Accueil > Articles > Newton, c’est d’une telle gravité…

Newton, c’est d’une telle gravité…

par jeudeclick
Publié : Dernière mise à jour le 469 vues 12 minutes de lecture

Il fallait bien que cela arrive un jour. Isaac est du genre à dormir sous les pommiers à longueur de journée. La pomme, il l’a reçue en pleine figure, mais qui aurait cru qu’il puisse en tirer une théorie aussi populaire suite à cet incident malheureux. Quoi qu’il en soit, le milieu du XVIIème siècle est pour la science, une période de grandes découvertes et il est temps de surfer sur cette vague pour rentrer dans l’histoire. Les idées fusent et changent la perception de notre environnement, allant de la simple plante jusqu’aux étoiles dans le ciel. Allons parcourir le monde, visiter les plus grandes bibliothèques, étudier la science, travailler, inventer et révolutionner notre univers. C’est avec toute cette ambition débordante que vous vous apprêtez à faire le plus beau et long voyage de votre vie.

Newton est un jeu édité dans sa version originale par Cranio Creations et Pixie Games pour la localisation française, présenté lors de la grande Messe d’Essen 2018 et disponible à la vente, sous nos latitudes, depuis avril 2019. Cet excellent jeu est sorti de l’imaginaire de Simone Luciani et Nestor Mangone. Les illustrations ont, quant à elles, été confiées à Klemens Franz. Vous y reconnaîtrez donc un style Agricola ou Isle of Skye; bah oui, c’est bien lui !

Newton est un voyage crânien pour 1 à 4 étudiants de 14 ans révolus et pour une partie vacillant entre 80-90 minutes. Vous êtes donc un jeune étudiant voulant se faire une place dans le monde de la science et des idées révolutionnaires pour pouvoir vous asseoir à la table d’Albert Einstein, Copernic, Isaac Newton et bien d’autres. Pour cela, il faudra étudier, voyager, chercher, travailler et surtout inventer afin d’atteindre votre objectif.

Concrètement, vous avez dans les mains un jeu qui mélange un peu de draft, mais surtout du placement et des cartes. Vous allez devoir scorer un maximum de points de victoire pour gagner et vous avez pour cela 6 manches pour vous cultiver et devenir un génie de la science. A chaque manche, les joueurs jouent une carte action à tour de rôle et effectuent l’action de la carte sur la piste correspondante du plateau de jeu. Vous allez pouvoir vous développer sur plusieurs pistes comme par exemple le voyage, et chacune de ses pistes apporte son lot de bonus. Bien entendu, vous êtes tous en compétition pour devenir une légende des sciences. Ne perdez pas de temps, filez dans votre chambre… Enfin non, allez vous instruire plutôt !

Un et un font deux… ou onze

Pour bien comprendre Newton, voici comment nous devons nous y prendre pour remporter la partie. Tout d’abord, chaque joueur reçoit un paquet de 6 cartes actions, un plateau personnel, des pions, une multitude de tokens, de l’argent de départ. Une fois le setup terminé la partie peut commencer.

Un premier joueur est désigné et à tour de rôle une carte sera jouée sur son plateau personnel et la carte désignera la nature de l’action. Par manche, il sera possible de jouer un maximum de 5 cartes actions. A la fin de la manche, il y a une phase d’entretien qui permettra de faire avancer la piste des points de victoire, si cela est possible. Ce qui fait la particularité de Newton est qu’il faudra défausser une carte parmi les cartes jouées pour le rajouter sur son plateau de jeu. Et ensuite récupérer le reste des cartes pour les reprendre en main. Cette nouvelle main constituera les cartes disponibles lors de la manche suivante. Vous l’aurez tout de suite compris, vous allez à chaque manche « perdre » une carte et on voit déjà vos cheveux se dresser comme un phénomène d’électricité statique. On vous rassure, vous avez une action qui permettra de piocher de nouvelles cartes actions et ainsi refaire votre main. Cependant, c’est un paramètre et une action très importante dans Newton, car être en pénurie de cartes actions est vraiment dommageable pour le développement de votre partie.

Les manches se suivent et ne se ressemblent pas, jusqu’au bout de la 6ème manche où un dernier décompte de points de victoire est enclenché comme lors d’une phase d’entretien. Suite à cela, il y a des points bonus qui peuvent se rajouter au score final. Il s’agit notamment des cartes Maîtres, avec l’illustration des scientifiques les plus célèbres, qui permettent de scorer un bonus de points de victoire à la fin, et qui donne certains bonus permanents ou avec effet immédiat pendant le jeu. Le dernier moyen de scorer est par le biais de tuiles objectifs qui sont disponibles sur le plateau de jeu. Selon la manière dont vous avez pu vous développer sur les pistes, vous pouvez atteindre des tuiles bonus qui augmenteront votre score final.

Après cette session gratuite de mathématique, celui ou celle qui aura accumulé le maximum de points se verra remettre son diplôme de génie et paraîtra dans tous les livres de science et d’histoire dans les meilleures écoles du monde. Rien que ca !

Sur un autre ton Isaac !

Passons en revue les différents composants de Newton en commençant par le matériel. Des tokens cartonnés, des plateaux joueurs assez solides, des cartes standard et du cubenbois pour les pions. Niveau matériel, on est dans le classique mais d’assez bonne facture. Le thermoformage est en carton et totalement dispensable. Si vous avez la possibilité de ranger les composants dans des mini-sachets, cela fera grandement l’affaire.

Parlons de la thématique qui est selon nous, ce qui ne contribuera pas à la grandeur de ce jeu. Disons-le tout de suite, la thématique est relativement effacée par l’expérience de jeu qui elle est grandiose. Elle donne le cadre, mais le gameplay est tellement prenant que l’on fini par oublier le décor. D’un point de vue illustrations, vous remarquerez très vite que c’est très sobre. Pour nous, c’est clair et net, Newton n’a pas besoin de fioriture graphique pour être un très bon jeu.

Concernant les différents pictogrammes nous avons vraiment un arrière goût de « Lorenzo il magnifico », qui est relativement simple à comprendre, mais nécessite de le voir une fois dans les règles pour être sûr de ne pas se tromper.

La rédaction des règles est très bonne, bien structurée et bien illustrée pour comprendre aisément les tenants et les aboutissants du jeu. N’ayez vraiment pas peur des 16 pages de règles, il y a plusieurs pages qui expliquent chaque piste à explorer, les différents pictogrammes et effets de cartes. Ce qui nous amène à parler de la mise en place qui est également bien illustrée dans le livre de règles.

L’installation est moins complexe qu’elle n’y paraît. Il y a surtout beaucoup de composants à placer sur le plateau, mais le placement est  totalement aléatoire pour nous permettre une très bonne rejouabilité.

La prise en main est facile, mais… oui, parce qu’il y a un mais… Pour maîtriser le gameplay de Newton, il faudra quelques parties sous les dents ou sinon, parvenir à calculer jusqu’à X coup d’avance. X étant une inconnue ! La phrase s’arrête là, car x est vraiment inconnue ! BON OK, arrêtons avec les maths.  

Mais, parlons plus en détail du gameplay qui nous semble être vraiment le gros plus dans Newton. Lorsque vous jouez une carte sur votre plateau, vous effectuez l’action qui correspond au pictogramme de la carte. Jusqu’ici, tout va bien. Lorsque vous jouez une carte action qui partage le pictogramme d’une carte jouée antérieurement, vous augmentez la force de votre action pour chaque autre pictogramme semblable de +1. Ce qui aura pour effet, par exemple, de voyager plus vite – plus loin – sur la piste du voyage, de piocher une carte action plus « forte », etc. C’est aussi pour cela que lors de la phase d’entretien, il sera crucial de bien choisir la carte à défausser pour la rajouter de manière permanente dans votre étagère personnelle. Oui, oui, nous allons glisser cette dernière sous notre étagère avec le pictogramme apparent, ce qui signifie qu’à chaque manche, nous renforçons sciemment une action pour les prochains tours. Ce sera à vous de choisir judicieusement quelle carte défausser et qui vous permettra de faire des actions avec bien plus d’intensité sur les prochains tours.

Le choix cornélien ne s’arrête pas qu’à cela. A croire que la torture cérébrale est le leitmotiv de ce jeu. Une carte action se compose de 2 parties, celle du bas correspond au pictogramme d’action, celle du haut correspond à d’éventuels bonus à effet immédiat ou à des composants qui ouvrent l’accès à certaines tuiles objectifs et/ou développement de la piste bibliothèque. Une fois la carte défaussée dans la phase d’entretien, nous perdons la partie bonus de la carte d’action, si bonus il y a éventuellement. Nous précisons qu’il est impératif de défausser une carte jouée et non depuis notre main. Vous comprendrez que cette mécanique, aussi simple qu’elle puisse paraître, ouvre une usine à gaz de possibilités, de stratégies, de planifications et de rejouabilités. Ceci aura une incidence sur la longueur du tour, puisque nous ne sommes jamais à l’abri de copains avec le syndrome de l’analysis paralysis. Malheureusement, nous n’avons à ce jour, trouvé aucun vaccin contre ce mal qui peut affecter nos plus chers compagnons.

Ce que nous pouvons également mettre en évidence concerne l’interaction relativement faible. Hormis les cartes d’action que nous pouvons récupérer et qui seraient susceptibles de mettre nos concurrents dans l’embarras, nous avons carte blanche pour nous développer partout ailleurs, sans vraiment pouvoir se coincer entre adversaires. La victoire reviendra à celui qui aura optimisé ces actions au maximum et fait les choix les plus gourmands en points de victoire. Au fur et à mesure, vous allez générer des points de victoire, générer des bonus (d’actions ou autres), avancer à fond quelques pistes développements, car évidemment, dans Newton, on ne pourra pas se développer au maximum sur toutes les pistes. Il faudra faire des choix stratégiques et nous sommes tenté de dire, qu’un mauvais départ dans Newton pourrait avoir une conséquence désastreuse en fin de partie. Nonobstant, c’est ce qui fait aussi son charme puisqu’il faudra vraiment compter sur soi-même pour pouvoir faire un score dithyrambique.

La variante solo ne change pas radicalement l’expérience de jeu, ce qui le rend aussi intéressant puisqu’il faudra faire un score le plus haut possible. Bon, ce n’est pas toujours le plus excitant, mais soit ! Pour notre part, nous avons réussi à atteindre le niveau professeur avec 79 points, mais nous sommes encore loin du niveau Légendes des sciences avec 121 points…

Pour tout vous dire, Newton est selon nous, un jeu très bien ficelé qui prend sans contestation une place sur le podium des jeux à posséder dans notre ludothèque. Malgré le manque d’immersion et d’interaction, la mécanique de jeu est un réel plaisir renouvelable après chaque partie. Peu importe le nombre de joueurs, il est tout aussi plaisant en solo qu’à 2,3 ou 4 joueurs (sûrement en raison de l’interaction relativement peu importante).

Nous avons volontairement fait fi des détails des actions bonus et autres composants de type carte des Maitres et/ou tuiles objectifs, car nous souhaitons vous laisser une part de surprise sur la profondeur du jeu. L’essayer, c’est l’adopter donc vous savez ce qui vous reste à faire !

Maintenant, à vous de vous forger votre propre avis.

Le fiche de Newton sur Board Game Geek
Le site de l’éditeur Pixie Games

Rédacteur de l’article : Éric

VOUS POUVEZ EGALEMENT AIMER

Laisser un commentaire