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Montana, nous avons tous des ressources insoupçonnées !

par jeudeclick
Publié : Dernière mise à jour le 423 vues 11 minutes de lecture

Adossé au bar du saloon, Gilson sirote sa septième bière. Son grand chapeau cache ses yeux vitreux. Après une journée de dur labeur, le vieux briscard apprécie l’ambiance du lieu. Depuis qu’il a installé son campement au bord du fleuve Missouri, ses journées se terminent souvent dans l’alcool. Il faut dire qu’il n’y a pas grand chose d’autre à faire dans ce foutu patelin. A des centaines de miles de Billings, la grande ville. La journée, Gilson s’occupe de ses bêtes et des quelques plantations qui sont son unique possession. Depuis deux hivers, il peut néanmoins compter sur Brett et le jeune Andrew. Deux bons gars. Des travailleurs saisonniers qui sont venus de l’Idaho, l’état voisin, pour chercher un peu de travail. Mais le quotidien reste pénible et depuis qu’il a fêté ses soixante-cinq ans, Gilson n’a plus la même hargne que jadis. Une vie consacrée au travail de la terre et à l’élevage des bêtes. Dans sa jeunesse, il a même travaillé à la mine de cuivre du village. Jusqu’à ce que son frère y laisse sa vie. Une galerie s’est effondrée, tuant seize travailleurs sur le coup. Mais c’est très loin tout ça… La réalité d’aujourd’hui est rude avec de longues journées pour un salaire de misère. Espérons que les prochaines récoltes seront bonnes et que l’hiver qui s’en vient ne sera pas trop rigoureux.

Tournons la tête vers la gauche et direction plein ouest, le pays de l’Oncle Sam. Et plus particulièrement l’état du Montana où on vous emmène aujourd’hui, le temps d’une partie de jeu, les deux pieds dans les champs. Ou dans les mines, ce sera à vous de décider ! Montana, l’opus que nous décortiquons, vient de sortir pour le salon d’Essen 2017, où nous l’avons d’ailleurs récupéré. Un jeu de course et de gestion de ressources édité par White Goblin Games et imaginé par Rüdiger Dorn. L’auteur est bien connu du paysage ludique; Karuba, Mafiozoo, Waka Waka ou encore l’incontournable Istanbul. Deux à quatre travailleurs itinérants pourront s’essayer à des parties d’environ 60 à 90 minutes dès dix ans. Aucun texte sur le matériel, le titre est publié en plusieurs langues dont le français. Et pour 2018, le titre entrera même dans le catalogue de « La Boîte de Jeu » ! autant vous dire que Montana est facilement dénichable, dans toutes les bonnes boutiques.

Configuration pour quatre joueurs

Au 19ème siècle, dans l’état du Montana, les premiers campements permanents font leur apparition. Des travailleurs itinérants affluent, tous à la recherche d’un avenir un peu meilleur. Entre le travail agricole ou dans les mines, il y a de quoi se tuer à la tâche ! De plus en plus de main d’œuvre et les campements fleurissent de partout. La région en deviendrait presque un Eldorado !

Dans Montana, vous devrez livrer des marchandises, engager de bons travailleurs et être le premier à installer tous vos campements. Ce jeu de ressources mélange plusieurs mécanismes de jeu pour des parties rythmées et tendues. On chausse nos bottes, on se coiffe de notre plus beau chapeau, et on vous embarque avec nous dans la diligence qui nous emmène directement au cœur de ces grandes étendues agricoles qui attendent notre venue !

Installons notre campement et jouons !

Vous voici donc arrivés dans le Montana avec tout votre matériel. Le but du jeu consiste à être le premier joueur à placer tous ses campements sur le plateau central (12 à deux joueurs, 10 à trois joueurs ou 8 à quatre joueurs). Pour placer un campement sur une case du plateau, il faudra payer les ressources indiquées.

Avant de débuter la partie, chaque joueur reçoit 1 vache, 4 ressources (blé, courge, cuivre et pierre) ainsi que 4 ouvriers. Ces ouvriers sont déterminés aléatoirement en tournant la flèche de la roue de recrutement. La partie peut à présent débuter.

Une partie se joue sur plusieurs tours jusqu’à ce qu’au moins un des joueurs ait construit tous ses campements. A son tour de jeu, le joueur actif doit effectuer une action parmi trois disponibles. Une fois l’action effectuée, son tour se termine et le joueur suivant débute son tour.

La première action consiste à recruter des ouvriers. Le joueur fait alors tourner la flèche de la roue de recrutement et récupère les deux ouvriers indiqués. Il est ensuite possible de payer du blé pour avancer la flèche et recruter de nouveau. Le joueur recrute alors des ouvriers supplémentaires. Les ouvriers ainsi recrutés sont alors placés sur le plateau individuel du joueur. Les emplacements pour les ouvriers sont limités à huit.

La deuxième action possible est de récolter. En plaçant les ouvriers demandés sur les emplacements du plateau et en payant le coût en pièces, le joueur actif peut donc récolter. Il peut récolter du blé, des courges, du cuivre et de la pierre. Il est aussi possible de récupérer de l’argent à la banque. Une fois la récolte de la première case effectuée, le joueur actif peut encore récolter en s’acquittant des conditions de la deuxième case. Tous les ouvriers restent présents sur les différentes actions tant que toutes les cases d’une même ressource n’ont pas été occupées. Ensuite, les ouvriers sont retirés et remis dans la réserve générale. Sur ce même plateau et en utilisant l’action de récolte, il est aussi possible de se rendre à la ville. Il s’agit là d’un système d’enchères, qui se paie avec des courges, et qui permet aux joueurs d’échanger des ressources ou d’en recevoir de nouvelles.

Plateau des ouvriers

La dernière action possible durant le tour de jeu est celle de construire un campement. Pour construire un campement, le joueur actif doit s’acquitter du coût indiqué sur la case du plateau de jeu puis y placer sa tuile de campement. Il n’est possible que de construire trois campements au maximum par tour et les campements se construisent toujours sur des cases adjacentes à un campement déjà construit. Il est possible qu’un joueur puisse poser deux campements sur la même tuile si une région possède un symbole « campement » ou s’il parvient à créer une ligne droite continue de quatre campements de sa couleur. Sur le plateau de jeu central, il est aussi possible de récupérer des vaches et des gourdes. Les vaches permettent d’effectuer des échanges contre des ressources, des pièces ou un ouvrier. Quant aux gourdes, elles permettent de rejouer un tour de jeu.

Quand un joueur a posé tous sous campements, le dernier tour de jeu est terminé puis la partie prend fin. En cas d’égalité, les joueurs sont départagés.

Place à l’opportunité

Sa charrette vient de s’arrêter et un homme regarde la plaine. Il cherche visiblement à y installer son campement dans les grandes étendues du Montana. Voilà comment la couverture de la boîte du jeu nous met immédiatement dans l’ambiance. Et à l’intérieur, on retrouve un boîtage plutôt bien rempli. Des pièces et tuiles en carton, divers plateaux de jeu, une roue et sa petite flèche en plastique, la règle du jeu en quatre langues, sans oublier une avalanche de meeples. Des ressources et des petits personnages en bois qui seront utilisés en permanence durant le jeu. La production de Montana est plutôt bien réalisée, avec des composants de bonne facture, des plateaux et tuiles toilés. Les illustrations sont colorées et plutôt classiques des jeux de type « eurogame ».

Ressources, meeples et tuiles

La règle tient sur sept pages et contient des exemples. Le feuillet est bien rédigé et permet une prise en main relativement aisée. A la lecture de la règle, on comprend immédiatement que nous sommes clairement sur un jeu de ressources, mais un jeu de ressources plutôt léger. Et les premiers tours de jeu le confirment. Montana s’apprend de façon rapide, intuitive et logique, puisque les tours de jeu offrent des actions limitées. Des actions consistant à échanger et produire des ressources, recruter des ouvriers ou construire des campements. Rien de bien folichon mais l’ensemble fonctionne particulièrement bien.

Le but du jeu reste essentiellement d’être le premier joueur à construire tous ses campements sur le grand plateau central. Ou devrait-on dire sur les grandes plaines du Montana ! Il faudra là utiliser des mécanismes de placement combinés à la rapidité inhérente d’un jeu de course. Et pour y parvenir, Montana fait appel à la gestion et à l’optimisation de ressources. Mais pas que… et c’est là que nous avons particulièrement apprécié la « patte » de Rüdiger Dorn. En effet, sur les différents plateaux de jeu, l’auteur y a apporté différents mécanismes qui apportent de la diversité au jeu. Tout en laissant un ensemble cohérent et léger. Ainsi, on peut par exemple s’essayer à des mécanismes d’enchères sur les plateaux des ouvriers. Mais aussi à des blocages des autres joueurs, puisque les différents emplacements de jeu ne se libèrent qu’une fois que l’ensemble a été occupé. Et finalement une très légère part de hasard avec la roue de recrutement qui peut néanmoins être ajustée moyennant le paiement de ressources. Quoi qu’il en soit, il s’agit bien d’un jeu opportuniste, où il faut saisir sa chance au bon moment et y effectuer les actions adéquates.

Il existe plusieurs façons de gagner la partie. Certains joueurs seront par exemple tentés de collecter le maximum de ressources puis construire leurs campements en deux tours pour gagner la partie (à quatre joueurs). Mais c’est là que la règle des ressources manquantes fait toute la différence et peut aussi s’avérer être un élément de jeu plutôt sympathique. Car si un joueur veut se risquer à épuiser la réserve, il faudra alors que tout le monde contribue à la réapprovisionner. Et cela peut être plutôt efficace pour contrecarrer les plans d’un vile adversaire.

Précisons encore qu’à deux joueurs, Montana fonctionne bien et sans adaptation de règle. Grâce au plateau modulaire, il suffit de réduire le nombre de tuiles terrain en jeu et les mécanismes restent identiques. En duo, les joueurs auront cependant plus de mal à effectuer des blocages sur le plateau des ouvriers. Il faudra alors mettre en place d’autres stratégies !

Au final, nous avons apprécié les divers mécanismes qui fonctionnent bien entre eux. Il faut garder à l’esprit que Montana est avant tout une course dans laquelle il faudra freiner au maximum l’avancement des autres joueurs tout en optimisant sa progression. Les tours de jeu sont rapides et rythmés ce qui est appréciable pour un jeu de ressources. Comme le titre est plutôt léger, les « gros joueurs » n’y trouveront sans doute par leur compte. Néanmoins, on passe un vrai bon moment autour de la table dans une ambiance décontractée. Il y a de quoi faire, des combots à mettre en place, des opportunités à saisir, et surtout une course à gagner !

Maintenant, à vous de vous forger votre propre avis.

La règle du jeu en français
Le fiche du jeu sur Board Game Geek
Le site de l’éditeur White Goblin Games

Rédacteur de l’article : Léo

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