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Aeon’s End, un deckbuilding sur la brèche…

par jeudeclick
Publié : Dernière mise à jour le 431 vues 11 minutes de lecture

Gravehold est toujours debout, mais ses fondations se fragilisent de plus en plus… L’assaut de l’Innommable, qui demeurait jusqu’à maintenant possible à contrecarrer devient de plus en plus difficile à maintenir hors de portée. Les survivants de l’Ancien Monde rassemblent courageusement leurs dernières forces pour défendre ce qui fut autrefois une cité florissante… Mais les brèches magiques que Mist, Dezmodia, Quilius ou Xaxos tentent de maintenir ouvertes tiendront-elles le choc ? A partir de maintenant, tout ne sera que courage et entraide contre la menace grandissante de ces démons. Serez-vous à la  hauteur de la bataille ?

Aeon’s End est un jeu deckbuilding coopératif dans lequel les joueurs incarnent des héros qui cherchent à vaincre des Némésis et ainsi protéger leur cité souterraine Gravehold de la destruction. La première version de ce deckbuilding a été financée sur Kickstarter en mai 2016 et cette franchise se décline désormais en plusieurs versions standalone et moult extensions, incluant un Legacy et même une version digitale. Pour illustrer le succès de ce jeu, la dernière campagne Kickstarter pour la version “Aeon’s End : the New Age”, qui a eu lieu en mars 2019 et dont la trame narrative et immersive a été mise en avant grâce un mode campagne, a culminé à hauteur de 530’000 dollars sur les 40’000 demandés !

L’auteur de toutes les versions Aeon’s End, Travis Worthington, travaille pour IndieBoardandCards et Action Phase Games, qui ont notamment publié le charmant Kodama. L’illustrateur derrière le design de Aeon’s End, Kevin Riley, est un ancien joueur professionnel de Starcraft 2 ; on y notera par ailleurs la source de son inspiration dans ses magnifiques illustrations heroïco-medieval-fantasy.

Prévu pour quatre joueurs, il possède un mode solo et se prête aussi très bien à deux et trois joueurs. Il faut compter environ une heure de jeu, indépendamment du nombre de joueurs. Quatre niveaux de difficulté sont proposés (Novice, Normal, Expert et Extinction) et sont déterminés par la variabilité des points de vie alloués aux deux parties. Le mode normal est le mode d’usage et on peut corser le jeu en utilisant les règles avancées propres à la Némésis. Et bien entendu, vous pourrez retrouver ce jeu en français avec un opus d’ores et déjà édité chez Matagot.

Stabilisez les brèches, vite ! Ils arrivent !

Dans ce deckbuilding, vous jouez en coopératif, vous êtes donc tous ensemble contre la Némésis qui vous attaque. Commençons par les héros : chaque joueur incarne un héros qui possède son pouvoir individuel, son propre deck de base qui sera agrémenté au fur et à mesure des tours de jeu et quatre brèches sur lesquelles il faudra préparer les sorts en vue de les lancer contre le démon et ses serviteurs.

Lors de son tour, le joueur va lancer les sorts préparés sur ses brèches, puis (dans l’ordre et le nombre de fois qu’il le souhaite), il pourra jouer des gemmes et/ou des reliques, acheter des cartes et/ou des charges, stabiliser et/ou ouvrir des brèches, préparer un sort sur une brèche, résoudre un événement « While prepped » ou « To discard » de la Némésis.

A la fin de son tour, le joueur met ses cartes jouées dans sa défausse dans l’ordre qu’il le souhaite. C’est là que la particularité de Aeon’s End prend tout son sens : en effet, la défausse n’est jamais mélangée lorsque le joueur doit reconstituer son deck. L’ordre des cartes est donc important à déterminer pour la suite des tours. Si le joueur peut consulter en tout temps sa défausse, il lui est en revanche interdit de changer l’ordre des cartes défaussées.

Comme dans tout bon deckbuilding qui se respecte, Aeon’s End propose un marché pour ses ressources. Celui-ci peut être construit avec les cartes de son choix (utile si l’on connait déjà les cartes du jeu) ou on peut le constituer avec les cartes « Randomizer », rajoutant ainsi une dimension totalement aléatoire au jeu. Le marché est toujours constitué de quatre sorts, de deux reliques et de trois gemmes. Les sorts sont les principales sources de dégâts provoqués à l’encontre de la Némesis et ses serviteurs. Ils doivent être préparés sur une brèche ouverte ou stabilisée afin d’être lancés dans un tour ultérieur. Il y a toujours cinq cartes par sort dans le marché.

Les gemmes sont la source principale d’Ether, la monnaie de l’univers Aeon’s End. Moyennant de l’Ether, les joueurs peuvent acheter de nouvelles cartes, stabiliser ou ouvrir des brèches et acheter des charges en vue d’activer leur pouvoir personnel. Il y a sept exemplaires de chaque gemme dans le marché. Les reliques sont des cartes qui offrent des effets ou des pouvoirs immédiats lorsqu’on la joue. La carte est tout de suite défaussée après avoir été jouée. Il y a cinq cartes reliques par type.

La victoire est atteinte si le deck de la Némésis est vide et qu’il n’y a plus de minions à combattre, ou que les points de vie de la Némésis atteignent zéro. En revanche, les héros perdent la partie si Gravehold atteint zéro point de vie ou que tous les héros sont épuisés.

En cas d’épuisement d’un héros, le joueur reste malgré tout dans la partie, moyennant des malus. En effet, si son nombre de points de vie atteint zéro, il devient épuisé et doit détruire une brèche ouverte, défausser toute ses charges et inflige malheureusement des dommages à Gravehold. Et il ne peut évidemment plus gagner de PV par la suite.

Deck de la Némésis

Chaque Némésis possède son deck personnalisé qu’il faut compléter avec des cartes “Basic” de trois niveaux différents. Plus le jeu avance et plus les difficultés pour combattre l’ennemi seront difficiles et les dégâts à l’encontre de Gravehold ou des héros seront importants, pour une montée en puissance sans concession. Selon le nombre de joueurs, le nombre de cartes par difficulté sera différent. Il existe trois types de cartes dans le deck Némésis : les serviteurs, qui possèdent un nombre de points de vie à résoudre en infligeant des dommages (et éviter ainsi les pouvoirs qu’ils peuvent eux-même infliger) ; les cartes “Pouvoir”, dont l’événement se déclenche par compte à rebours et enfin les cartes “Unleash” qui activent le pouvoir primaire du monstre, comme indiqué sur sa fiche perso.

A son tour de jeu, la Némésis doit résoudre les cartes Pouvoir déjà présentes sur le jeu, résoudre les pouvoirs des minions si applicable, et tirer une carte de son deck et appliquer son pouvoir si nécessaire.

Le tour de jeu est défini par un paquet de six cartes « tour de jeu » ; une par héros et deux pour la Némésis. Lorsque toutes les cartes ont été tournées, on mélange le deck et on le réutilise pour la suite de la partie. Et la chaotique bataille reprend de plus belle…

Vous reprendrez bien un peu d’épique ?

Côté design, les amateurs d’heroic fantasy seront ravis de se mesurer à ce jeu. En effet, les illustrations de magnifique facture ne sont pas sans rappeler l’univers Magic The Gathering et d’autres jeux à saveur épique. Chaque héros savamment personnalisé et Némésis vient avec son plateau individuel sur lequel est imprimé son histoire personnelle, contribuant à l’immersion dans l’univers du jeu, même si non nécessaire pour le bon déroulement de la partie. Le design du jeu contribue aussi à se plonger dans le jeu à corps perdu ; on se surprend assez vite à vivre la bataille comme si on y était réellement et le mode coopératif aide grandement à établir des stratégies entre les joueurs. Les novices du genre apprécieront de jouer avec des joueurs experts afin d’apprendre à vraiment maitriser un deckbuilding.

Le matériel est aussi d’excellente qualité. Les cartes sont épaisses et facilement mélangeables, les plateaux individuels et les brèches sont en carton épais (dans la version originale, la version française ayant plutôt misé sur une épaisseur classique de cartes brèches) et les jetons sont correctement imprimés. Hormis l’absence de thermoformage dans la VO (mais présente dans la VF), le rangement est aisé grâce aux nombreux intercalaires permettant de séparer les différentes cartes de la boîte de base et ses extensions. Un tapis de jeu ou des “upgrade packs”, contenant des dés pour remplacer les jetons de points de vie ou des jetons ressources pour les charges sont aussi disponibles sur le net.

Lors de la première ouverture de la boîte, vous trouverez les decks emballés séparément, ce qui vous aidera dans la mise en place de la première partie. En effet, en plus du livret de règles, vous trouverez un feuillet explicatif pour le bon déroulement de votre première bataille ; celui-ci vous indiquera quel deck ouvrir en premier et vous aidera à vous familiariser avec le matériel et la mécanique du jeu. Sans pour autant être une partie “tutorielle” qui se voudrait plus légère et facile, cette partie peut être nécessaire pour les novices en matière de deckbuilding. Une fois que vous aurez appris à jouer à Aeon’s End pour la première fois, il faut compter environ une heure de jeu, voire 45 minutes si vous êtes aguerris à la pratique de la mise en place du jeu.

Élégamment illustré, le livret de règles en lui-même est clair et concis, et apporte souvent les réponses aux questions que l’on se pose durant la partie, notamment en cas de conflit de règles. En outre, un schéma en dernière page sert d’aide-mémoire pour la construction du deck de la Némésis ou comment moduler le niveau de difficulté.

Les différentes versions sont mélangeables ; on peut donc jouer des héros de la boîte de base avec une Némésis du Legacy par exemple. La difficulté résidera peut-être dans le déséquilibre des sorts jetés ou du déchainement du démon qui sera probablement plus difficile à contrer. Mais toutes les extensions et jeux de base sont clairement compatibles pour une expérience de jeu amplifiée et aux combinaisons quasi-infinies.

Le Legacy : et si les apprentis… c’était vous ?

L’univers Aeon’s End propose depuis 2018 une version Legagy (uniquement en anglais – pas de VF prévue pour le moment) de son deckbuilding. Exactement comme ses grands frères “Boite de Base” et “War Eternal”, vous êtes quatre héros qui devez défendre votre cité en perdition de l’assaut des monstres. La majeure différence est que cette fois, vous êtes des apprentis-mages et que vous évoluez au fil des scénarii afin d’augmenter en puissance et en sagesse.

Comme dans tout Legacy, vous allez agrémenter votre matériel pour construire votre personnage, impliquant des collages d’étiquettes à tire-larigot. Mais pour les frileux de destruction de jeux, soyez rassurés ! Il ne s’agit pas de déchirer du matériel… et la rejouabilité de cette version est garantie : l’idée est d’avoir ensuite un jeu complet et interchangeable avec n’importe quelle autre version du jeu. Cela veut dire que votre héros nouvellement façonné pourra être intégré à n’importe quel autre jeu de l’univers Aeon’s End. Par ailleurs, certains twists des règles sont d’ailleurs jouables uniquement si vous refaites les scénarii du Legacy après les avoir tous faits une fois.

Et si toutefois vous souhaitez refaire l’aventure dès le départ, il existe aussi un Reset Pack pour votre Legacy.

Un solide deckbuilding…

Aeon’s End est un solide deckbuilding coopératif qui exploite grandement les possibilités de ce type de mécanique. Si sa particularité unique de ne pas mélanger sa défausse permet un certain contrôle de la stratégie de chaque héros, elle est aussi contre-balancée par le côté aléatoire que peuvent amener les “Randomizers” du marché et la combinaison de héros et de la Némisis choisis. Considéré comme l’un des meilleurs deckbuildings de sa génération, Aeon’s End ravira joueurs novices et confirmés grâce à sa malléabilité de jeu, sa facilité de prise en main et sa rejouabilité.

Pour les amateurs du genre, il est un must-have dans sa ludothèque. Les différentes versions disponibles permettront à chacun de trouver son Aeon’s End préféré, selon si l’on veut un jeu avec ou sans approche narrative. Un très bon petit tableau publié sur BoardGameGeek résume très bien les options possibles en fonction de ses préférences de joueurs. Comme d’habitude, le lien est disponible un peu plus bas.

Revêtez à présent votre armure et préparez vos sorts… les monstres sont à la porte de votre cité !

La règle du jeu en français
La fiche du jeu sur le site Board Game Geek
Le tableau pour les options possibles en fonction des préférences de joueurs
Le site de l’éditeur Matagot

Rédactrice de l’article : Warda

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