consiste à marquer le plus de points de victoire que vos adversaires, en réalisant différents puzzles proposés par le jeu. Mais avant qu’une partie ne commence, chaque joueur prend ses deux pièces de départ et différentes plaquettes de puzzles sont positionnées face visible au centre de la table. D’autres constituent une pile de pioche.

A son tour le joueur actif peut effectuer jusqu’à trois actions. La première action possible consiste à prendre une plaquette de puzzle et la mettre devant soi. Une deuxième action permet d’utiliser une de ses pièces pour la placer dans un de ses puzzles. Une troisième action possible permet de modifier une de ses pièces vers une autre pièce de même niveau, d’un niveau supérieur ou d’un niveau inférieur. Et finalement, prendre une pièce de niveau 1 dans le stock représente une quatrième action possible. Il existe encore une cinquième action, qui ne peut être effectuée qu’une fois durant le tour et qui permet de placer une pièce sur tous les puzzles en notre possession.

Lorsqu’un joueur complète entièrement un puzzle, ses pièces lui sont restituées et il gagne une nouvelle pièce qui est inscrite sur la plaquette du puzzle qui vient d’être achevé. Et chaque puzzle achevé rapporte différents points de victoire selon sa complexité. A noter qu’un joueur ne peut pas avoir en même temps plus de quatre puzzles en cours devant lui. Et quand un joueur a effectué ses trois actions, c’est au joueur suivant d’entamer son tour. Quand la pioche des puzzles de couleur noir est épuisée, la partie se termine.

L’Art de la réflexion

On vous le disait en introduction, Project L s’apparente presque à un petit objet d’Art. Et ce n’est rien de le dire ! Une fois en main, la boîte de jeu nous impressionne par son aspect vraiment très classe et particulièrement épuré. Une boîte toute noire sur laquelle ne figure qu’un « L » de couleur bleu, recouvert d’un vernis sélectif. Rien d’autre ! C’est tout simplement Magnifique ! A l’intérieur, le matériel demeure tout aussi impressionnant avec 52 plaquettes de puzzle, 135 pièces de couleur en acrylique, 5 plateaux de joueurs en carton, un sac de rangement en tissu et 4 marqueurs pour le mode solo. Sans oublier le livret des règles. Le tout rangé dans un thermoformage avec mousses de calages et différents petits cartons pour que rien ne soit abîmé. L’éditeur a clairement mis la barre très haute avec des composants magnifiquement produits. Les plaquettes des puzzles sont assemblées en triple layers dans du carton de type black board. Les pièces en acrylique sont très solides, le sac en tissu est brodé. Même le papier du livret des règles a été sélectionné avec soin dans différents grammages. Tout a été pensé, millimétré et produit avec beaucoup de soin et de raffinement. Quel bel objet ludique !

Visuellement, peu d’éléments graphiques. Mais une pureté et un minimalisme complètement assumé par l’éditeur. C’est sobre, c’est très design, c’est beau ! La direction artiste alterne de grands aplats entre noir et blanc. Et de petites touches de couleurs vives viennent rehausser l’ensemble, soit sur les plateaux des joueurs, dans la règle ou avec les nombreuses pièces colorées. Les éléments de jeu comportent également de petites touches de vernis sélectif ainsi que différents pictogrammes. Project L s’avère clairement réussi et donne visuellement envie d’y jouer.

Thématiquement, nous sommes sur un jeu abstrait de type puzzle. Il n’y a donc pas de background ni d’histoire ou de contexte lié au jeu. Mais pour ce type d’opus, l’essentiel n’est pas là. Le jeu cherche à nous mettre au défi et pour cela, en tant que joueur, nous allons être servis.

Côté règle du jeu, le livret comporte 51 pages ! Pas de panique, on vous imagine déjà à stresser en nous lisant. On vous le disait, la règle a été traduite en de nombreuses langues et la partie francophone ne comporte que 5 pages. Présentées sur trois colonnes, les informations fournissent des précisions claires et précises. L’ensemble est ponctué par quelques schémas bien utiles et la règle se lit rapidement et facilement.

La mise en place ne vous prendra que peu de temps avec uniquement des plaquettes à trier et à placer, et les pièces du jeu qui devront être mises à disposition de tous les joueurs. Ainsi, la première partie peut débuter ! Une première partie qui permet de prendre en main le jeu. Même si rien n’est compliqué en ce qui concerne le tour de jeu, il faudra se familiariser avec la manipulation des pièces. Lors de la partie de découverte de Project L, on a tendance à ne prendre qu’un seul puzzle à la fois, puis a optimiser son jeu. Et c’est très bien ainsi. Lors des parties suivantes, la stratégie pourra s’affiner et se développer. On relève également la très bonne lisibilité des pictogrammes présents sur les plaquettes. Les petits dessins sont parlants et il n’est pas utile d’effectuer des retours à la règle; encore un point fort du jeu !

Si Project L repose essentiellement sur des mécanismes de casse-tête de type puzzle, cela ne s’arrête pas là. Bien sûr, vous devrez optimiser votre jeu en sélectionnant les bonnes pièces et en récupérant d’autres qui vous permettront de progresser vers une difficulté croissante. Mais le jeu cache aussi une bonne dose d’opportunisme avec les plaquettes présentes au centre de la table. Il faudra choisir judicieusement, soit pour aller de l’avant, soit pour bloquer un autre joueur. On retrouve aussi une gestion de ressources, ou plutôt une gestion de pièces. En effet, le jeu permet, en cours de partie, d’échanger les pièces dont nous disposons. Et cela s’avère un élément capital dans Project L. Parfois, il sera indispensable de diversifier son jeu pour optimiser et accélérer la réalisation des formes à compléter. On pourrait même affirmer que le gameplay permet de mettre en place, dans certaines circonstances, un moteur de jeu. Et globalement, l’ensemble fonctionne très bien. On prend plaisir à élaborer une stratégie et à accomplir rapidement les plaquettes les plus complexes, synonymes d’un maximum de points de victoire. En fin de partie, après un sprint final, chacun calcule de manière assez simple ses différents points, en additionnant les plaquettes accomplies pendant le jeu. Rien de compliqué de ce côté-là.

Ouvrons une petite parenthèse sur l’originalité du gameplay. Nous sommes certains qu’en voyant le jeu, vous avez inévitablement pensé à Tetris. On retrouve certes, quelques éléments s’y rapprochant avec la forme des pièces, le système d’imbrication et même le fait de combler l’espace vide par ces fameuses pièces. Mais Project L va clairement plus loin avec toute l’originalité d’un jeu qui augmente en difficulté. On peut faire évoluer ses pièces, choisir ses puzzles, bloquer les autres joueurs, être opportuniste, mettre en place des stratégies. Pas de place à la chance, tout doit être calculé au mieux et anticipé. C’est là que le jeu gagne réellement en originalité et qu’il se laisse véritablement apprécier.

Les tours de jeu permettent d’effectuer la partie de manière très fluide. On ne reste que peu de temps à réfléchir; ce qui est plutôt paradoxal. On élabore ses prochaines actions pendant le tour des autres joueurs. Ainsi, quand le joueur actif effectue ses actions, il faut bien avouer que cela se fait rapidement. C’est donc un bon enchaînement qui se pratique tout du long de la partie.

La rejouabilité de Project L repose essentiellement sur son large choix de puzzles et sur le fait de les piocher et de les renouveler au hasard pendant le jeu. Cela assure une parfaite diversité et chaque partie ne ressemble jamais à une autre. Bien sûr, on pourrait se dire que les actions consistent pratiquement toujours à poser des pièces. Mais vous l’aurez compris, le système de jeu ne s’arrête pas simplement à cela… A chacune de nos parties, l’expérience de jeu a été différente et nous nous sommes même retrouvés avec d’importantes différences lors du scoring final. S’adapter à chaque partie n’est pas si aisé mais la diversité est bien là !

Si le jeu permet certes de se disputer les puzzles au centre de la table, il faut bien connaître que Project L n’est pas un modèle d’interaction. On construit et on développe essentiellement son jeu dans son coin. Cela dit, en ce qui nous concerne, on a plutôt apprécié cet aspect qui correspond parfaitement avec l’esprit du jeu. Dans Project L, on cherche le calme et la possibilité de se concentrer pour optimiser son jeu. Il était donc nécessaire de ne pas se retrouver avec un système de jeu qui nous dérangerait toutes les trente secondes. Donc, on valide totalement ce peu d’interaction qui fait beaucoup de bien.

Après s’être laissé convaincre par la campagne de finalement de Project L, l’opus a débarqué sur notre table de jeu tel un petit objet design. Et il faut bien reconnaître que c’est du plus bel effet. Boardcubator a voulu produire quelque chose de beau et le résultat est magnifique. Et comble du luxe, le jeu n’est pas que beau, il est aussi très bon. La prise en main facile permet de s’amuser rapidement et de nous mettre au défi. On manipule vigoureusement ces petites pièces et on cherche à faire de notre mieux sous l’œil suspect des autres joueurs. Mais jamais sans que cela devienne une prise de tête, et on a apprécié cette légèreté toute relative. Petit à petit on enchaîne les challenges et finalement, la fin de partie arrive assez précipitamment. Une dernière course aux points de victoire et il est déjà temps de calculer son score. Puis d’en refaire une partie ! Décidément, ce Project L a tout pour nous plaire encore et encore…

D’indispensables fantômes

Nous ne l’avons pas encore évoqué, mais Project L dispose également d’une extension. Et quelle extension ! Aussi surprenant que cela puisse paraître, le jeu introduit certes de nouveaux puzzles, mais aussi et surtout des « pièces fantôme » !

Des pièces noires de trois formats différents qui peuvent s’obtenir soit en faisant évoluer une pièce de niveau 4, soit en accomplissant un type de puzzle permettant de récupérer une pièce fantôme. Ces pièces permettent de compléter plus facilement certains espaces mais peuvent aussi être échangées contre d’autres pièces du jeu. Précisons encore que l’extension rajoute des casse-tête dont la récompense n’apporte pas de nouvelle pièce au joueur, mais de quoi faire évoluer une de ses pièces.

Vous allez peut-être vous dire qu’il s’agit là d’une simple extension qui a été voulue uniquement pour la campagne KS. Détrompez-vous ! Nous sommes toujours un peu réticents avec les extensions; parfois elles rajoutent de quoi renouveler un jeu qui a été passablement utilisé, mais parfois elles sont totalement dispensables. Soyons honnêtes… Mais dans le cas présent, l’extension des pièces fantôme rajoute vraiment de quoi enrichir le gameplay. A tel point que de notre point de vue, elle devrait faire partie de la boîte de base, tant les possibilités offertes sont intéressantes et enrichissantes pour l’ensemble du fonctionnement de Project L.

En effet, utiliser une pièce fantôme rajoute de nouvelles options. Soit en les utilisant en tant que pièce, soit en la fractionnant en d’autres pièces; et c’est là que le gameplay s’enrichit. C’est un vrai dilemme que de choisir comment utiliser sa pièce fantôme et à quel moment la diviser de façon intelligente en ayant anticipé la suite de ses actions. C’est tout simplement savoureux et très malin !

Précisons encore qu’une deuxième mini-extension existe mais n’a été proposée qu’à des ambassadeurs du jeu. Il s’agit de trois petites plaquettes bonus qui offrent une récompense un peu particulière sous la forme d’une super action. Les puzzles enrichissent encore les possibilités de jeu mais les récompenses offrent un bénéfice qui doit tomber à point nommé, uniquement dans certaines configurations bien précises. Ce n’est pas indispensable d’obtenir ce pack même si on apprécie tout de même ce bref ajout de gameplay.

Vous l’aurez donc compris, ce Project L aura clairement su nous convaincre avec une expérience ludique bien complète. Boardcubator est parti d’un concept tout simple et a réussi son pari de le sublimer de façon intelligente et très ludique. Un jeu à se procurer pour des parties conviviales et réfléchies… On valide totalement !

La règle du jeu en multilingues dont le français
Project L sur Board Game Geek
Le site de l’éditeur Boardcubator

Rédacteur de l’article : Léo

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