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Infarkt, jouons avec les maladies, surtout avec celles des autres !

par jeudeclick
Publié : Dernière mise à jour le 371 vues 9 minutes de lecture

« La vie de Dan est jusqu’à présent tranquille. Un anniversaire ordinaire puis un départ en vacances. De bons moments qui lui font d’ailleurs prendre un peu de poids. A son retour ne se sentant pas bien, il découvre des premiers problèmes de santé. Après un important accident de la route, sa femme lui demande le divorce. C’est finalement la dépression qui l’emporte pour ce pauvre Dan. Mais c’est quand sa grand-mère maternelle décéda que cette situation eu finalement raison de lui et qu’il passa l’arme à gauche. »

Bon d’accord, l’entrée en matière est un peu rude ! Mais… non, nous n’incarnerons pas de gentils docteurs en charge de guérir un patient et de lui faire éviter un infarctus. Infarkt est un jeu politiquement incorrect, imaginé et mis en place par Vladimir Brummer et édité par Czech Board Games. Infarkt est un peu comme « Destins, le jeu de la vie » où vous incarnerez des personnages qui vont évoluer jusqu’à l’heure fatidique, au gré des évènements. La différence avec ce dernier est que votre travail, vos voisins ou même des événements, vont vous pousser inexorablement vers la mort. Celle-ci due à une maladie ou un grave problème de santé.

Ce jeu est prévu pour 2 à 5 joueurs de 10 ans et plus (nous conseillons tout de même à partir de 16, même 18 ans, vu le thème plutôt explicite et pas forcément évident à aborder) pour des parties entre 30 et 60 minutes. Il est sorti en 2011 mais n’a pas trouvé sa place en francophonie. Comme c’est bizarre ! Il est donc disponible en Tchèque, sa version originelle, ou en Anglais. Cependant, si la belle langue Tchèque n’est pas votre point fort, il n’y a que peu (voire pas) de texte sur le matériel, une traduction amateur des règles françaises est disponible sur le site Board Game Geek.

Le plateau principal

Infarkt est un jeu de survie mais cette fois-ci, pas question de Zombies. Dans ce jeu, le but est d’avoir le dernier personnage vivant. Pour cela, il faudra gérer la vie et la santé de vos protagonistes afin qu’ils puissent affronter les risques cardio-vasculaires, la dépression, le surpoids et le cancer des poumons… Et cela sera sans compter sur vos voisins qui se permettront d’organiser des « fiesta », vous conduisant inexorablement à tous les excès ! Les bougres !

Le plus gros fumeur commence !

Chaque joueur commence par prendre une fiche personnage et place un marqueur santé au minimum de chacune des variables (risque cardiaque, pression sanguine, obésité, dépression, cholestérol et cancer). On choisit les extensions ou non, qu’on inclura à la partie, puis un premier joueur est désigné et la partie peut commencer. Chez Jeudéclick, le plus gros fumeur commence toujours… Le jeu sera une succession de tours de 4 phases et durera jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un joueur vivant.

Un plateau de joueur

La première phase est la phase d’évènement. On dispose à l’emplacement prévu un nombre d’événements égal au nombre de joueurs + 1 puis chaque joueur à partir du premier choisit un événement et en subit les conséquences. Ces derniers vont influencer les pistes de santé indiquées sur la carte évènement choisie (un héritage fera gagner de l’argent mais augmentera la jauge de dépression). Ensuite les joueurs vont placer de façon simultanée leurs trois jetons actions sur le plateau aux divers lieux possibles.

La phase suivante est la principale du jeu : les joueurs vont résoudre les actions. Pour cela, chacun leur tour, les joueurs vont reprendre un des jetons posés et effectuer l’action associée : Travailler rapporte 3 dollars mais fait souffrir de deux points de dépression. C’est bien connu ! La pharmacie permet pour 2$ de récupérer une carte médicament. La salle de fitness permet soit pour 1$ de perdre un point d’obésité et un point de dépression, soit pour 2$ de perdre 1 point d’obésité et 2 points de dépression. Le Supermarché permet d’acheter des cartes de nourriture (aliments, boissons, tabac) pour 1$ ou 2$. Et augmenter la pression sanguine permet de pouvoir choisir 2 cartes parmi 3 piochées. Le marché aux puces permet de pouvoir échanger médicaments et nourriture. Et à la maison, deux choix s’offrent à nous : on consomme deux nourritures (on applique les effets des cartes nourriture pour nous seul) ou on organise une fête avec nos proches

voisins (joueurs de droite et gauche) et on leur sert deux nourritures et seulement eux en subissent les effets.

Nourriture et médicaments

La dernière phase du tour permet de vérifier si un des personnages est décédé et si la condition de victoire est atteinte. On continuera donc cela jusqu’à la fin de la partie.

Dans les versions avancées du jeu, on peut ajouter des extensions soit à la place du fitness, soit en plus. Ces extensions sont des lieux différents dans lesquels on peut effectuer des actions : Le marché noir, le bar ou même un endroit de détente spécialement destiné aux plaisirs charnels. Il y a également la famille et la carrière dont vous pouvez vous occuper : la famille vous permettra d’échapper à un coup dur si vous vous êtes investi pour elle et la carrière permettra de gagner plus d’argent lorsque vous travaillerez.

Viens boire un p’tit coup à la maison ! Pouet pouet !

Une fois n’est pas coutume, intéressons-nous exclusivement au gameplay et à l’originalité du thème, car c’est cela qui nous a poussés à vous en parler.

Quelques évènements…

Quand on joue à Infarkt, ce qui va nous interpeller c’est vraiment le thème. Franchement, outre le fait que ce ne soit pas conseillé dans la vraie vie, c’est quand même grisant de battre quelqu’un car il a fumé un cigare lors d’une fête à la maison et que ce dernier a rendu son cancer si néfaste qu’il en est mort… Non ? Que ceux qui n’ont jamais souri à « Blanc Manger Coco » nous jettent la première pierre ! Bon d’accord, ce n’est vraiment pas politiquement correct, mais franchement le thème est complet et même s’il est poussé à l’extrême, il n’en reste pas moins réaliste.

En ce qui concerne les règles, elles sont voulues simples et là encore, le but est de jouer rapidement et de s’amuser. Le livret d’instruction est bien détaillé, il y a beaucoup d’exemples et d’illustrations. De plus, il n’y a pas pléthore de matériel ce qui facilite la mise en place et la simplicité des règles permet d’avoir une prise en main quasi-immédiate du jeu. Au niveau de la mécanique, c’est un jeu de programmation, somme toute assez classique, avec un peu d’événementiel. Il n’y a pas d’innovations dans Infarkt, encore une fois, ce dernier repose bel est bien sur son thème très fort ! Lors du jeu on ne s’ennuie pas, les tours sont rapides, on peut toujours chercher à optimiser les choix de placement et essayer d’anticiper les actions de nos voisins. Mais cela se fait tout de même très facilement et rapidement. Dans une partie, il n’y a pas ou peu de temps mort… sauf le décès des personnages bien entendu !

Extensions

L’opus se range clairement dans la catégorie des jeux d’ambiance. D’ailleurs, en général, une partie s’accompagne de beaucoup de rires. Les interactions omniprésentes, les situations grotesques, etc. Tout cela fait qu’une partie d’Infarkt devient vite inoubliable. Le fait que le jeu de base contienne des extensions permet vraiment de renouveler les parties et donc, amène beaucoup de rejouabilité. Nous vous conseillons également que chaque joueur conserve ses cartes événements dans l’ordre choisi afin de pouvoir, en fin de partie, effectuer une rétrospective de « la triste vie » du personnage : « Souvenez-vous, pour Dan, tout a commencé avec quelques ennuis de santé ».

Infark n’est donc pas fait pour tous, c’est une évidence. Cependant, lorsqu’on le pratique avec un peu de recul sur les choses, il est un jeu plutôt plaisant qui traite d’un sujet trop souvent tabou qu’est la maladie et la mort. Comme disait l’autre, on peut rire de tout mais pas avec tout le monde. Et bien Infarkt montre qu’on peut jouer sur tout mais pas avec tout le monde. En tout cas, l’expérience ludique est déconcertante mais très agréable et permet de rire franchement tout en essayant d’optimiser les choix de programmation.

Maintenant, à vous de vous forger votre propre avis.

La fiche du jeu sur le site de l’éditeur
La fiche BGG avec notamment la traduction du jeu disponible en français

Rédacteur de l’article : Sylvain

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