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Wingspan, trop Chouette !

par jeudeclick
Publié : Dernière mise à jour le 936 vues 10 minutes de lecture

« Ça mon grand, c’est un Colibri à tête noire. Il est l’emblème de la Jamaïque et c’est le colibri le plus répandu de l’île. Tu peux admirer la belle couleur émeraude de son plumage ainsi que sa longue queue noire fourchue. Savais-tu que les Trochilidés, la famille des colibris, sont les seuls oiseaux pouvant pratiquer le vol stationnaire ? Il se trouve que cela est dû à deux choses : ils peuvent effectuer jusqu’à 100 battements d’ailes par secondes et ils peuvent faire des rotations de leurs ailes à plus de 90 degrés. Cela leur permet même de voler vers l’arrière ! C’est quand même fou non ?  Sinon ce petit oiseau fut également appelé « God Bird » signifiant oiseau divin par les Indiens Arawak qui croyaient qu’ils possédaient des pouvoirs magiques et étaient la réincarnation des âmes des défunts. Aller, on va voir la suite ? »

Depuis mars 2019, tout le monde en entend parler et personne ne peut passer à côté de ce jeu. C’est vraiment rare qu’un titre suscite autant d’admiration et visiblement, beaucoup s’accordent à dire que le jeu est bon et qu’il mérite le buzz qu’il produit. Cet opus n’est autre que Wingspan d’Elizabeth Hargrave édité en version originale par Stonemaier Games et localisé par Matagot en français. A l’origine du projet l’éditeur n’y croyait pas beaucoup. Cependant le succès fut tel qu’il est en rupture de stock un peu partout mais à notre grand soulagement le reprint a lieu et des copies supplémentaires devraient arriver prochainement.

Ce jeu illustré par le trio Ana Maria Martinez Jaramillo, Natalia Rojas et Beth Sobel, est axé placement et collection. Il est prévu de 1 à 5 joueurs pour des parties pouvant aller de 45 à 90 minutes environ. Il prend place dans une thématique peu exploitée actuellement : l’ornithologie. En effet vous allez durant plusieurs tours devoir placer sur votre plateau des oiseaux dans leurs habitats de prédilection en leur fournissant la nourriture nécessaire. Du nom de l’oiseau en passant par son envergure ou encore ses caractéristiques de nidification, Wingspan n’est pas seulement ludique mais aussi éducatif.

Vous trouverez donc dans Wingspan pas moins de 170 espèces différentes d’oiseaux qu’on peut trouver en Amérique du Nord sur un recensement de 914. Le travail de recherche et de sélection est vraiment énorme pour un jeu si grand public. Avant de vous donner notre avis allons voir le fonctionnement.

Bleu y joue, ensuite rouge, Pivert !

Dans Wingspan, le but du jeu est de faire un maximum de points de victoire. Pour cela vous allez devoir jouer durant 4 manches. Vous scorerez en fonction des points indiqués sur les oiseaux posés, le nombre d’œufs pondus en fin de partie, les divers stocks effectués (cartes et nourritures) ainsi que grâce aux points d’objectifs de manches ou en fonction des cartes bonus.

Le fonctionnement est assez simple, au début de la partie, chaque joueur dispose de 8 cubes d’actions et à partir d’un premier joueur, chacun va jouer une action sur son plateau parmi les 4 disponibles : Jouer un oiseau de sa main, récupérer de la nourriture, pondre des œufs ou piocher des cartes. Mise à part l’action de jouer un oiseau, chaque autre action permet d’activer les pouvoirs des oiseaux situés dans la ligne de l’action. Une fois tous les cubes joués, la manche se termine et tous les joueurs se sépareront d’un cube pour marquer la progression sur le scoring de la manche. De cette façon à chaque manche suivante, nous aurons moins d’actions à jouer.

En ce qui concerne les pouvoirs des oiseaux, ils sont de trois types : instantanés, à l’activation d’une action ou lors de l’action d’un autre joueur. Ces types d’actions sont facilement repérables par la couleur de fond derrière le texte de l’action. A la fin de la quatrième manche, la partie est terminée.

Y’a Koi Dedans ?

Faucon vous le dise…

Soyons clairs, on a vraiment été bluffé par Wingspan. Au niveau matériel, il est rare voire très rare de trouver une telle qualité de production, surtout pour un jeu distribué via le chemin « classique ». Stonemaier Games a mis les petits plats dans les grands avec Wingspan, une belle tour à dés représentant une mangeoire, 5 dés en bois de bonne qualité, 5 jolis plateaux joueurs ainsi qu’un plateau oiseau qui sert également de boîte de rangement aux diverses cartes. En plus de cela vous trouverez dans votre boîte, des cubes en bois aux couleurs des joueurs, plus de 100 jetons nourriture, des tuiles objectifs, des œufs miniatures ainsi que plus de 200 cartes toilées ! En plus d’être quantitatif le matériel est qualitatif et en tant que joueur nous en sommes enchantés.

Au niveau des illustrations et autres graphismes, Wingspan est tout simplement… magnifique. Les cartes oiseaux uniques sont toutes superbement illustrées. De plus, les pictogrammes que l’on retrouve sur les diverses cartes et plateaux sont bien lisibles et le texte sur les cartes est très clair. Honnêtement nous frôlons la perfection sur ce jeu.

Le thème n’est clairement pas plaqué. Il permet vraiment de comprendre les actions. De plus, on apprend énormément de choses grâce à ce jeu et notamment sur les habitats, nidifications ou quantités d’œufs lors d’une ponte (avec rapprochement 6 pour 15 par exemple). La nourriture des volatiles également est proche de la réalité. On ressent vraiment lors d’une partie de Wingspan la présence du thème et nous nous prenons au jeu de devenir apprentis ornithologues. Par contre, on aurait volontiers aimé que l’éditeur s’intéresse aussi aux oiseaux de tous les continents. Il n’y a pas que les Etats-Unis dans la vie !

La règle est très bien écrite, elle est courte et lisible. Dans cette dernière se trouvent bon nombre d’illustrations et d’exemples permettant d’apporter de la clarté. Est également fourni, un livret d’annexe décrivant tous les pouvoirs ou les divers objectifs. Les règles sont facilement compréhensibles et s’expliquent assez aisément au groupe de joueurs que nous pouvons avoir à notre table.

La mise en place de Winspan est, elle aussi, plutôt facile. Il suffit de distribuer les éléments propres à chaque joueur puis une petite initialisation a lieu avec la distribution et le choix de cartes et nourriture… et c’est parti pour la première action. D’ailleurs une variante pour la mise en place propose de drafter les cartes oiseaux entre les joueurs avant de choisir la nourriture et les cartes bonus. La prise en mains est donc immédiate, les mécanismes sont simples et outre la réflexion pour essayer de faire les meilleures actions avec les cartes et dés qui sont disponibles, il n’y a aucune difficulté.

Les mécanismes ne sont pas complexes. Nous apprécions notamment celui proposant à chaque action, d’activer les oiseaux de l’habitat lié à cette action. Cela permet de faire des combos qui peuvent être assez riches. Le fait que les cartes soient uniques peut cependant frustrer les joueurs aimant tout contrôler. On n’en pioche qu’une, deux ou trois en général donc c’est un jeu ou malgré la planification possible, il faut souvent réagir à ce qu’il se passe dans la partie. Wingspan est également un jeu d’opportunités et c’est ce doux mélange qui en fait sa saveur. Au niveau du système de scoring, il est assez classique. On score sur plusieurs points. Cependant, petit conseil, ne pas sous-estimer la valeur en point de la production d’œufs ainsi que des cartes bonus ! Vous êtes prévenus…

Lors d’une partie de Wingspan, les tours sont très fluides, les actions simples le permettent. Cependant, il se peut en particulier à 5 joueurs qu’un peu « d’analysis paralysis » de la part de certains joueurs ralentisse la partie. Même si on doit organiser sa partie sur son plateau personnel, il y a quand même pas mal d’interactions dans ce titre. Au niveau de la mangeoire, au niveau de la récupération des cartes et surtout sur les objectifs de fin de manche. De plus, le fait que certains pouvoirs d’oiseaux s’activent durant les actions des autres joueurs rajoute de l’interaction qui est assez agréable. La tension est présente, on cherche à optimiser au maximum pour tenter de remporter la victoire et honnêtement jusqu’à la dernière ligne du comptage des points on peut douter. Quelles sensations !

Quel que soit la configuration en terme de nombre de joueurs le jeu est le même, les sensations sont les mêmes et le plaisir… nous vous laissons deviner, le même. Il s’agit là d’une vraie force pour ce jeu ! L’auteur a ainsi réussi à faire en sorte que son opus fonctionne vraiment c’est encore une fois une chose qui nous plaît beaucoup.

Pour la partie en solitaire, Wingspan s’appuie sur le désormais célèbre Automa Factory de Stonemaier Games et à vrai dire avec ses 11 cartes automates la version fonctionne parfaitement. L’automate est très simple à utiliser et d’une efficacité redoutable. 3 niveaux de difficulté en solitaire sont proposés et nous pouvons vous dire que même le niveau facile est ardu à battre. Encore une belle réussite de la part de David J. Studley principal auteur de cet automate.

Le franc succès que connait ce nouveau titre n’est pas volé. Honnêtement, le buzz l’accompagnant est justifié. Ce jeu, que l’on pourrait classer dans une catégorie « Familial + » (NDLR : A voir selon votre niveau), est très agréable et offre une belle profondeur. Il est facile à prendre en mains, relativement court et peut faire office d’une excellente porte d’entrée pour les novices, dans une gamme de jeu un peu plus velue. Mais il reste en même temps très agréable pour les joueurs aimant calculer et optimiser. Au final c’est un jeu pour tous !

Lorsqu’on y joue, on imagine facilement les nombreuses extensions qui pourront voir le jour. A quand celle avec les oiseaux ayant leur habitat en Europe ? D’ailleurs une extension est déjà en route et prévue d’ici la fin de l’année. Nous sommes vraiment séduits par ce titre d’Elizabeth Hargrave et nous en espérons d’autres de la même qualité de la part de l’auteur.

Maintenant, à vous de vous forger votre propre avis.

La page du jeu sur le site de Matagot
La page du jeu chez Stonemaier Games

Rédacteur de l’article : Sylvain

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